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La direction appelée à démissionner Douche froide pour le CHP prolaïc, principal parti d’opposition

Le CHP, principal parti d’opposition social-démocrate en Turquie, a raté l’occasion aux législatives de dimanche de transformer en voix l’énorme mobilisation du camp laïc militant, ont estimé les analystes hier. Selon les résultats non officiels du scrutin, le CHP – créé en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne – a obtenu 20,8 % des voix, loin derrière le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir, qui recueille 46,4 % des suffrages, 12 % de plus qu’au précédent scrutin de 2002. Même si le CHP a amélioré légèrement son score des précédentes législatives (19,4 %), la victoire écrasante du parti du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan ne laisse aucune marge de triomphe pour le CHP. L’ambiance était d’ailleurs très morose dimanche soir devant le siège du CHP à Ankara où des échauffourées ont éclaté entre des partisans fidèles à son chef Deniz Baykal et ceux réclamant sa démission, alors que le secrétaire général, Önder Sav, commentait les résultats devant les caméras de télévision. « Nous n’avons pas perdu l’élection. À mon avis, nous n’avons pas remporté l’élection », a indiqué M. Sav, mais ses propos ne semblent convaincre personne. Les commentateurs de presse étaient quasiment unanimes à exhorter M. Baykal (70 ans) et ses collaborateurs à démissionner après avoir perdu quatre élections d’affilée depuis 1995. « C’est la fin de Baykal. Il doit partir », lançait sèchement un éditorialiste du journal Vatan qui accuse cette figure politique marquante et controversée de la gauche depuis près de 40 ans et son « Politburo », clan d’hommes de confiance, de n’avoir su apporter aucune solution aux problèmes de la Turquie, se contentant seulement de se manifester comme le porte-étendard des principes séculiers. Pourtant, tout laissait croire que le CHP capitaliserait sur les manifestations monstres des laïcs organisées en avril et mai en Turquie lors de l’élection présidentielle au Parlement où l’AKP voulait faire élire son candidat, le ministre des Affaires étrangères, Abdullah Gül, ex-figure de la mouvance islamiste dont la femme est voilée. « Le CHP n’a pas réussi à se muer d’une tradition républicaine et étatique en un parti démocratique. Il n’a pas pu répondre aux demandes de modernisation de la société », commente la sociologue Nilüfer Göle. Le CHP était considéré par de nombreux représentants de la société laïque, civile et militaire comme la seule alternative crédible à la montée en puissance de l’AKP, accusé de vouloir islamiser la société turque. « Le CHP a essayé de nous acculer avec un argumentaire nationaliste, mais cela se retourne aujourd’hui contre lui. Deniz Baykal s’est tiré une balle dans le pied », affirme Ertugrul Günay, un transfuge du CHP – dont il a été le secrétaire général –, élu sur la rive asiatique d’Istanbul sous les couleurs de l’AKP. Le discours de plus en plus nationaliste de M. Baykal à l’égard de la communauté kurde, des minorités non musulmanes et de l’Union européenne lui a valu de fortes critiques de la part des intellectuels de gauche qui n’ont pas hésité à traiter son mouvement de « fasciste ». « Le plus grand perdant des élections, c’est le CHP. Cette cuisante défaite appartient en premier lieu à Deniz Baykal », souligne ainsi Hasan Bülent Kahraman dans le journal à gros tirage Sabah, critiquant le CHP pour s’être éloigné des valeurs de la gauche et manquer purement et simplement d’idéologie.
Le CHP, principal parti d’opposition social-démocrate en Turquie, a raté l’occasion aux législatives de dimanche de transformer en voix l’énorme mobilisation du camp laïc militant, ont estimé les analystes hier.
Selon les résultats non officiels du scrutin, le CHP – créé en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne – a obtenu 20,8 % des...