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Ne choisis pas ton camp, citoyen ! Pamela G. KHOURY

L’Orient-Le Jour a publié en date du 11 juillet 2007 une tribune libre du journaliste et consultant Nicolas Sbeih, qui a retenu mon attention, car l’auteur soulève une problématique importante qui me taraude depuis plusieurs mois : les Libanais doivent-ils, dans le contexte actuel, prendre position pour l’une ou l’autre des parties en conflit, ou doivent-ils plutôt renvoyer dos à dos les protagonistes de cette sinistre comédie ? Je rejoins tout à fait M. Sbeih lorsqu’il souligne, dans sa conclusion, que l’on ne peut se désintéresser de la politique. Celle-ci, en effet, ne manquera pas dans ce cas de s’intéresser à nous, comme le rappelait déjà Aristote. Mais faut-il pour autant prendre position, parce qu’il s’agirait d’un moindre mal, en faveur de tel ou tel mouvement, même si celui-ci compte parmi ses membres nombre de personnes peu recommandables ? Si M. Sbeih semble conscient des tares indélébiles de ceux qu’il nous enjoint de soutenir, il nous demande de passer outre l’histoire et soulève l’argument selon lequel on ne peut, du jour au lendemain, faire émerger une nouvelle classe politique et qu’il faudrait donc se contenter de faire avec les dirigeants actuels. Autrement, dit-il, « on en finira, pour gouverner le pays, par être cantonnés à Tarek Mitri et à Ghassan Tuéni ». Mais si MM. Mitri et Tuéni sont des extraterrestres au sein de la classe politique, ils sont les représentants d’une société civile qui compte en son sein des centaines de Mitri et de Tuéni qui ont le talent nécessaire pour servir le pays. La seule chose qui les en empêche, c’est cette classe politique accrochée au pouvoir que M. Sbeih souhaite par un « réalisme » mal à propos nous inciter à soutenir. Il suggère aux « inutiles » qui refusent de prendre position de faire leur choix, non sur les personnalités, mais sur les grands sujets d’actualité. C’est une bonne suggestion, malheureusement aussitôt minée par le simplisme et le manichéisme des questions auxquelles M. Sbeih nous demande de répondre. Pour, ou contre le tribunal international, nous demande-t-il ? Mille fois pour bien sûr, mais ne voit-il pas le ridicule dans la position qui consiste à remuer ciel et terre pour établir un tribunal international en vue de juger les assassins d’un ancien Premier ministre alors qu’il n’y a même pas encore d’acte accusatoire, et alors que l’assassinat d’un autre Premier ministre a été relégué aux oubliettes ? Y aurait-il des martyrs plus importants que d’autres ? Pour ou contre l’aide octroyée à Paris III ? Est-il si difficile de comprendre que tous les Libanais sont pour cette aide, à condition toutefois qu’elle s’accompagne de réformes structurelles afin que nous ne soyons pas contraints d’aller toutes les quelques années mendier à nouveau les milliards que la corruption, la politique économique catastrophique et la mauvaise gestion nous ont coûtés ? Choisir son camp, c’est contribuer au climat de guerre civile qui règne aujourd’hui au Liban. C’est accentuer la polarisation néfaste. C’est donner à nouveau carte blanche à ceux qui nous ont maintes fois trahis. Ne choisis pas ton camp, citoyen. Reste libre si tu veux que ton pays le devienne un jour. Les esprits libres ne sont jamais « inutiles ». Ceux qui gardent leur esprit critique et leur indépendance sont l’honneur de notre pays. Les vrais « inutiles » sont en fait ceux qui suivent comme des moutons les leaders qui les conduisent à l’abattoir. À ceux qui tiennent à prendre position, nous suggérons de soutenir cette noble initiative dont nous parle le même 11 juillet L’Orient-Le Jour, celle lancée par des personnalités indépendantes et respectées de toutes les communautés, initiative visant à enfin créer un État civil dans ce pays si tiraillé par des vents contraires. Pamela G. KHOURY Conseiller juridique, Montréal Article paru le Vendredi 13 Juillet 2007
L’Orient-Le Jour a publié en date du 11 juillet 2007 une tribune libre du journaliste et consultant Nicolas Sbeih, qui a retenu mon attention, car l’auteur soulève une problématique importante qui me taraude depuis plusieurs mois : les Libanais doivent-ils, dans le contexte actuel, prendre position pour l’une ou l’autre des parties en conflit, ou doivent-ils plutôt...