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Actualités - CHRONOLOGIE

La patience du mouvement islamiste est mise à rude épreuve et une explosion n’est pas à exclure Le Hamas de Cisjordanie pris en étau entre le Fateh et les Israéliens

La semaine du député palestinien Ahmad Alhadj Alis, membre du Hamas, a débuté par une arrestation par les forces fidèles au président Mahmoud Abbas et se termine avec la crainte d’une capture par l’armée israélienne. Depuis que le Mouvement de la résistance islamique a pris le contrôle de la bande de Gaza à la mi-juin, le Fateh de Abbas s’est engagé dans une vague de répression de ses rivaux en Cisjordanie, dont le mouvement nationaliste conserve le contrôle. Alhadj Ali, interpellé lundi dernier et libéré au bout de deux heures, doit depuis lors se cacher, passant de refuge en refuge, se méfiant tout à la fois des Palestiniens et des Israéliens. Arrêté avec lui, Ahmad Doleh, conseiller du ministre de l’Intérieur du gouvernement d’union formé en mars et limogé en juin par Abbas, est, lui, toujours en détention. Ces trois dernières semaines, les hommes de Abbas ont arrêté près de 300 membres ou sympathisants du Hamas à travers la Cisjordanie, selon un responsable du mouvement islamiste. Les autorités palestiniennes du territoire ont confirmé quelques dizaines d’arrestations et la découverte de plusieurs caches d’armes. Porte-parole du Hamas, Faouzi Barhoum affirme que 130 proches du mouvement étaient toujours en détention jeudi. Un collaborateur de Abbas, Yasser Abed Rabbo, a souligné que ces arrestations étaient tout à fait légales et que les islamistes détenus étaient bien traités. Menaces de représailles Le Hamas n’en a pas moins protesté et menace ses rivaux de représailles. Selon lui, certaines arrestations ont été opérées en toute illégalité par des hommes armés, le visage masqué, liés aux Brigades des martyrs d’al-Aqsa, mouvement activiste proche du Fateh, ou à d’autres factions favorables au président palestinien. Pour Yazid Khader, membre du Hamas, la patience du mouvement islamiste est mise à rude épreuve par cette vague de répression et une explosion n’est pas à exclure en Cisjordanie. « Nous cherchons à éviter une confrontation avec l’Autorité, mais nous ne pouvons pas contrôler tout le monde », explique-t-il. Un autre responsable du Hamas est plus menaçant : « Si ça continue, les portes de l’enfer vont s’ouvrir. » Mais dans la bande de Gaza, de semblables accusations sont portées contre les hommes du Hamas. Là, ce sont les sympathisants du Fateh qui sont visés, comme la fille du chef des services de renseignements de Abbas, qui a été interpellée pour interrogatoire. Jeudi, les forces du Hamas sont aussi intervenues à Gaza pour empêcher les fonctionnaires proches du Fateh d’aller travailler, les islamistes ayant fixé à jeudi et vendredi les deux jours de congé hebdomadaire, au lieu de vendredi et samedi du temps du Fateh. Le Comité international de la Croix-Rouge a fait savoir qu’il avait pu rendre visite à des détenus tant à Gaza qu’en Cisjordanie mais, fidèle à sa règle traditionnelle, il n’a pas commenté la situation de ces prisonniers. En Cisjordanie, plusieurs personnes interpellées ont déclaré avoir été relâchées contre la promesse de ne pas rejoindre les groupes armés liés au Hamas et de ne pas se livrer à des activités antigouvernementales. Depuis un an, les forces israéliennes ont arrêté près de la moitié des députés du Hamas, ce qui fait que l’Assemblée palestinienne est incapable d’atteindre le quorum pour se prononcer sur les décisions du président Abbas, notamment le limogeage du gouvernement d’union et son remplacement par le cabinet de crise de Salam Fayyad. Hier frères d’armes, aujourd’hui ennemis Déjà théâtre de fréquents affrontements entre activistes palestiniens et soldats israéliens, la ville cisjordanienne de Naplouse, avec ses 200 000 habitants, est devenue l’un des points chauds de l’offensive du Fateh contre le Hamas. « Avant les événements de Gaza, nous traitions les gens du Hamas comme des frères d’armes. Maintenant, nous nous rendons compte que nous avions tort de les considérer comme des partenaires, comme des amis », déclare Akram al-Radjoub, chef de la Sécurité préventive de Naplouse, une force contrôlée par le Fateh. Sur les murs du bâtiment de la Sécurité préventive, des affiches ont été collées. Elles représentent Samih al-Madhoun, militant du Fateh tué par le Hamas après les combats du mois dernier à Gaza, et montrent un combattant islamiste piétiner un portrait de l’ancien dirigeant historique du Fateh, Yasser Arafat, décédé en novembre 2004. Un collaborateur de Radjoub montre aux visiteurs un film diffusé par la télévision du Hamas où l’on voit Madhoun agonisant, la poitrine criblée de balles, alors que, victorieux, des hommes du Hamas prennent la pose près de lui. Les autorités de Cisjordanie font aussi pression sur les organisations caritatives proches du Hamas (zakat), qui financent notamment des écoles coraniques et des dispensaires et ont largement contribué à la victoire électorale du groupe islamiste en janvier 2006. La clinique islamique de la zakat de Naplouse a vu sa fréquentation diminuer de 20 % depuis trois semaines. « Les gens ne veulent pas d’ennuis, ils ne veulent pas passer pour des membres ou des sympathisants du Hamas », explique Hafez Sadder, le directeur de l’établissement de soins. Radjoub souligne pour sa part que l’offensive anti-Hamas vise les activistes, non les organisations caritatives liées au mouvement islamiste. Il assure en outre que cette offensive des hommes du Fateh contre leurs rivaux ne bénéficie d’aucune aide ou collaboration de la part des Israéliens.

La semaine du député palestinien Ahmad Alhadj Alis, membre du Hamas, a débuté par une arrestation par les forces fidèles au président Mahmoud Abbas et se termine avec la crainte d’une capture par l’armée israélienne.
Depuis que le Mouvement de la résistance islamique a pris le contrôle de la bande de Gaza à la mi-juin, le Fateh de Abbas s’est engagé dans une vague...