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Chiffres magiques, mariages heureux ? Chacun veut tenter sa chance demain 7/7/7 : couples ou flambeurs, ils rêvent d’avoir la baraka

Des centaines de couples libanais ont choisi de convoler le 07/07/07, espérant que la triple conjonction de ce chiffre leur portera bonheur. La date tombe en plus un samedi, et rares sont les chapelles et les salles de banquet qui n’afficheront pas complet. Pour certains, le chiffre sept sera incorporé à tous les aspects de l’événement : sept convives par table, sept demoiselles d’honneur, sept roses blanches pour le bouquet. Le phénomène ne se limite pas à notre pays. En France, les galeries Lafayette révèlent que 800 listes de mariage ont été déposées pour une union le 7/7/7 contre 290 en moyenne pour les autres samedis de l’été. Les traiteurs, les loueurs de smokings et les organisateurs de mariages ont dû refuser des clients. Selon les médias américains, à Las Vegas, destination favorite des couples, les chapelles resteront ouvertes au-delà des heures habituelles pour célébrer les nombreuses unions prévues alors que les chaînes d’hôtel offrent un forfait spécial, « le package des sept de la chance », à 7 707 dollars ou 777 dollars. La ruée des amoureux est suivie par celle des joueurs qui rêvent d’avoir la baraka : ce jour est en effet l’occasion de valider une grille de loto, de tenter sa chance aux machines à sous et de faire la fête... dès 7 h7. Sept est-il un chiffre magique ? Est-il associé à des éléments positifs ? A-t-il une signification particulière ? L’article n’a pas la prétention d’y répondre, mais juste de pointer le doigt vers les nombreuses références à ce chiffre qui, dans l’esprit collectif, recèle une valeur sacrée : les 7 jours de la création, les 7 continents, les 7 océans, les 7 étoiles de la Grande Ourse, les 7 diacres de l’Église primitive, les 7 sacrements de l’Église catholique, les 7 archanges. On peut également citer les 7 anneaux de Saturne, les 7 planètes traditionnelles en astrologie, les 7 couleurs de l’arc-en-ciel, les Sept Merveilles du monde antique, les sept pléiades, les 7 métaux dérivés d’un même principe, auxquels les alchimistes attribuaient une divinité et une couleur fondamentale : argent, cuivre, étain, fer, mercure, or et plomb. On est frappé par les sept orifices du crâne et le septénaire qui règle la vie de l’homme : après sept mois de gestation, le fœtus est viable ; à sept mois, apparition des dents de lait qui seront perdues à sept ans ; à 7 x 2, c’est la fin de l’enfance, à 7 x 3, la fin de l’adolescence, et ainsi de suite. De même, sept années sont nécessaires pour que toutes les cellules d’un être humain se renouvellent complètement. Chaque période lunaire dure sept jours, et chaque cycle accompli indique un changement et un renouveau positif. Quel est donc ce mystère qui entoure le chiffre ? Pourquoi y a-t-il sept jours dans la semaine et pas dix ? Pourquoi n’y a-t-il que sept notes dans la gamme alors qu’on aurait pu en mettre davantage ? Pourquoi dit-on « Les sept vies d’un chat », « Miroir brisé, sept ans de malheur », ou encore « Il faut tourner sept fois la langue dans la bouche avant de parler » ? Sept branches, sept cierges et sept versets Depuis les temps les plus reculés, les hommes ont investi les chiffres d’une charge symbolique. Trois représentait le ciel ; quatre, la Terre et ses quatre points cardinaux. En associant trois à quatre, on obtient 7, qui représente l’univers en mouvement, le dynamisme total. Il correspond à un cycle complet, mais aussi à une phase d’équilibre comme avec les sept ans d’abondance suivis des sept années de famine vécues du temps de Joseph : « Les sept vaches belles sont sept années... et les sept vaches décharnées et laides (...) sont sept années. » Le chiffre 7 est par ailleurs rattaché à plusieurs thèmes. Celui de la résurrection : «(... ) l’enfant éternua sept fois, et il ouvrit les yeux ». Celui de la pureté : « Lave-toi sept fois dans le Jourdain, ta chaire deviendra saine et tu seras pur. » Celui de la délivrance : « Six fois il te délivrera de l’angoisse, et sept fois le mal ne t’atteindra pas. » Le nombre 7 revient fréquemment dans les littératures sacrées orientales et plus particulièrement dans la Bible où il est, dit-on, cité 77 fois : la rose aux sept pétales, les sept premiers diacres ordonnés par les apôtres, les 7 péchés capitaux, les sept mystères du chapelet commémorant les douleurs de la Vierge Marie qui est représentée avec une couronne au cœur de sept roses et sept poignards piqués sur son cœur... d’où l’appellation Notre-Dame des Sept Douleurs. Il y a aussi les sept fêtes de la Vierge qui sont célébrées par l’Église catholique : la Purification, l’Annonciation, la Visitation, l’Assomption, la Nativité, la Présentation de la Vierge et l’Immaculée Conception. Le chiffre est mentionné 54 fois dans l’Apocalypse : les sept candélabres d’or, le mystère des sept étoiles, les sept sceaux, les sept trompettes, tonnerres et rois, les sept têtes de la bête, les sept fléaux des sept coupes. Le sanctuaire est éclairé d’un chandelier à 7 branches chez les juifs, et par 7 cierges chez les orthodoxes et chez les catholiques. Dans l’islam, on relève à titre d’exemple les sept tours à effectuer autour de la Kaaba, les sept versets dans la sourate de al-Fatiha et les sept cieux (d’où le fameux septième ciel). En Asie aussi, le 7 est sacralisé : les sept emblèmes et les sept pas de Bouddha, les sept têtes du naja d’Angkor, les sept chakras (appelés Roues, Lotus ou Centre subtils) des hindous. Chiffre sacré déjà chez les Sumériens et symbole de « vie éternelle » chez les Égyptiens, le sept apparaît dans d’innombrables traditions et légendes de la Grèce antique. Pour ne citer que quelques exemples : les sept Hespérides, les sept fils et filles de Niobé, les sept cordes de la lyre, le nombre de sphères dans le système de Ptolémée et les sept portes de la ville de Thèbes. Il est aussi caractéristique du culte d’Apollon dont les cérémonies étaient célébrées au septième jour du mois. Plus amusant, le chiffre tient une place privilégiée dans les contes et bandes dessinées, tels Les sept voyages de Sindbad le marin ; Le loup et les sept biquets ; Blanche-Neige et les sept nains, Les sept boules de cristal de Tintin et Les bottes de sept lieues. Sept est aussi le nombre des femmes de Barbe-Bleue et de Barberousse. Dans le cinéma, appelé aussi le septième art, le chiffre 7 crève l’écran : Sept ans de malheur (1923, de Max Linder), Sept ans de réflexion (de Billy Wilder, 1955) ; Sept hommes à abattre (de Budd Boetticher, 1956, avec Yul Brynner), Le retour des Sept (de Burt Kennedy, 1966), Les sept mercenaires de John Sturges (1960), qui a aussi signé les Sept secondes en enfer ; Sept ans au Tibet de J.-J. Annaud ; Le septième sceau d’Igmar Bergman, Seven ; La septième compagnie de Robert Lamoureux, Les sept samouraïs ou encore 7 Brides for 7 Brothers. « 777 Films Corporation est aussi le nom de la boîte de production de Jean-Claude Van Damme. Si l’on creuse encore, on trouve que 7 est le niveau du pH neutre, le chiffre des systèmes cristallins ou encore le numéro atomique de l’azote. De même, les faces opposées d’un dé, additionnées, font toujours sept. Sept, nombre sacré ? En tout cas, il est bien mis en lumière pour indiquer la plénitude des temps, désigner l’ordre planétaire, les demeures célestes et l’ordre moral. Comme Tony Parker et Eva Longoria, au son des Sept paroles du Christ de Hayden, tout le monde veut dire « oui » sous le signe du 777. Prochain spot : le 7/7/3007. La fièvre des mariages du 7 juillet au Liban Sur la fièvre des mariages le 7 Juillet, Haro Chakmakjian de l’AFP a écrit le reportage suivant : « Dans un des pays les plus imprévisibles de la planète, les couples libanais sont légion à avoir choisi la date magique du 7 juillet 2007, le “777”, pour conjurer le mauvais sort et faire des mariages heureux. “Raz tenait à cette date encore plus que moi. Il croit que c’est une date sacrée. Pour moi, c’est seulement mignon”, raconte Karma Ekmekji, sans s’inquiéter du prix des fleurs, “multiplié par dix”, sous l’effet de la demande pour cette date. Razmig Boladian, le futur marié, s’explique : “Je suis très mauvais pour les dates. J’en voulais une que je ne risquais pas d’oublier.” Karma et Raz ont choisi la date des trois 7 il y a deux ans. Ils ont aussi prévu une solution de secours, en Grèce, au cas où un nouvel attentat vienait gâcher le plus beau jour de leur vie. Déjà, ils ont dû renoncer à un mariage religieux dans la cathédrale arménienne du centre de Beyrouth, où l’opposition menée par le Hezbollah a installé son campement. Sur 800 invités, plus de la moitié ont confirmé leur présence, dont une poignée de proches et d’amis attendus de l’étranger. “Il y a deux mois, dans l’avion qui atterrissait à Beyrouth, j’ai regardé par le hublot et je me suis dit : je ne me marierai nulle part ailleurs”, confie Karma, 23 ans. Pour le 7/7/7, Maya Zahlan, propriétaire de l’entreprise Weddings for Life, affiche complet et affirme avoir refusé des commandes. “Beaucoup de couples sont déterminés à montrer à leurs proches venus de l’étranger une autre image du Liban”, affirme-t-elle. Dans les églises, on s’attend à un afflux de cérémonies pour ce samedi 7 juillet, et les cheikhs musulmans sont réservés à l’avance pour bénir les contrats de mariage. Le chiffre magique fait même office de support publicitaire. Le représentant d’articles électroniques sud-coréen LG a placardé à travers Beyrouth des affiches offrant 2,777 dollars d’escompte à tous les couples qui se marient ce jour-là. “Nous encourageons les jeunes à se marier et en même temps nous faisons des affaires”, affirme Élie Melki, chargé de cette campagne. Razmig et Karma ont, eux, payé des frais supplémentaires pour obtenir deux plaques d’immatriculation portant le chiffre “200777” pour leurs deux voitures. Maya Rafii, une jeune fille d’abord déçue de ne pas pouvoir se marier à cette date, est maintenant soulagée. “Cela aurait été un cauchemar. Tous les organisateurs nous disaient qu’ils étaient débordés, que plus rien n’était disponible, les fleurs, le traiteur, pas seulement la salle”, raconte Maya, qui a pu finalement réserver pour le 6 juillet. L’un des plus célèbres voyants libanais, Michel Hayek, qualifié de Nostradamus du Moyen-Orient après avoir prédit la mort de la princesse Diana et de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, se plaint des rumeurs qui circulent à son propos. “On dit que j’ai annulé mon mariage prévu le 7/7/7 car je m’attends à un week-end sanglant. Je n’ai rien dit de cela, affirme-t-il. Ces rumeurs visent à accroître le climat d’insécurité”. » May MAKAREM



Des centaines de couples libanais ont choisi de convoler le 07/07/07, espérant que la triple conjonction de ce chiffre leur portera bonheur. La date tombe en plus un samedi, et rares sont les chapelles et les salles de banquet qui n’afficheront pas complet. Pour certains, le chiffre sept sera incorporé à tous les aspects de l’événement : sept convives par table, sept...