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Actualités - CHRONOLOGIE

L’Alliance de l’Atlantique Nord a adapté ses objectifs aux nouveaux défis de sécurité Les navires de l’OTAN et de la Finul en Méditerranée, deux missions qui se complètent

BRUXELLES - De Tilda ABOU RIZK Dans le cadre du séminaire organisé à un groupe de journalistes libanais à Bruxelles, une visite était prévue au siège de l’OTAN où la transformation de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord depuis la fin de la guerre froide jusqu’à aujourd’hui et où les missions dans lesquelles elle est actuellement engagée à l’échelle internationale, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, de la gestion de crises et même de l’humanitaire (le tremblement de terre du Pakistan), ont été présentées. Avant même que la Finul maritime n’entame sa mission de contrôle au large des côtes libanaises, consécutivement à la guerre de juillet 2006 et en application de la résolution 1701, les navires de l’OTAN patrouillaient dans l’ensemble de la Méditerranée pour surveiller le trafic maritime et escorter les navires non militaires dans le détroit de Gibraltar afin de contribuer à détecter et à décourager les activités terroristes et à assurer une protection contre ces activités. Baptisée « Active Endeavour », cette opération a commencé après les attentats terroristes du 11 septembre 2001. Des forces navales ont été déployées en Méditerranée orientale le 6 octobre 2001 pour une mission de surveillance qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui. Entre 2001 et 2007, les navires des forces de l’OTAN ont contrôlé près de 95 000 bateaux, et procédé à de nombreux arraisonnements en accord avec le commandant de bord et l’État du pavillon. On suppose ainsi qu’une collaboration étroite est engagée entre cette organisation et la Finul maritime, composée de contigents de pays membres de l’OTAN et dont la mission consiste à empêcher le trafic d’armes, par voie de mer, vers le Liban. « Active Endeavour est menée conformément à l’article 5 de la charte de l’OTAN qui considère une attaque lancée contre un pays membre comme une agression contre tous les États de l’alliance », explique-t-on au quartier général à Bruxelles. Deux forces navales de l’OTAN, la force navale permanente de la Méditerranée et la Force navale permanente de l’Atlantique, effectuent tous les trois mois une rotation à l’appui de l’opération « Active Endeavour ». Plusieurs pays de l’OTAN, principalement l’Espagne, la Grèce, la Turquie et l’Italie, apportent une contribution directe à l’opération sous la forme de moyens navals. Les opérations d’escorte dans le détroit de Gibraltar font appel aux patrouilles rapides des pays alliés du nord de l’Europe, comme le Danemark, la Norvège et l’Allemagne. « Active Endeavour » fait aussi largement appel au soutien logistique des alliés en Méditerranée. Un ennemi difficile à cerner Perçue comme une organisation strictement militaire durant la guerre froide, l’OTAN, qui se présente aujourd’hui comme « une organisation politique au sein de laquelle la structure militaire est subordonnée à des civils représentant les gouvernements membres de l’alliance », s’est trouvée contrainte de s’adapter à un monde en mutation, après la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’empire soviétique. Elle a ainsi vu sa mission et ses objectifs sensiblement modifiés, notamment après le tristement célèbre 11 septembre 2001. Elle a cessé d’être confinée à un rôle de défense pour s’engager davantage dans des partenariats stratégiques, dits partenariats pour la paix, considérés comme étant une meilleure garantie à la sécurité euro-atlantique, explique-t-on dans les milieux de l’organisation intergouvernementale. Ce partenariat stratégique s’explique, précise-t-on, par le fait que presque tous les pays sont confrontés aux mêmes problèmes de sécurité : les menaces de terrorisme, les crimes transnationaux et les armes de destruction massive, qui nécessitent une plus grande coopération entre les nations. Mais si, durant la guerre froide, l’ennemi de l’alliance était bien clair, aujourd’hui il est difficile de le cerner ou de l’identifier. « Nous le constatons à nos dépens en Afghanistan où nous sommes engagés dans une opération très complexe et où nos soldats sont en train d’être tués tous les jours », indique-t-on dans les milieux de l’OTAN, où l’on évoque, non sans un certain regret, la situation dramatique dans ce pays et en Irak. « Les pays de l’OTAN ont raté une chance de reconstruire l’Afghanistan il y a quelques années. Aujourd’hui, il est très difficile de se rattraper », déplore-t-on à Bruxelles. Des pays, comme la France, l’Allemagne et la Hollande, pensaient que la reconstruction ne fait pas partie des missions de l’OTAN, surtout avec l’émergence de complications au niveau des dossiers iranien et pakistanais. « Mais nous avons intérêt à voir un Afghanistan stable », insiste-t-on. Concernant l’Irak, on estime de même source qu’« on aurait pu éviter ce qui s’est passé dans ce pays si on avait pu nous entendre sur ce dossier », en allusion aux divisions intereuropéennes et internationales qui avaient précédé l’invasion américaine de l’Irak. Des opportunités d’action au sud de l’Europe Si, après la fin de la guerre froide, l’OTAN s’est tout naturellement tournée vers les pays de l’Europe de l’Est, affranchis du joug de l’empire soviétique et qui cherchaient des garanties de sécurité après avoir été dominés par l’URSS, les attentats terroristes aux États-Unis ont poussé certains de ses membres à se tourner vers la région, estimant que des opportunités d’action, s’inscrivant dans le prolongement de ses objectifs de sécurité, se présentaient pour l’organisation transatlantique. D’autres, vivant surtout dans la crainte de la Russie, contestaient en revanche ce projet, redoutant que l’OTAN n’abandonne l’Est européen pour le Sud. Un consensus a pu être obtenu, et c’est ainsi que l’organisation transatlantique a pu s’ouvrir sur l’Égypte, Israël, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie. L’idée principale étant que le dialogue avec les pays du sud de l’Europe et le dialogue tout court doivent pouvoir s’élargir. La Jordanie puis l’Algérie ont été invitées à y prendre part, et des partenariats étaient engagés avec des pays lointains, comme la Chine et le Japon. Toutes les possibilités de coopération sont explorées. « Nous ne cherchions pas à élargir le champ de notre action, mais nous avions été confrontés à des questions de sécurité qui requéraient une approche différente, plus active et non seulement défensive », explique-t-on, en précisant que toutes les actions sont prises sous le mandat de l’ONU. Le sommet d’Istanbul Quoi qu’il en soit, l’OTAN devait réaliser, toujours selon les mêmes sources, que le dialogue politique ne suffisait pas et qu’il fallait comprendre les besoins des pays avec lesquels un partenariat était établi. C’est ainsi que l’idée du sommet d’Istanbul est née. L’objectif de ce sommet, qui s’est tenu le 28 juin 2004 sur les bords du Bosphore, était de « renouveler l’engagement des pays membres de l’Alliance de l’Atlantique Nord à l’égard de la défense collective et d’examiner ensemble la réponse de l’OTAN aux défis de sécurité auxquels nous sommes confrontés en ce début du XXIe siècle », selon des extraits de la déclaration d’Istanbul. Plus concrètement, il s’agissait de renforcer les composantes du dialogue avec les pays de la Méditerranée, pour parvenir à un statut de véritable partenariat, et de s’ouvrir sur les États du Conseil de coopération du Golfe (CCG). L’OTAN se concentre initialement sur six membres du CCG : Bahreïn, le Koweït, Oman, Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Mais l’Initiative de coopération d’Istanbul (ICI), lancée par les dirigeants de l’OTAN, reste ouverte à tous les pays intéressés du Moyen-Orient qui souscrivent à ses objectifs et à son contenu, incluant la lutte contre le terrorisme et contre la prolifération des armes de destruction massive. L’ICI, note-t-on, est un programme séparé mais complémentaire du sommet, destiné à promouvoir la coopération pratique avec les pays du Moyen-Orient élargi, selon les explications officielles, à commencer par les membres du CCG. Toujours selon les explications fournies à Bruxelles, le but du dialogue engagé est aussi de dissiper ce qu’à l’OTAN on juge être une idée reçue, à savoir que les États-Unis dominent l’Alliance transatlantique. Qu’il s’agisse cependant d’une idée reçue ou d’une réalité, le fait est que le rôle de l’OTAN reste contesté dans plusieurs pays de la région, dont le Liban où les troupes européennes sont déployées sous le drapeau de l’ONU et non pas celui de l’alliance. Pourtant, Israël avait réclamé que des soldats de l’alliance soient déployés à sa frontière avec le Liban. « Les parties au conflit avaient cependant refusé », rappelle-t-on, en allusion aux autorités libanaises, tout en précisant que les deux conditions principales au déploiement de forces de l’OTAN à la frontière libano-israélienne n’étaient pas de toute façon réunies, à savoir : un mandat de l’ONU et un accord des deux parties.


BRUXELLES - De Tilda ABOU RIZK

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