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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Il a enregistré sous le label de Dar Ounboz une compilation de contes en langue arabe Raconter avec les mots de Jihad Darwich

Dès son jeune âge et depuis que sa mère lui a transmis le don de conter, Jihad Darwich balade ses mots et ses images. Au gré du vent, au gré des humeurs, ce conteur serein a pu créer une sorte d’addiction chez les Libanais qui l’attendent dès le mois de février au Monnot pour le rendez-vous du Festival du conte. Un rendez-vous devenu tradition et qui se perpétue aujourd’hui dans l’enregistrement d’un CD que les friands du récit auront le plaisir d’écouter bientôt. Établi en France, le conteur n’a jamais pris le large, sauf dans son imagination. De ses allers-retours dans son Liban natal, il rapporte souvent dans ses bagages de nouveaux effluves et impressions. Ayant auparavant signé des enregistrements et éditions en langue française, Darwich propose cette fois-ci dans une compilation, sous le label de Dar Ounboz, des récits en langue arabe, qu’il a lui-même sélectionnés selon ses affinités. C’est donc sous l’impulsion de cette jeune maison d’édition libanaise que le projet de compilation de contes est né. « Une manière de fortifier les fondations et de rassembler ce qui était dispersé en proposant aux jeunes conteurs une matière à réflexion, dit Jihad Darwich. Si le Moyen-Orient possède une riche histoire d’oralité, cela ne signifie pas qu’elle doit devenir comme un musée. Elle doit continuellement vibrer car les contes sont comme un organe vivant qui ont le pouls de la région d’où ils sont issus », poursuit Darwich. S’il est vrai que le conte est d’abord un mariage entre la vérité et le mensonge, il n’en demeure pas moins le miroir de la société. Et qui dit mariage, suppose histoire d’amour, car c’est de cela qu’il s’agit entre Jihad Darwich et ses récits. « On commence par raconter des histoires parce qu’on les aime et qu’on en tombe amoureux, dit-il. Et on voudrait par la suite faire partager cet amour aux autres. » Un trésor à préserver Le conteur est donc ce lien entre le récit et le monde. Au fil du temps, il se crée son propre répertoire, mais les milliers de récits appartiennent et doivent appartenir à l’humanité. Certes, on se les approprie, mais quand ils sont véhiculés, ils s’enrichissent et se magnifient. Ainsi, plus il y aura de conteurs, plus le mot sera riche et libre et plus l’imagination fertile. Mettre ces jeunes conteurs sur les rails, les accompagner et les guider, tel serait donc le travail du narrateur chevronné. Et Jihad Darwich l’a bien compris. Après avoir allumé la flamme pour le conte dans les cœurs des Libanais, voilà qu’il leur établit des structures. Et qu’il les encadre. D’abord en leur proposant cette compilation de récits et ensuite en instaurant avec Paul Mattar, directeur du théâtre Monnot, une « madrassa » qui enseignerait aux jeunes doués les techniques et les règles de cette oralité. « Depuis plus de cinquante ans que je subis l’ennui de la vie réelle, je n’ai trouvé aux soucis qui la dévorent qu’une compensation, c’est d’entendre des contes et d’en composer moi-même », dit Charles Nodier. Il serait donc bon de ne pas laisser ce patrimoine mourir. Et quoi de mieux pour le faire vivre que de lui insuffler la voix des conteurs ? Colette KHALAF
Dès son jeune âge et depuis que sa mère lui a transmis le don de conter, Jihad Darwich balade ses mots et ses images. Au gré du vent, au gré des humeurs, ce conteur serein a pu créer une sorte d’addiction chez les Libanais qui l’attendent dès le mois de février au Monnot pour le rendez-vous du Festival du conte. Un rendez-vous devenu tradition et qui se perpétue...