PARUTION - Publication aux Presses de l’USJ d’un ouvrage sous la direction des pères Louis Pouzet et Louis Boisset Chrétiens et musulmans au temps des croisades

Coup sur coup, deux ouvrages sur les rapports entre l’islam et le christianisme sont publiés aux Presses de l’Université Saint-Joseph. May Makarem a rendu compte, dans ces colonnes, de l’ouvrage de Jean-Paul Roux, « Un choc de religions ». Pour ce dernier, les rapports entre l’islam et la chrétienté se résument en une « longue guerre » qui s’étend sur 14 siècles. En édition bilingue, un second ouvrage sur ces rapports tourmentés, ambigus vient de paraître aux Presses de l’USJ. Chrétiens et musulmans au temps des croisades est publié sous la direction des pères Louis Pouzet et Louis Boisset. Il est le fruit d’un séminaire dirigé entre 1998 et 2000 à l’Institut d’études islamo-chrétiennes de l’USJ. L’ouvrage est écrit sous un angle presque opposé au premier. Certes, on ne peut rien changer au cours de l’histoire, mais notre perception de cette histoire n’est jamais tout à fait objective. Dans une très belle introduction, le père Louis Boisset s.j., doyen de la faculté des sciences religieuses de l’Université Saint-Joseph, donne le sens de cet ouvrage d’histoire caractéristique de la démarche historienne de son aîné, le père Louis Pouzet, « rebelle à se laisser enfermer en quelque idéologie que ce soit », tout tendu qu’il est vers « le singulier ». Voici de larges extraits de cette introduction, suffisamment éloquente pour qu’on n’y ajoute rien : « La contribution de Louis Pouzet qu’il a achevée peu avant son décès, en 2002, désigne, sous le titre De la paix armée à la négociation et à ses ambiguïtés, la perspective du recueil ; saisir, en ce qui est objectivement ou, pour mieux dire, actuellement une occupation militaire du territoire, une réalité plus complexe qui se tisse au cours des décades, un équilibre dont nul n’est dupe et conduit chaque belligérant potentiel à avancer dans le doute, à faire confiance dans l’incertitude, à miser en dernier ressort sur une profondeur humaine réciproque qui se joue de l’impossible. » « Se reconnaît bien la démarche historienne de Louis Pouzet, rebelle à se laisser enfermer en quelque idéologie que ce soit, prompte à déceler l’espoir dans la détresse, le gain dans la défaite, la fragilité dans la victoire. Affranchi de l’illusion d’une réconciliation qui effacerait le passé, il déchiffre un terrain de communion, l’homme lui-même, dans la spécificité de son histoire, de sa culture, de sa langue. Sa sympathie de chercheur privilégie le Moyen Âge, car cette époque est à ses yeux celle des relations d’homme à homme, qu’il s’agisse du suzerain et du vassal, du chevalier et de son rival, du noble et du manant, du croisé et du sarrasin. Son intérêt pour le singulier l’incline à considérer tout acteur de l’histoire, modeste ou puissant, avec sympathie, humour ou compassion, et à lui donner la parole. » Le recueil comprend des contributions de Marie Lamaa, Ahmad Hoteit, Yannick Gautron, Mireille Issa, Abdel Rahman Nehmé, Louis Pouzet, Cécile Cabrol et Magda Nammour. L’introduction est de Louis Boisset. F. N.