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Deux négations peuvent faire une nation Abdallah FARHAT

À la veille de la rencontre de La Saint-Celle-Cloud des représentants (de second rang, comme se plaît à les qualifier la presse locale) de forces politiques, il est à tout le moins nécessaire de se poser quelques questions existentielles sur le devenir de notre nation. Certes, une question résonne dans l’inconscient collectif libanais : « Quo Vadis ? » On se dirige vers Paris sur fond de ce scepticisme sournois et moqueur. Qu’on se le dise clairement : personne n’y croit. Le rêve serait évidemment de voir les Libanais se mettre subitement d’accord entre eux. Mais cela relève de l’utopie rêveuse, car comment arriver à stabiliser un accident d’entente historique qui perpétuerait un rapprochement circonstanciel, comme en 1943, à la veille de l’indépendance ? Pourrions-nous arriver à la double négation, tant critiquée, de nos prédécesseurs : non à l’Orient et non à l’Occident ? Cette double négation est véritablement une négation d’allégeance et de subordination aux puissances étrangères et surtout régionales. Ce qui pourrait sauvegarder le Liban comme membre de la société internationale et non comme une arène où se confronteraient des forces étrangères en mal d’un champ de bataille accueillant et confortable. Pour aboutir à cette ultime aspiration, il faut nécessairement passer par plusieurs étapes. En premier lieu, il est primordial que toutes les parties libanaises condamnent la violence et le terrorisme, et œuvrent pour les éradiquer. Une prise de conscience collective s’impose du fait que toute politique communautaire de violence ou bien de préparation à la violence, même dans un but de dissuasion, est un phénomène suicidaire de société. La violence ne peut en aucun cas être un instrument politique. Il est donc de première nécessité de trouver un fondement politique pour sécuriser le territoire libanais. Une totale pacification nécessite incontestablement un consensus. Aucune solution ne peut naître de la violence. De même qu’aucune logique de victoire d’une partie sur l’autre ne peut fonder un avenir. « L’emporter sur l’autre » est une pathologie psychique collective qui maintiendrait le pays dans une continuelle instabilité, un potentiel généralisé d’autodestruction. Une nouvelle vision du Liban est recommandée, authentique et non tendancieuse, la vision d’un pays de minorités associées, non téléguidées et mues par leur seule allégeance nationale. Il est devenu clair que notre pays ne peut supporter les coups d’État et les coups de tête. Toute instabilité, toute secousse compromettrait fatalement ce qu’ont fait le temps et la volonté des grands bâtisseurs comme Émile Eddé, Béchara el-Khoury, Riad el-Solh, Camille Chamoun, Pierre Gemayel, Kamal Joumblatt et Rafic Hariri. Notre pays ne peut perdurer que dans l’intangibilité et l’indépendance, et doit appartenir à tous ses enfants pour proclamer son droit à la vie et sa foi en sa raison d’être. Dans les heures de crises et d’instabilité meurtrière, il est primordial de revenir aux principes fondamentaux, sans quoi toute discussion remettrait en cause les principes sur lesquels reposent l’unité des communautés libanaises et leur volonté de vivre en commun. Les Libanais, de quelque rang qu’ils soient, feront-ils un pas les uns vers les autres à La Celle-Saint-Cloud ? Un pas suffisant pour se donner la main dans un ultime mouvement de sauvetage. Et ce, de bonne foi. À l’envers et contre tout scepticisme. Est-il tellement difficile que le Liban soit accepté tel qu’il est, dans ses frontières préservées, le Liban indépendant et souverain sur la totalité de son territoire ? Est-il impossible de nous entendre sur deux thèmes fondamentaux : l’équilibre et l’ordre ? L’équilibre de la participation de toutes les fractions à la décision, et ce dans le cadre d’un processus global comprenant une entente non pas sur le nom du prochain président, mais du moins sur son profil et sur les modalités liées à sa candidature. Et l’ordre suprême, c’est-à-dire permettre à nos forces armées légitimes de contrôler le territoire national sans exception aucune relevant de politique régionale ou bien d’ordre humanitaire. La survie de notre pays tient à sa neutralité positive vis-à-vis de la politique des axes (je ne parle point du conflit libano-israélien). Tout alignement politique libanais sur telle ou telle alliance provoquerait incontestablement une implosion interne capable de rompre la compatibilité vulnérable des communautés, et ferait basculer le Liban dans le chaos et le désordre. Si notre pays est voué à l’entente, il est tout aussi vital de donner à chaque dialogue national une chance de progresser. Dans tous les cas, l’alternative serait l’anarchie. Puisse la table ronde de La Celle-Saint-Cloud faire table rase des préjugés et des allégeances. Nous aurions alors transcendé le scepticisme et les échecs en puissance. Abdallah FARHAT Député de Baabda-Aley Article paru le Vendredi 13 Juillet 2007
À la veille de la rencontre de La Saint-Celle-Cloud des représentants (de second rang, comme se plaît à les qualifier la presse locale) de forces politiques, il est à tout le moins nécessaire de se poser quelques questions existentielles sur le devenir de notre nation. Certes, une question résonne dans l’inconscient collectif libanais : « Quo Vadis ? »
On se dirige vers...