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SPECTACLE - « Al-Kinaa » de Mamdouh Adwan à l’Irwin Hall (LAU) Quand les masques tombent…

Une pièce courte et hystériquement percutante, avec quand même des passages verbeux, qui se veut dénonciation de la frustration et de la peur féminines dans le monde arabe. « Femmes au bord de la crise de nerfs » pourrait être la paraphrase de cet opus en situations en porte-à-faux. Telle est la production dramaturgique estudiantine proposée sur les planches de l’Irwin Hall (LAU). Une production en langue arabe de Mamdouh Adwan qui a pour titre Al-Kinaa où, dans un décor kitsch de vaudeville, se dévoilent deux personnages à la fois surprenants et prévisibles dans leur comportement et attitude car trahis par le geste et la parole... Une chambre à coucher aux tons prédominant rouge-bordeaux qui, éventuellement, fait secrètement penser à une maison de passe aux couleurs sanguines, avec commode, armoires et chaise pour un confort de petit bourgeois. Décor simple, mais qui en dit long déjà sur les intentions « sexuelles » de l’auteur, car toute chambre à coucher a un potentiel d’arène… Là, sur un lit sans fantaisie, se prélasse une fille de trente-cinq ans, ni laide ni remarquablement belle, passablement désirable, cheveux dénoués, pieds nus et lingerie fine satinée de la même couleur lie-de-vin que les rideaux… Et débarque en toute brusquerie un voleur arme au poing, godasse lourde aux pieds et visage encagoulé. Le mâle à l’état brut devant une femelle dépoitraillée… Or le but est clair : voler en toute impunité. Désarroi, trouble, crainte de la jeune femme et insatiable cupidité de l’intrus, compagnon de toutes les grossièretés que les femmes guettent. Mais il n’en reste pas moins que la situation est ambiguë et équivoque : une femme en lingerie craquante et un mâle bourru ! La première surprise passée, on ne parlera pas seulement bricoles, bijoux et petits sous, mais sexe, honneur, déshonneur, viol et séduction… Discussions amusantes et cocasses, vu la situation embarrassante, saugrenue… Mais c’était sans compter la frustration et le malaise de la jeune dame, surprise au saut du lit. Absolument drôle et délirant le passage où la belle supplie le voleur de la violer pour sauver son honneur ! Un voleur, ma foi intrigant, surtout quand il fume sa cigarette, jambes écartées, sur une chaise en osier, comme Marlène Dietrich dans L’ange bleu… Et s’enclenche une lutte folle entre ces deux personnages pour provoquer une sexualité assoupie de la part du voleur récalcitrant à tout acte portant atteinte à la pudeur… Trop poli ou indifférent ce mec à une belle qui s’offre sans vergogne ! Rire du public amusé par ce renversement des rôles quand la cagoule, arrachée dans les ébats, révèle une jeune femme superbe, voleuse de surcroît ! Rideaux, rires et applaudissements. Mise en scène sans grande audace mais avec une certaine finesse par Miriam Belhass, la pièce Al-Kinaa de Mamdouh Adwan réserve bien de surprises sur la mentalité et la sexualité féminines. Une caricature adroitement menée dans un dialogue aux éclats limités, qui monte en crescendo pour un finale surréaliste de provocation, avec une candeur presque enfantine. Les deux actrices (Mona Daoud et Doudou Khafaya) s’acquittent pas mal de leurs rôles respectifs, mais ne posent jamais correctement ou tranquillement leurs voix, ce qui donne à l’ensemble une dérangeante allure de criailleries. Edgar DAVIDIAN
Une pièce courte et hystériquement percutante, avec quand même des passages verbeux, qui se veut dénonciation de la frustration et de la peur féminines dans le monde arabe. « Femmes au bord de la crise de nerfs » pourrait être la paraphrase de cet opus en situations en porte-à-faux. Telle est la production dramaturgique estudiantine proposée sur les planches de l’Irwin Hall...