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Actualités - BIOGRAPHIE

Portrait Barak revient sur le devant de la scène

Subtile croisement de colombe et de faucon, l’ancien général et Premier ministre Ehud Barak est revenu sur le devant de la scène politique israélienne après six années de traversée du désert. Chef du gouvernement de 1999 à 2001, Barak a été élu à la tête du Parti travailliste en remplacement d’Amir Peretz, ministre de la Défense contesté pour la conduite de la guerre contre le Hezbollah au cours de l’été 2006. À 65 ans, l’ancien héros de l’armée israélienne s’est dit prêt à « apporter [son] expérience » et à assumer provisoirement les fonctions de ministre de la Défense au sein du gouvernement d’Ehud Olmert, « pour entreprendre les profondes réparations nécessaires au sein de l’appareil de défense et de l’armée ». Barak n’en souhaite pas moins la démission d’Olmert, voire l’organisation d’élections anticipées, après la dernière guerre au Liban vécue comme une humiliation par les Israéliens. Lorsqu’il était Premier ministre, Barak a lui aussi essuyé un feu nourri de critiques pour sa gestion de la question libanaise, en organisant en mai 2000 le retrait israélien du Sud-Liban après 22 ans de présence. Pour ses détracteurs, ce départ sous les tirs du Hezbollah a affaibli la pouvoir de dissuasion de l’État hébreu et encouragé les Palestiniens à se soulever en septembre 2000. Cette seconde intifada a valu à Barak une défaite électorale face au Likoud d’Ariel Sharon en 2001. Commence alors pour lui une éclipse politique passée dans le monde des affaires. « J’ai accompli ma part d’erreurs et mon inexpérience m’a nui », a-t-il reconnu en janvier. Je réalise désormais qu’il n’y a pas de raccourcis et qu’assumer une direction n’est pas un one-man show. » Ses deux années à la tête du gouvernement ont pourtant été marquées par d’ambitieuses, mais infructueuses négociations de paix avec les Palestiniens. À l’image de son père spirituel Yitzhak Rabin, son curriculum vitae d’ancien baroudeur le mettait à l’abri de tout soupçon de capitulation devant le « terrorisme » arabe. Il ne s’est jamais privé de rappeler qu’il était l’officier le plus décoré d’Israël, le « militaire numéro un », comme le résumait un slogan de sa campagne victorieuse de 1999. Ehud Barak, un sabra (natif de Palestine) né Ehud Brog en 1942 dans un kibboutz fondé par sa famille dans le centre d’Israël, a fait l’essentiel de sa carrière au sein de l’armée, où il s’est engagé à l’âge de 17 ans pour ne la quitter qu’en 1995. Déguisé en mécanicien, il dirigea l’unité de commando qui mena l’une des opérations les plus légendaires de l’armée israélienne, un assaut réussi contre des pirates de l’air palestiniens qui retenaient en otages les passagers d’un avion de la Sabena en 1972 à l’aéroport de Tel-Aviv. À l’actif de Barak figure également un raid clandestin à Beyrouth, où le futur leader du Parti travailliste, déguisé en femme arabe, s’était infiltré pour assassiner trois dirigeants extrémistes palestiniens. S’il a dirigé la répression des troubles palestiniens à Gaza et en Cisjordanie dans les années 1990, il a aussi pris part aux négociations de 1994 pour la mise en œuvre sur le terrain de l’autonomie palestinienne prévue par les accords d’Oslo. C’est pour rejoindre l’aventure pacifiste de Rabin, son lointain prédécesseur à la tête de l’armée, que ce diplômé de physique de l’université américaine de Stanford et pianiste talentueux à ses heures perdues s’est lancé en politique. Il a brièvement occupé le portefeuille de l’Intérieur dans le gouvernement Rabin avant que l’assassinat de ce dernier en novembre 1995 ne l’amène à reprendre le ministère des Affaires étrangères qu’abandonne Shimon Peres pour succéder au défunt. Le pari raté de Peres d’anticiper alors les élections législatives propulse Barak plus tôt qu’il n’aurait pu le prévoir lui-même à la tête du Parti travailliste, en juin 1997. Il promet alors de mener, lorsque son tour viendra, une campagne incisive qui ne laissera aucune chance au Likoud. C’est ce qui se passe en mai 1999. Barak est élu triomphalement. Il assemble une large coalition hétéroclite qui tiendra une année avant de se désagréger au fur et à mesure de l’avancée des négociations avec les Palestiniens. Confronté à la défection des partis de droite de son alliance, cet admirateur de De Gaulle et de Napoléon en appelle directement au peuple pour le soutenir avant les négociations de Camp David. Mais l’échec du sommet lui fait perdre pied dans les sondages.
Subtile croisement de colombe et de faucon, l’ancien général et Premier ministre Ehud Barak est revenu sur le devant de la scène politique israélienne après six années de traversée du désert.
Chef du gouvernement de 1999 à 2001, Barak a été élu à la tête du Parti travailliste en remplacement d’Amir Peretz, ministre de la Défense contesté pour la conduite de la...