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Actualités - CHRONOLOGIE

SCIENCE Les premiers bipèdes marchaient dans les arbres en s’aidant de leurs mains

La bipédie serait apparue chez les ancêtres de l’homme avec une marche debout dans les arbres, « assistée par les mains », suggèrent des chercheurs britanniques ayant observé des orangs-outans actuels. Dans une étude publiée aujourd’hui dans la revue Science, Susannah Torpe et Roger Holder, de l’Université de Birmingham, et Robin Crompton, de l’Université de Liverpool, proposent cette hypothèse en se basant sur le comportement d’orangs-outans de l’île indonésienne de Sumatra. Ces grands singes roux grimpeurs, qui passent la quasi-totalité de leur vie dans les arbres, s’y déplacent de trois manières à la recherche de la nourriture, expliquent les biologistes. Lorsqu’ils se trouvent sur de grosses branches horizontales, ils marchent à quatre pattes. Quand ils atteignent des branches d’épaisseur moyenne, ils les saisissent avec leurs mains pour y trouver un appui, voire pour s’y accrocher et s’y suspendre. Mais lorsqu’ils arrivent à de longues branches fines et souples à l’extrémité de la couronne d’un arbre, présentant souvent les fruits les plus appétissants, ils se redressent et s’agrippent sur une ou deux de ces branches moins solides avec les longs orteils de leurs pieds préhensiles et gardent l’équilibre à l’aide de leurs bras écartés, avant de saisir des branches au-dessus de leur tête. Dans cette position, ils avancent et même passent d’un arbre à un autre car les orangs-outans sont trop lourds pour franchir ces distances en sautant comme les singes de petite taille. Ainsi, ils se mettent à pratiquer la marche debout « assistée par les mains », selon les termes des trois auteurs qui y voient une technique de locomotion qui pourrait expliquer celle des premiers hominidés vivant encore dans les arbres, avant qu’ils ne descendent pour de bon au sol et ne commencent à marcher uniquement sur leurs pieds. Dans un commentaire publié dans Science, deux autres spécialistes britanniques, Paul O’Higgins et Sarah Elton (Hull York Medical School), qualifient le « modèle orang-outan » d’« argument plausible et élégant en faveur de l’émergence de la bipédie dans un contexte arboricole plutôt que terrestre ». Selon eux, la fragmentation de la canopée au cours du Miocène (il y a 5 à 23 millions d’années) en Afrique, a conduit les ancêtres des chimpanzés et des gorilles, plutôt qu’à continuer à passer d’arbre en arbre, à descendre régulièrement au sol pour y « inventer » une marche quadrupède originale qui consiste à s’appuyer sur le dos des doigts repliés de leurs mains. L’ancêtre de l’orang-outan asiatique aurait même, quant à lui, perfectionné cette locomotion dans la cime des arbres, tandis que le nôtre aurait maintenu la « bipédie arboricole préexistante » en l’adaptant à la marche au sol à travers les savanes entre zones boisées. Le problème, c’est que cette « descente de l’arbre », largement popularisée depuis des décennies, n’a jamais été démontrée et ne constitue qu’une des tentatives pour expliquer la marche exclusivement érigée de l’homme, sans équivalent dans l’ensemble du monde des primates. Pour l’anthropologue française Yvette Deloison, du CNRS, auteur d’une théorie selon laquelle la morphologie humaine ne peut provenir que d’un très vieil ancêtre déjà pleinement bipède, le modèle orang-outan est erroné. « Si notre ancêtre, commente-t-elle auprès de l’AFP, avait une anatomie permettant de faire ce que font les orangs-outans, avec des mains et des pieds si parfaitement adaptés au grimper et à la suspension, il aurait été beaucoup trop spécialisé pour pouvoir donner naissance à ce que nous sommes aujourd’hui. »
La bipédie serait apparue chez les ancêtres de l’homme avec une marche debout dans les arbres, « assistée par les mains », suggèrent des chercheurs britanniques ayant observé des orangs-outans
actuels.
Dans une étude publiée aujourd’hui dans la revue Science, Susannah Torpe et Roger Holder, de l’Université de Birmingham, et Robin Crompton, de l’Université de...