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Le printemps libanais, le vrai

Je veux, pour changer, parler d’autre chose que de politique. Je veux soulever une question qui n’occupe ni les Syriens, ni les Israéliens, ni même le Hezbollah. Je veux parler de la nature au Liban. Un état dont nous seuls sommes responsables et où nous pouvons agir sans excuse ou peur de représailles… Alors, à qui parler ? À qui ouvrir les yeux ? Mais regardez autour de vous ! Qu’il est beau le printemps au Liban… en ville comme en montagne ! Notre plus belle et plus courte saison. Le vert vif partout, clairsemé de jaune, de mauve et de rose. La colline qui surplombe Manara et où, telles des sentinelles, se dresse une armée de roses trémières, toutes en teintes pastel. Ailleurs les parcelles abandonnées, envahies d’une mer de boutons d’or. Les bords de routes et les flancs de montagne où explosent les genêts et les ajoncs parfumés. Ce sont « les trois semaines où la montagne est ivre », dit un dicton rural. Le printemps est un tel bonheur pour les yeux, mêlé d’amertume, car il offre la vision d’un possible peut-être, d’un pays paradis, si seulement nous aidions la nature un tout petit peu, au lieu de la maltraiter. Mais je sens pour ma terre comme si j’étais au chevet de ma mère. Impuissante, je ne peux que lui caresser les mains et la couver des yeux, ravalant ma douleur. Les arbres qu’on enfouit par milliers sous des tonnes de gravats pour le moindre chantier pentu, gravats et terreau qu’on ira acheter plus tard pour les besoins d’un autre chantier. Ainsi enterre-t-on encore une végétation sauvage et naturelle dont le terrain a besoin face aux pluies diluviennes de la région. Laxisme et barbarie gratuite, contre laquelle il existe pourtant une loi et des contraventions. Ailleurs, au contraire, on croit bien faire et là, on verse dans la débilité. À Hamra plus précisément, les imbéciles ont déterré les ficus plantés il y a plus de vingt ans, pour les remplacer par de jeunes magnolias, arbre décoratif par excellence et qui n’a d’intérêt que s’il est taillé en cône annuellement. Pourquoi ce choix ? Mais pardi, tout simplement parce que Solidere l’a fait au centre-ville ! Donc envie et jalousie, et bêtise repetita. C’est à s’arracher les cheveux. Et quid de la nouvelle autoroute nommée Émile Lahoud, qui va de Nahr el-Mott à Bickfaya ? Bordée de carrières et de falaises à pic, énormissimes, autant de plaies béantes qui ne cicatriseront jamais. Une roche mise à nu le restera toujours, alors qu’avec un peu de cervelle et d’argent on l’aurait taillée en paliers, pour laisser faire la nature et camoufler l’horreur. Mais penser à « l’avenir naturel » du Liban ? F......aises ! Qui prend ces décisions ? Qui paie ces travaux ? Et qui taille encore « à la française » des arbres qui ne demandent qu’à s’épanouir pour devenir immenses, pour nous donner de l’ombre, de la beauté et surtout du camouflage contre les façades moches et disparates qui bordent la plupart de nos avenues et de nos routes ? Je veux une réponse de la part d’un responsable sérieux, d’un ministère quelconque, d’un journaliste engagé qui fasse ses recherches. J’attends, j’espère et je ne suis pas seule, sûrement. Gaby BUSTROS Pour SOS Environnement

Je veux, pour changer, parler d’autre chose que de politique. Je veux soulever une question qui n’occupe ni les Syriens, ni les Israéliens, ni même le Hezbollah. Je veux parler de la nature au Liban. Un état dont nous seuls sommes responsables et où nous pouvons agir sans excuse ou peur de représailles… Alors, à qui parler ? À qui ouvrir les yeux ? Mais regardez autour...