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Actualités - CHRONOLOGIE

Le 9e art libanais au West Hall de l’AUB jusqu’au 28 mai Henry Matthews, collectionneur en série

On l’a connu amateur de fusées spatiales et auteur de plusieurs ouvrages aéronautiques. Puis il a exposé son talent de peintre en 2006. Aujourd’hui, c’est Henry Matthews le bédéphile qui dévoile sa passion au grand jour en accrochant sa collection de « comics » libanais au West Hall de l’AUB jusqu’au lundi 28 mai, de 10h00 à 19h00. À noter également la tenue, aujourd’hui jeudi 24 mai, à 17h00, d’une table ronde autour de la bande dessinée libanaise avec Jad Khoury, Ameen Rihani et… Henry Matthews, évidemment. En collaboration avec le Art Center de l’Université américaine. Voilà ! Plus de 10, 20, 30 ans qu’il accumule! Et voire plus, car son enfance ne compte pas pour de la margarine. Elle est même à l’origine de cette compulsion (on est si influençable à cet âge). Chaque jour, il forge son boulet lui-même ; et il achète, a acheté et achètera en série les séries de bédés. L’artiste collectionneur, un des responsables du bureau de l’information et des relations publiques de l’AUB, est né à Beyrouth, de mère libanaise et de père anglais, deuxième génération d’expatriés. Ancien des beaux-arts de la Beirut University College (BUC, aujourd’hui LAU), fou de bandes dessinées, il a fait ses premières armes dans le monde du travail (de 1978 à 1988), dans des maisons d’édition, à produire des versions arabes de Superman, Batman, Tarzan, Grendizer et Loulou. Durant ces années, il a également enseigné le design à l’IC et à l’AUB. En 1990, et dans un tout autre registre, il a publié l’Encyclopedia of Rocket Aircraft and Space Shuttles, éditée par Dar Alilm Lilmalayeen et qui a obtenu en 1993 le prix du meilleur livre scientifique arabe, décerné par la Fondation koweïtienne pour l’avancement de la science. Matthews possède également à son actif plusieurs publications, notamment Journey to the Planets, Test Pilots of the Space Age, Space Stations and Travel to the Stars et Flying Saucers. La bande dessinée est donc son autre passion. Ayant travaillé dans ce domaine, en traduisant et même parfois illustrant des bédés, il connaît parfaitement son sujet. Qu’il partage avec véhémence. C’est en Égypte que la première bande dessinée du monde arabe a été éditée, affirme le collectionneur en exhibant la couverture colorée du numéro 1 de l’hebdomadaire Sindibad : « un magazine pour les enfants de tous pays », daté du jeudi 3 janvier 1952. Les fameux Samir et Mickey ont également paru au pays des pharaons. « Le Liban était sans doute le second pays à éditer des “comics” », indique Matthews. Le pays du Cèdre a produit trois grandes familles de bédés, plusieurs petites éditions et une « aventure passagère ». Dar al-Rihani, dirigé par Laureen Choucair Rihani, a publié le 2 octobre 1955 le premier numéro de Dounia el-Ahdath (Le monde des jeunes). Le bimensuel de 16 pages en format A4 avait une couleur résolument locale. La plupart des dessins et des héros étaient made in Lebanon. En 1964, cette publication a changé de nom et de format. Le premier Al-Foursan (Les chevaliers), 14 x 20 cm, est paru le 6 octobre de cette année. À ses débuts, il possédait un caractère résolument libanais. « Mais au bout de quatre ans, toutes les planches étaient des traductions de bédés françaises ou américaines ». Al-Foursan n’a plus paru après 1972. Henry Mathhews cite une autre « success story » : celle de Bissat el-Rih, publié par Zuheir Baalbacki au début des années 60. Trente-deux pages où se mêlaient le remarquable travail artistique de Bahija Tomassian et des traductions de bédés françaises. Les personnages, Rido, Sumsuma et Alaeddine, ont joué un grand rôle dans le succès de ce magazine qui imprimait 12000 copies et qui était distribué dans le monde arabe. Arrêté en 1965, puis repris sporadiquement, le magazine a été republié en 1978. Mais il a sorti son dernier numéro en 1985. C’est sans doute la version arabe de Superman qui a pulvérisé tous les records de vente dans le monde arabe sous l’égide d’al-Matbouat al-Mousawara. Il a paru en 1964, et l’homme de fer est devenu un tel phénomène dans la région que le magazine Aramco a publié un dossier sur la version arabe de Superman et de sa « marraine », Leila Chahine Dacruz. La guerre de 1975 a mis fin aux aventures de Superman. Plusieurs magazines indépendants ont vu le jour, tels que Grendizer, Sindibad, An-Nahleh Zeina, tous des traductions d’illustrés ou des reproductions de cartoons télévisés. Matthews cite également Samer, qui a publié près de 600 numéros et s’est arrêté en 1990. Et Hazar, le seul à publier des bédés originales, produites localement. Il y a également Ahmad, magazine illustré d’éducation à l’islam, toujours en vie après sa parution en 1985. En 2006, la maison d’édition saoudienne Techkil a lancé de nouvelles traductions de Superman, Batman et Spiderman, productions de luxe offertes à bas prix. « Difficile pour les productions locales de faire la compétition, direz-vous, note le collectionneur, mais le mensuel libanais Farés a créé la surprise en offrant à ses lecteurs des bédés créées localement et une qualité artistique qui pourrait concurrencer les meilleures productions occidentales, également à un prix très abordable. » Henry Matthews espère que ce nouveau-né sera le fer de lance d’un nouveau boom d’illustrés libanais. La bédé libanaise revient ainsi, avec Farés, à la case départ. Maya GHANDOUR HERT
On l’a connu amateur de fusées spatiales et auteur de plusieurs ouvrages aéronautiques. Puis il a exposé son talent de peintre en 2006. Aujourd’hui, c’est Henry Matthews le bédéphile qui dévoile sa passion au grand jour en accrochant sa collection de « comics » libanais au West Hall de l’AUB jusqu’au lundi 28 mai, de 10h00 à 19h00. À noter également la tenue,...