HUMEUR Fête de la musique, dites-vous ! Zéna ZALZAL

« C’était le temps des fleurs, on ignorait la peur, les lendemains avaient un goût de miel... » Fête de la musique, dites-vous ! Envie de fredonner ? Eh bien chantez avec Dalida ! Sur les ondes, en ce matin du jeudi 21 juin, les paroles de cette vieille rengaine résonnent étrangement dans mon esprit. Sur l’air – ou l’ère ? – de la fin d’une période de grâce, la chanson est d’actualité ! Étrange coïncidence, en cette journée où partout dans le monde l’on célébrait dans la joie et les réjouissances la Fête de la musique, que de tomber sur cet air nostalgique aux paroles troublantes de correspondance avec le désarroi, le désespoir qui enveloppent d’une chape de plomb tout le pays. Car, depuis ce funeste mois de mai où, au lieu des cerisiers en fleurs, le terrorisme a éclos chez nous, la peur qui nous habite à chaque instant a installé son rythme. Un tempo fait de palpitations angoissées, de battements de cœur affolés, de déflagrations scandées crescendo et de hurlements de sirènes effrénés. Fête de la musique, dites-vous ! Alors que partout ailleurs, les festivités ont battu leur plein hier pour marquer le solstice d’été et l’entrée dans la période ensoleillée de l’année, au Liban, les cœurs – et les chœurs – étaient loin d’être à la fête. De Fête de la musique, on n’en aura point eu cette année encore. Les rues de Beyrouth, les places des villages, les sites historiques du pays sont restés silencieux. Et la seule musique que l’on aura entendue est celle des chants funèbres, des tristes psalmodies des mères, des épouses, des sœurs de martyrs qui n’en finissent pas de tomber, jour après jour, semaine après semaine...