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Actualités - REPORTAGE

Les relations entre le royaume chérifien et l’UE sont les plus avancées dans la région MEDA Le Maroc à l’heure européenne RABAT - Antoine AJOURY

Dès 1963, le Maroc a demandé l’ouverture de négociations en vue d’un accord commercial avec l’Europe, un accord conclu en 1969. Cette coopération a ensuite évolué pour aboutir à un nouvel accord en 1976. Pour accompagner cet accord, plusieurs protocoles ont été signés durant la période allant de 1976 à 1996. Le royaume chérifien avait même demandé officiellement son adhésion à ce qui était encore les Communautés européennes, dans les années 80. Entre-temps, la conférence de Barcelone, qui a réuni en 1995 les pays des deux rives du bassin méditerranéen, a abouti à un programme ambitieux de dialogue, d’échange et de coopération afin de garantir la paix, la stabilité et la prospérité dans la région. Ce partenariat s’établit au niveau bilatéral par un accord d’association avec chaque pays méditerranéen (MEDA) et l’Union européenne (UE). Le Maroc, qui occupe une place stratégique dans le partenariat euro-méditerranéen, a signé cet accord d’association en 1996. Après la ratification du document par tous les pays membres de l’UE, l’accord est entré effectivement en vigueur en 2000. Parallèlement à la coopération dans les domaines économique, social, culturel et financier, ces accords visent également à la promotion et au respect des principes démocratiques et des droits de l’homme. En 2003, et suite à la perspective de l’élargissement, l’UE a adopté une nouvelle politique à partir des nouvelles frontières de l’Union. Il s’agit d’un nouveau cadre proposé pour les relations avec les voisins orientaux et méridionaux de l’Union européenne élargie : la Politique européenne de voisinage (PEV). « Pour les pays du Sud (de la Méditerranée), avec lesquels l’Union européenne entretient des relations de longue date, et qui, depuis 1995, bénéficiaient du processus de Barcelone, on peut dire que cette nouvelle politique complète, précise et approfondit ce partenariat », estime Bruno Dethomas, chef de la délégation de l’UE au Maroc. Le nouveau plan d’action arrêté par le Maroc dans le cadre de la PEV a été signé il y a plus de deux ans. Intervenant lors d’un séminaire sur « les relations bilatérales entre l’Union européenne et les pays MEDA : l’exemple du Maroc », M. Dethomas a mis en exergue les différentes facettes de la coopération euro-méditerranéenne, soulignant l’intérêt qu’accorde l’UE au développement de ses relations avec le Maroc, qui fait partie des premiers pays à avoir signé un plan d’action avec l’Union. Selon l’ambassadeur de l’UE auprès de Rabat, le Maroc entretient les relations les plus avancées avec l’Union européenne, comparativement aux autres pays MEDA. Il a salué, à cet égard, les progrès réalisés par le royaume, notamment en matière de promotion des droits de l’homme et de consolidation de l’État de droit, notant que la Commission européenne continuera à soutenir les efforts du gouvernement marocain et à appuyer ses projets de développement économique et social. Selon M. Dethomas, l’UE appuie quasiment toutes les réformes entamées par le gouvernement du royaume dans les domaines de la santé, de la gestion de l’eau, de l’administration publique, de l’éducation, de l’éradication des bidonvilles et du transport. À titre d’exemple, un kilomètre sur quatre de route au Maroc a été financé par l’UE. Il a ainsi rappelé que le programme d’aide pour le Maroc sur la période 2007-2010 dans le cadre de la PEV s’élève à 654 millions d’euros, un montant en hausse de 20 % par rapport au programme MEDA, instrument financier du partenariat Euromed. Et malgré quelques points noirs sur ce tableau généralement positif – le chef de la délégation européenne cite notamment le dossier de l’immigration et reproche parfois l’enthousiasme du Maroc à vouloir « être plus ambitieux que l’Europe dans ses relations » malgré un manque de moyens – M. Dethomas estime que « l’UE et le Maroc marchent bien la main dans la main », ajoutant que « l’ambition est là, de part et d’autre. Mais nous serons jugés sur les résultats ». Pour sa part, Nabil Adghoughi, un haut responsable du ministère marocain des Affaires étrangères, confirme les résultats encourageants de la coopération entre son pays et l’Union européenne. « Partenaire de la première heure, l’ambition du Maroc est d’avoir un statut avancé dans le partenariat Euromed, une relation sui generis », souligne-t-il. Répondant par ailleurs à des critiques concernant le retard dans l’accomplissement de certaines réformes, notamment en matière de liberté de la presse, le responsable marocain affirme qu’il faut « faire du progressif et du graduel », et estime que des progrès majeurs ont été réalisés ces dernières années. Il est néanmoins nécessaire, à la lumière des derniers attentats de Casablanca au cours desquels plusieurs jeunes issus des quartiers pauvres de la ville se sont fait exploser, de se poser la question de savoir si le bilan volontairement positif brossé par les officiels marocains et européens est vraiment d’actualité. Les sommes astronomiques versées par l’UE ont-elles notamment abouti aux résultats escomptés, à savoir la création d’un voisinage où la prospérité, la stabilité et la sécurité dominent ?
Dès 1963, le Maroc a demandé l’ouverture de négociations en vue d’un accord commercial avec l’Europe, un accord conclu en 1969. Cette coopération a ensuite évolué pour aboutir à un nouvel accord en 1976. Pour accompagner cet accord, plusieurs protocoles ont été signés durant la période allant de 1976 à 1996. Le royaume chérifien avait même demandé officiellement...