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Actualités - CHRONOLOGIE

SOCIÉTÉ - Retour des blousons noirs à l’ouest de Stockholm Les grosses américaines, reines du pavé en Suède

Bleu turquoise, jaune citron, vert pastel, peinture nickel chrome et ailerons profilés. Chevrolet, Cadillac et autres Oldsmobile paradent lentement sous le regard des badauds, radios crachant des tubes de rock’n’roll des années 1950. L’Amérique profonde ? Non, la Suède du XXIe siècle, royaume du design et de la haute technologie, dont la fascination pour la culture américaine des fifties est demeurée intacte et se transmet de génération en génération. Habillés et coiffés comme leurs idoles James Dean et Elvis Presley, les « blousons noirs » d’aujourd’hui, appelés « raggare » en suédois, s’étaient donné rendez-vous à Västeraas, à l’ouest de Stockholm, à l’occasion du plus grand rassemblement de voitures américaines au monde. Au total 13 000 Thunderbird, Chevrolet Bel Air, Crown Victoria et De Soto Fireflite se sont données en spectacle, au grand bonheur des 150 000 visiteurs. « Si vous aviez l’une de ces voitures, vous étiez le roi », se souvient Sten Berglind, 66 ans, jeans, tee-shirt noir et cheveux gris soigneusement gominés vers l’arrière. Auteur d’un livre sur les « raggare », Berglind estime que l’engouement des Suédois pour cette culture est aujourd’hui plus fort que jamais. Mais comme d’autres, il peine à expliquer pourquoi la Suède continue de se passionner pour une époque qui est passée de mode ailleurs. « Je ne sais pas. Mais cela fait partie de la culture suédoise maintenant », affirme-t-il à l’AFP. Après la Seconde Guerre mondiale, alors que le reste de l’Europe était en ruines, la Suède, pays neutre et épargné par la destruction, était particulièrement disposée à se laisser pénétrer par les tendances transatlantiques. À l’époque, les « blousons noirs » étaient perçus comme des mauvais garçons, des faiseurs de troubles, bagarreurs, que le public craignait souvent. Cinquante ans après, leur habitude de se réunir et de défiler bruyamment dans les villes du pays scandinave n’a pas changé. La capitale Stockholm n’échappe pas au rituel des « raggare » qui, chaque dernier vendredi du mois, prennent d’assaut l’une des artères principales en plein centre-ville. Jeans retroussés, coiffures pompadour et chemises à carreaux, ces gaillards, généralement costauds et souvent flanqués d’une jolie demoiselle, n’inspirent cependant plus la crainte. Ils suscitent davantage l’intérêt, parfois l’amusement, souvent la curiosité. À Västeraas, les amateurs ont pu admirer les nombreux engins qui ont traversé les décennies, mais aussi se procurer pièces détachées, drapeaux américains, musique d’époque, bref, tout ce qui rappelle les années 50 aux États-Unis. La Suède, avec des dizaines de milliers de voitures classiques américaines, est l’un des pays au monde qui compte le plus grand nombre de modèles datant des années 50. Selon Klas Brink, un passionné qui a réparé huit Cadillac des années 50 en l’espace de douze ans, il y a désormais en Suède plus de voitures des années 50 restaurées qu’aux États-Unis. « Les restaurateurs suédois sont réputés parmi les meilleurs au monde. Certains des véhicules remis en état ici sont ensuite revendus aux États-Unis », explique le cinquantenaire depuis son garage où sont parfaitement alignés les huit bolides rutilants. À sa connaissance, seules deux Cadillac convertibles, datant de 1958, ont été achetées en première main en Suède, pays qui en compterait aujourd’hui plus de 200, alors que le modèle a quasiment disparu aux États-Unis. Et l’intérêt des Suédois ne fait que croître. « Chaque année, entre 4 000 et 5 000 voitures classiques américaines sont importées en Suède », note Berglind. « Cette culture est là pour rester », dit-il, confiant. Johan Lindroth, 17 ans, fait partie de la génération qui ambitionne de prendre la relève. « J’aimerais acheter une Dodge Coronet 1956 l’année prochaine si j’ai les moyens », dit le jeune « raggare » qui écoute du rock’n’roll dans son iPod.
Bleu turquoise, jaune citron, vert pastel, peinture nickel chrome et ailerons profilés. Chevrolet, Cadillac et autres Oldsmobile paradent lentement sous le regard des badauds, radios crachant des tubes de rock’n’roll des années 1950. L’Amérique profonde ? Non, la Suède du XXIe siècle, royaume du design et de la haute technologie, dont la fascination pour la culture...