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Actualités - ANALYSE

ANALYSE Les services de renseignements pakistanais sur la sellette

Au lendemain de la chute de la Mosquée rouge fondamentaliste d’Islamabad, la question ne peut manquer d’être posée : comment des islamistes ont-ils pu construire une telle forteresse en plein cœur de la capitale ? Il aura fallu deux jours d’intenses combats pour venir à bout des radicaux de la Mosquée rouge qui avaient creusé des tunnels fortifiés et construit des bunkers. Ils avaient amassé des armes, certaines aussi perfectionnées que des lanceurs de roquettes et des armes automatiques. Et une ceinture d’explosifs a été retrouvée sur les lieux. La découverte d’une tête sans corps suggère qu’il y a eu là une explosion-suicide. « C’était comme une vraie forteresse », soulignait le vice-ministre pakistanais de l’Information, Tariq Azeem, lors d’une visite de presse organisé hier sur le site. Les responsables ont accusé des membres de mouvements liés à el-Qaëda et aux talibans d’avoir pris le commandement des radicaux retranchés dans la mosquée. Mais la Mosquée rouge n’est qu’à un km et demi du quartier des ambassades et de la résidence du président Pervez Musharraf, allié proclamé des États-Unis dans la « guerre contre le terrorisme ». « Il s’agit du plus grave échec des services de renseignements », accuse Munir Malik, président du barreau de la Cour suprême pakistanaise et représentant de son ancien président dont le limogeage par Musharraf a suscité un vif mécontentement dans le pays. « Comment les services de renseignements pouvaient-ils ne pas être au courant de ce qui se passait à l’intérieur de la mosquée ? » se demande-t-il. Mutahir Ahmad, professeur de relations internationales à l’Université de Karachi, souligne que « l’échec » ne tient pas seulement à la quantité d’armes amassées dans l’édifice. « Il s’agit également de la présence de militants protalibans », souligne-t-il. Les autorités pakistanaises démentent que les services de renseignements n’aient eu aucune information. « La résistance était certes inattendue, mais les services de renseignements recevaient des informations depuis un certain temps sur les frères religieux (à la tête de la mosquée) selon lesquelles ils amassaient des armes », a indiqué à l’AFP un haut responsable des services de sécurité. « Ces services ont plus ou moins laissé faire car les deux frères (qui dirigeaient la mosquée) avaient coopéré par le passé. Mais le président (pakistanais Pervez Musharraf) avait souligné la présence d’armes lourdes dans la mosquée lors de ses récentes conférences de presse », ajoute-t-il. Les critiques soulignent les liens tissés par le passé entre les services de renseignements, et les frères Abdul Aziz et Abdul Rashid Ghazi, qui dirigeaient la Mosquée rouge. Ghazi a été tué dans l’assaut. Aziz a été arrêté alors qu’il tentait de s’échapper déguisé en femme. Les religieux avaient été soutenus lors du jihad antisoviétique en Afghanistan de 1979 à 1989 puis, plus tard, par le soutien accordé par Islamabad à l’accession au pouvoir des talibans à Kaboul, selon des responsables. Certains éléments des services secrets ont clandestinement continué à aider la Mosquée rouge, en dépit de son opposition grandissante à Musharraf, a reconnu un responsable des forces de sécurité. Danny KEMP (AFP)
Au lendemain de la chute de la Mosquée rouge fondamentaliste d’Islamabad, la question ne peut manquer d’être posée : comment des islamistes ont-ils pu construire une telle forteresse en plein cœur de la capitale ?
Il aura fallu deux jours d’intenses combats pour venir à bout des radicaux de la Mosquée rouge qui avaient creusé des tunnels fortifiés et construit des...