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Actualités - OPINION

Nahr el-Bared : les lecteurs ont voix au chapitre

À la masse silencieuse Pourquoi nous laissons-nous faire ? Pourquoi baissons-nous les bras ? 8 ou 14, c’est la même chose. Les deals sous la table, l’attraction du pouvoir… Et qui paie ? Sommes-nous encore si naïfs ? Nous sommes figés par la peur. Et malgré tout nous espérons. Mais à quoi bon, alors que personne ne pense au Liban ? Jusqu’à quand ? Jusqu’où ? Réveillez-vous ! Nadine HABRE La critique est aisée L’armée est une ligne rouge à ne pas franchir, me disait l’autre jour un ami, proche du Hezbollah. Et pourtant, les critiques pleuvent de part et d’autre, contre les ministres de la Défense et de l’Intérieur, contre les généraux Sleimane et Rifi, contre le gouvernement. Quelle honte après un travail empreint de courage et de dévotion indéniables au service de la nation ! Face à des ennemis jurés au Sud, face aux envieux qui nous harcèlent à l’Est et au Nord, le gouvernement et nos hommes de troupe ont fait preuve de sang-froid et de mesure. Le général Aoun saura-t-il se retenir de critiquer tous les jours ? Le pays a besoin de vivre en paix : plus de querelles intempestives qui enveniment la situation politique et donc économique ; entendons-nous sur un candidat unique et fort, neutre et honnête pour la présidence ; bâtissons ensemble un avenir solide pour nos petits-enfants. Quant au tribunal international, il est absolument incontournable rien que pour désigner les responsables, même si nous n’arrivions pas à les punir tous. Élie A. SEHNAOUI Beyrouth étouffe Si de nos jours, et grâce à quelques défenseurs du patrimoine, d’anciennes bâtisses sont toujours préservées, et parfois rachetées par la municipalité, comme l’immeuble Karam, pour être converties en musées (voir L’Orient-Le Jour du mercredi 16 mai), il est regrettable de voir dans quel état se trouve aujourd’hui la construction, surtout dans le Grand Beyrouth. Ainsi, si vous êtes propriétaire d’une vieille maison typiquement libanaise, avec un jardin, ne soyez pas étonné de voir un jour votre voisin vous bloquer vos fenêtres ou balcons par des murs de béton grâce à un coefficient d’exploitation pouvant atteindre 90 % de la surface du terrain bâti, ce qui lui permet d’ériger une tour dans une ruelle n’ayant pas changé de structure depuis l’indépendance. La question que se pose ici chaque Beyrouthin est la suivante : comment les infrastructures ont pu être modernisées dans des espaces aussi exigus ? La pénurie d’électricité n’est-elle pas un des exemples de ces problèmes insolubles ainsi surgis ? Et que peut-on dire de ces montagnes d’ordures qui se déplacent en catimini aux quatre coins du pays, provoquant la nausée à chaque déplacement ? Au début du siècle dernier, les Ottomans exigeaient que toutes les façades des maisons aient accès à la mer afin que la capitale demeure aérée. Aujourd’hui, Beyrouth étouffe, sauvons-la. Antoine SABBAGHA À propos des élections à l’ordre des médecins L’immixtion de la politique Certes, la politique est incontournable, elle aide à structurer notre société et elle régit parmi d’autres les relations entre citoyens. Mais il est déplorable qu’elle s’immisce si effrontément dans des organismes de professions libérales, organismes censés ne subir aucune influence, s’agissant d’institutions privées. Dimanche dernier, l’ordre des médecins a connu des élections basées essentiellement sur la lutte des pouvoirs des partis. Il est quand même bizarre de voir ces intellectuels, ces spécialistes scientifiques, ces humanistes se mobiliser autant et se convertir en militants acharnés. En cherchant chacun, selon ses engagements politiques, à hisser à la tête de leur ordre des représentants pourtant supposés avant tout défendre la déontologie et les intérêts de la profession médicale. Heureuse coïncidence, le Dr Georges Aftimos qui vient d’accéder à ce grand rôle de responsabilité se trouve être doté de capacités et de compétences remarquables. N’aurait-il pas été plus souhaitable que le choix de ses collègues soit guidé par ces seules considérations ? Néanmoins, même si nous n’approuvons pas des élections corporatives aussi fortement politisées, nous nous consolons en constatant avec satisfaction que la démocratie y a triomphé, puisque nous assistons à une « alternance » des forces : désormais, le Dr Aftimos, candidat soutenu par les Forces du 14 Mars, succède au Dr Mario Aoun, médecin affilié au CPL. Soit dit en passant, si la balance a croulé sous le poids des 2 192 votants favorables au candidat loyaliste, il faut chercher la raison du côté des centaines de médecins ayant appartenu par le passé au camp de l’opposition : ce dimanche-là, visiblement déçus, ils ont voulu manifester clairement leur décision de changer de bord. Claude ASSAF Votez indépendant Dimanche s’est déroulée l’élection du nouveau bureau du conseil de l’ordre des médecins du Liban et de son président. Une élection importante pour une profession pas comme les autres, où science et éthique doivent coexister pour offrir les meilleurs soins aux patients. Les candidats par dizaines avaient tous des qualités morales et scientifiques irréprochables. Malheureusement, les élections se sont politisées et notre choix devait se faire entre les candidats de la majorité et ceux de l’opposition. C’est triste pour un conseil qui se devrait d’être apolitique et dont la fonction est la défense des médecins, dont les droits sont de plus en plus bafoués, et, ne l’oublions pas, la défense des patients face à des erreurs médicales regrettables. La Maison du médecin était plus, dimanche, une arène politique que syndicale ; les différentes parties politiques étalaient leurs drapeaux et couleurs sans aucune retenue. Les candidats se déclaraient indépendants, alors même leurs listes étaient soutenues par tel ou tel parti politique. On est en droit de se poser la question : quelle serait la liberté ou la marge de manœuvre du futur président du conseil de l’ordre face au parti politique qui l’a soutenu ? Comment pourrait-il réagir face à un conflit opposant un confrère aux intérêts de ce même parti ? Comment en est-on arrivé à ce point de dépendance entre politique et médecine ? Pourquoi un candidat devrait-il s’aligner sur un parti politique, alors que ses qualités morales, scientifiques et humaines lui permettent d’être élu haut la main et de rester indépendant et surtout libre de ses choix futurs ? La médecine est une profession noble ; elle devrait le rester malgré les difficultés que traverse le corps médical. Son président est, et doit rester, le symbole d’indépendance, de moralité et d’ouverture. Le nouveau président a, sans aucun doute, toutes ces qualités. Souhaitons-lui un bon mandat, loin des tiraillements politiques afin d’assurer à ses confrères un meilleur avenir. Dr Élie CHAMMAS Merci M. Kouchner « Le centre de la capitale du Liban fait pitié », a martelé le chef du Quai d’Orsay lors de son point de presse à la Résidence des Pins. Le chef de la diplomatie française l’a dit avec une telle ardeur et une telle compassion que son discours, son sans image, nous aurait fait croire qu’il était prononcé par un responsable libanais. Hélas, l’image diffusée était là, si forte, si poignante qu’une fois de plus les Libanais étaient appelés à faire un constat amer : c’est désormais un responsable étranger, s’exprimant dans la langue de Molière, qui défend les intérêts de ce pauvre Beyrouth, meurtri par les siens ! M. Kouchner, nous ne pouvons que vous remercier pour votre visite de soutien mais surtout pour votre engagement, et celui de votre gouvernement, au service du Liban et de ses causes. Mais au-delà de ce paysage pitoyable de notre capitale, et de ce sort désolant réservé aux Libanais, je voudrais vous assurer que c’est avant tout notre classe politique qui fait pitié. Assoiffée de pouvoir, gangrenée par les intérêts personnels, dépourvue de tout sens public et otage de sa propre immaturité, elle n’a fait que malmener durant ces trois dernières décennies la gestion d’une structure sociale, déjà complexe. Mais cette classe politique qui fait pitié, cher M. Kouchner, et qui mérite dans sa presque totalité d’être mise à l’écart, pour ne pas dire « balayée », vit aux dépens de ses « sujets », accumule les richesses et se fiche du centre-ville et du pays… C’est la vérité, dans sa forme la plus crue, que j’ai voulu vous faire parvenir, en tant que jeune patriote, assommé par un cumul de déceptions. Bachir N. KHOURY Nous sommes tous des résistants Se réveiller le matin après une nuit passée à écouter les inepties télévisées ou les mauvaises nouvelles qui déferlent en masse, ou encore à guetter la prochaine explosion, se réveiller donc et démarrer une nouvelle journée, envoyer ses enfants à l’école ou aller tenter de travailler font de nous de vrais résistants. Ils auront tout essayé et on aura tout supporté. Vaillamment, héroïquement, courageusement et pas seulement parce qu’on ne peut pas faire autrement. Non, il y a dans ce pays des Libanais qui ont choisi de rester envers et contre tout, qui ont choisi d’y croire et qui luttent tous les jours pour la survie d’un pays. Ils ne nous auront pas et on restera là jusqu’à la dernière heure. C’est grand, c’est bien. Mais, en contrepartie, n’est-on pas en droit de demander la vérité ? Si, comme le prétendent certains, les enquêtes sont en cours, si les coupables sont connus, si des terroristes sont arrêtés, où sont-ils ? J’exige de voir la tête des assassins, j’exige de connaître les mains qui les manipulent, j’exige de savoir d’où ils viennent. L’heure est à la résistance, mais l’heure est aussi à la vérité. La pure, la seule, l’unique vérité. Pourquoi et surtout pour qui dissimule-t-on ce qu’on est en droit de savoir ? C’est toujours « des mains étrangères », des « ennemis du Liban », des « terroristes non libanais »… Cela suffit. Je veux savoir. Dans un pays qui se désintègre, on ne peut plus se payer le luxe d’atermoyer, de ménager, d’éviter d’envenimer une situation qui est de toute façon un poison lent. Arrêtons cette politique à la libanaise et osons dénoncer, montrer la tête des coupables, les faire avouer en direct, les faire pointer du doigt les commanditaires. On nous doit bien ça ! Tania HADJITHOMAS MEHANNA Contre les forces du mal Je suis Tunisien et je partage les souffrances du peuple libanais et les meurtrissures du pays de mes ancêtres, les glorieux Phéniciens. L’étendue de la violence aveugle qui perdure et se renouvelle m’appelle à dire aux hommes et aux femmes de bon sens qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Combien de soutiens promis, de sympathies exprimées n’ont servi à rien d’autre qu’à lever le voile parfois sur des hypocrisies politiciennes. Debout peuple du Cèdre, debout face à la terreur ! Que le gouvernement décrète l’urgence des urgences, le couvre-feu des couvre-feux, le ratissage systématique des rues et des quartiers, les déplacements limités, la fermeture provisoire des écoles et de certains lieux publics, la vigilance populaire. Qu’il y ait tolérance zéro contre la détention ou le port d’armes, car seule la puissance publique, en plein exercice de sa souveraineté légale et légitime, possède ce droit. Tout étranger, à quelque titre qu’il réside au Liban, doit respecter le devoir de réserve dans un pays souverain. Je n’ai aucunement la prétention de souffler au gouvernement souverain du Liban ce qu’il doit faire face à la crise, mais je lui lance un appel solennel pour qu’il s’entoure des forces du bien et qu’il barre la route aux forces du mal par tous les moyens et de la manière la plus musclée. Libanais mon frère de sang, il y va de ta vie et de celle de tes enfants. Que Dieu te garde. Abdel Karim KEBIRI Relax ! Relax, take it eaaaaaaaaasy ! chante Mika. Elle nous va si bien, cette chanson, à nous Libanais stressés. Parce que, depuis le temps que je suis stressée, voyons… ça remonte à quand ? Si je ne compte pas les précédentes années de guerre qui m’avaient déjà largement stressée et je commence à gérer mon stress – disons à partir de l’assassinat de Rafic Hariri, puis les attentats à la voiture piégée, puis les assassinats des politiciens, puis la guerre Israël-Hezbollah, et, cerise sur le gâteau, la guerre du Nord contre « l’ouverture de l’islam » (si je traduis littéralement), puis rebelote : encore des attentats. Retour à l’ambiance de guerre, retour en enfer. Rues désertes, magasins fantômes, électricité qui se fait de plus en plus rare. Dans ce Liban où l’on ne comprend plus rien, moi ça y est, j’ai tout compris ! Nous sommes un pays maudit. Condamnés à vivre éternellement « on/off » (comme l’électricité du pays) dans l’instabilité, le stress et la folie de la guerre. Une fois que vous l’avez compris, il n’y a plus de quoi déprimer. Nous sommes un peuple maudit, voilà tout, c’est écrit… Tout comme Paris est la Ville-lumière, Beyrouth est la ville de guerre. C’est simple, il suffisait d’y penser… Relax, take it eaaaaaaaaasy. Joanna SAAB Bravo M. Fatfat Enfin ! En quelques phrases brèves, claires et sans ambiguïté possible, Ahmad Fatfat a tout résumé, et d’une manière irréfutable, l’autre soir à la télé. Je zappais et étais sur le point d’éteindre le poste, écœurée par la litanie de mots et de phrases creuses prononcés par diverses personnalités, jamais dans le même sens. Karama. Khatt Ahmar. Tous, en réponse à la déclaration de sayyed Hassan Nasrallah et à sa prise de position, pour ou contre l’armée, utilisent les mêmes termes. Mais les mêmes termes mêlés à une sauce différente n’ont pas le même sens, et finalement ils deviennent tous refrain et rengaine, parce que sans opinion véritable derrière eux. Le flou politique au lieu du flou artistique… On ne peut pas avoir entendu tous ceux qui se sont exprimés, ni tout ce qui s’est dit. Mais on ne peut que s’émerveiller des finesses et des nuances linguistiques, en français comme en arabe, tout en regrettant que ceux qui les emploient n’aient pas ces mêmes qualités. Mais Ahmad Fatfat, lui, a très bien parlé. Il a fait le résumé des derniers jours, les liant à la « politique » constante syrienne, et à ce qui a provoqué et justifié ses actes les plus barbares contre nous et contre notre pays : le simple refus, obstiné, viscéral, absolu, de l’existence même du Liban, et encore plus, d’un Liban qui se veut différent, démocratique et souverain. Gaby BUSTROS

À la masse silencieuse

Pourquoi nous laissons-nous faire ? Pourquoi baissons-nous les bras ? 8 ou 14, c’est la même chose. Les deals sous la table, l’attraction du pouvoir… Et qui paie ?
Sommes-nous encore si naïfs ? Nous sommes figés par la peur. Et malgré tout nous espérons. Mais à quoi bon, alors que personne ne pense au Liban ? Jusqu’à quand ? Jusqu’où ?...