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Actualités - REPORTAGE

PATRIMOINE - Ecolodge, ou le temps retrouvé Des maisons de 1900 reconstruites à l’identique à partir de vieilles photos

Une dizaine de maisons en terre forment un arc de cercle au cœur de la plaine de la Békaa. Au loin, on voit les champs de vignes et les montagnes de Sannine. À Taanayel, près de Chtaura, l’association arcenciel remet les maisons traditionnelles au goût du jour. Arcenciel est une ONG libanaise fondée en 1985 qui s’occupe autant d’urgence que d’éducation des enfants handicapés et de formation des adultes. Avec le projet « Ecolodge », elle s’attelle à un nouveau combat : revaloriser l’habitat traditionnel en construisant un village de terre, à la manière du siècle dernier. Une démarche anthropologique À l’origine, il y a un livre, Terres de la Békaa (Geuthner, 2000) écrit par une anthropologue de l’Université Saint-Joseph. Celle-ci a parcouru les 265 villages de la plaine pour exhumer les traces d’habitats traditionnels et les photographier. Puis, à l’été 2006, le village a été construit avec son aide et à partir des photos. « Tous les ouvriers se sont inspirés du livre, ils l’ont lu et relu dans les moindres détails, explique-t-elle. Parfois, ils ont ajouté des idées de leur cru et se sont inspirés de leur propre histoire familiale, de la façon dont vivaient leurs grands-parents. » Le résultat final a le goût frais du passé : les épais murs sont faits de bois, de paille et de terre, des renfoncements dans les parois servent d’étagères ou d’armoires ; dans la cuisine, les aliments sont conservés dans une namliyye, garde-manger traditionnel, et les réservoirs à grains sont encastrés directement dans les murs. Les pièces ont été meublées avec des coussins, cruches en terre, lampes à huile et photos noir et blanc, provenant de greniers et de dons des habitants de la région. Enfin, pour faire le pain, les femmes du village utilisent un four en terre, réplique exacte de ceux qui étaient utilisés dans les années 1900. Comment revaloriser l’habitat traditionnel ? « Le problème, c’est que ce type d’habitat est perçu par les Libanais comme un habitat de pauvres. Nous voulons transformer cette image en habitat traditionnel », explique un responsable d’arcenciel. Découvrant l’Ecolodge, les habitants de la région sont d’abord un peu surpris que des citadins, des Beyrouthins et des Occidentaux apprécient ces maisons qui ne sont pas modernes. Mais finalement, ils sont ravis et fiers, ils se remémorent des souvenirs de leurs grands-parents qui habitaient des maisons similaires, ils s’approprient l’espace jusqu’à y organiser des soirées et des fêtes de mariage. Grâce à eux, le village n’a rien d’une reconstitution figée, mais est l’exemple vivant d’un habitat à la fois traditionnel et fonctionnel. Pour arcenciel, Ecolodge est le fer de lance d’un projet plus vaste : montrer que l’habitat traditionnel n’appartient pas qu’au passé. Bien isolées sur les plans climatique et sonore, ces maisons vernaculaires coûtent aussi trois fois moins cher qu’une construction moderne en béton. Arcenciel fournit d’ores et déjà conseils et assistance technique à une coopérative agricole de la Bekaa qui s’est lancée dans l’édification de son propre village, et proposera bientôt un manuel et une vidéo expliquant les 18 étapes de la construction. Pierre par pierre, Ecolodge fait des adeptes chez les amateurs d’écotourisme, les citadins en mal de tranquillité, mais aussi chez les habitants de la région, heureux de reconquérir un pan de leur histoire. Infos/réservations : auberge@arcenciel.org Tél. : 08/544881 – 03/950464. Camille AUBRET

Une dizaine de maisons en terre forment un arc de cercle au cœur de la plaine de la Békaa. Au loin, on voit les champs de vignes et les montagnes de Sannine. À Taanayel, près de Chtaura, l’association arcenciel remet les maisons traditionnelles au goût du jour.
Arcenciel est une ONG libanaise fondée en 1985 qui s’occupe autant d’urgence que d’éducation des enfants...