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À Beyrouth, en 2007… Impressions

18 000 concerts prévus en France cette année ! Du diable si je ne trouve pas quelques-uns à Beyrouth. C’est vrai que l’ambiance générale ne s’y prête pas trop, c’est vrai que l’on avait annoncé une annulation des manifestations culturelles de la Fête de la musique, mais tout de même, Beyrouth, ça reste Beyrouth… Je vais forcément trouver quelque chose. Munie de l’Agenda culturel, je trouve effectivement : à l’hôtel al-Bustan, à la Marina de Beyrouth, à Aïn el-Mreïssé, au BO18, quelque chose devrait se passer. Je décide de commencer par Beit-Méry. J’appelle. Une troupe de 15 guitaristes, m’annonce-t-on. À 20h. Entrée libre. Aaah… Je savais bien qu’il y aurait toujours une façon de faire la fête à Beyrouth ! Arrivée au Bustan, je découvre que les guitaristes sont une quinzaine, effectivement, qui font face à une salle aux trois quarts vide. Il faut une bonne dose de ténacité et de foi pour venir jusqu’ici chercher un peu de fête ! Je demande un programme, il n’y en a pas. Qu’à cela ne tienne. On n’a pas besoin d’un programme pour reconnaître ce que l’on entend. La musique est belle, les guitares sont toutes d’accord ensemble, l’ambiance est chaleureuse et bon enfant, malgré les rangées de sièges vides… Les accents de musique hispanique et brésilienne sont gais ou langoureux et invitent au plaisir. Les deux jeunes femmes qui dansent le flamenco allient la grâce du mouvement au rythme. On en oublie les rues vides que l’on vient de traverser pour arriver jusqu’ici, le portier qui a dû déverrouiller la porte pour nous laisser entrer dans la salle… D’ailleurs, les gens continuent d’arriver et le portier doit déverrouiller de plus en plus souvent. On vient en famille écouter des guitaristes qui réveillent en nous la nostalgie de jours meilleurs… Finesse de jeu, harmonie, les Guitaristes du Cèdre (c’est le nom de la troupe, que présente Jean Beujikian, leur doyen) nous offrent au Bustan un moment de détente et de plaisir, qui devient franchement un régal dès que la voix de Clara Akiki s’élève, chaude et envoûtante. Clara, à 22 ans, vient de remporter un concours de chanson au Casino du Liban, en mai dernier. Je l’écoute les yeux fermés, chanter Che Guevara en s’accompagnant de sa guitare, avec une sensibilité telle, que l’émotion qu’elle transmet nous prend tous à la gorge… 21h, c’est fini. C’était un bon moment, volé, pris de force à ces jours de psychose et de deuil, où l’incertitude de la minute qui vient est si dissuasive. Je retrouve les rues vides. Je me tâte : et si j’allais à Aïn el-Mreïssé voir ce qui s’y passe ? Serait-ce trop tenter le diable ? Ah, au diable le diable ! J’y vais ! J’y suis. Toutes les rues ne sont pas vides, tout compte fait. Devant le Saint-Georges, l’embouteillage. Les commis au parking, reconnaissables à leur t-shirt rayé bleu clair et blanc, ne chôment pas. J’attends mon tour. J’ai du mal à en croire mes sens. L’impression d’avoir atterri dans une autre ville, où l’on n’a pas peur de circuler, de s’attrouper, de faire la fête. Peut-être est-ce moi qui viens d’une autre planète ? Les jetées de la Marina sont éclairées tout du long, jusqu’au bout, reflétant leur halo dans les eaux calmes. Des « beats » de batterie me parviennent. Les deux côtés de la rue, nouvellement rouverte aux voitures depuis l’assassinat de Rafic Hariri, sont encombrés de véhicules aux chromes rutilants. Débordés, les préposés au parking me demandent de circuler. Plus de place pour me garer. J’argumente, je souris, j’essaie de gagner du temps, de repérer une place… Rien à faire. Tout juste si j’arrive à apprendre que l’on inaugure une nouvelle Playa et que la fête se passe au dernier étage du Palm Beach Hotel. Mais là, c’est une soirée privée. Joëlle GIAPPÉSI


18 000 concerts prévus en France cette année ! Du diable si je ne trouve pas quelques-uns à Beyrouth. C’est vrai que l’ambiance générale ne s’y prête pas trop, c’est vrai que l’on avait annoncé une annulation des manifestations culturelles de la Fête de la musique, mais tout de même, Beyrouth, ça reste Beyrouth… Je vais forcément trouver quelque...