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Actualités - OPINION

La leçon des trente dernières années a-t-elle porté ?

Notre pays est aujourd’hui menacé par de graves crises politiques et économiques qui s’accumulent ; les erreurs se multiplient, la violence aussi, et le peuple vit dans une angoisse intolérable. Les protestations violentes et meurtrières s’aggravent de jour en jour, les déchirements se multiplient, menaçant la cohabitation et l’équilibre national. Les affrontements violents mais surtout humiliants entre les partisans des différentes parties ont prouvé que nous ne sommes pas ce que nous croyons être : un peuple civilisé. Nous avons en effet fait preuve d’une singulière animosité, nous avons révélé au monde notre véritable nature, celle de gens querelleurs et violents, dotés d’une exceptionnelle tendance à nous opposer les uns aux autres, incapables de nous épanouir et de vivre dans la concorde. C’était triste et humiliant de voir le frère s’en prendre à son frère. Plus triste encore de voir des universitaires échanger coups et insultes, eux les hommes de demain. D’autant que nos chefs, avides de pouvoir, insensibles au désastre qu’ils provoquent, sourds aux cris des victimes, continuent inlassablement d’échanger des accusations, de mentir, de dresser les Libanais les uns contre les autres au risque d’entraîner le pays dans une guerre civile. La situation est grave. Trente ans de guerre, d’occupation, de soumission, d’humiliation, onze ans de prison et quinze ans d’exil n’ont-ils pas réussi à nous rendre plus lucides, à nous éviter de retomber dans les erreurs et les horreurs du passé, à tirer la leçon de tous nos échecs ? C’est grave parce que nos dirigeants, au lieu de combattre réellement les sources de haine et de violence, sont en train de les entretenir et de les utiliser pour redessiner le pays à leur convenance. C’est grave parce que les esprits sont bloqués, les oreilles sourdes, le dialogue impossible, la sagesse absente. C’est grave parce que le monde progresse et nous régressons. Je crois que si nous acceptons d’analyser objectivement et lucidement les choses, si nous acceptons de regarder la réalité en face, si nous cessons de chercher toujours à accuser les autres pour tous nos problèmes, de croire naïvement à tout ce qu’on nous dit, d’être galvanisés par certaines idéologies, si nous cessons d’obéir aveuglément à nos leaders et de nous laisser prendre à leurs jeux cyniques et amoraux, si nous nous décidons à condamner avec la plus grande énergie, et sans lui trouver excuses et circonstances atténuantes, toute personne qui risque d’entraîner le pays dans une nouvelle guerre civile, si nous nous débarrassons de cette tendance à déserter notre pays chaque fois qu’il est menacé, de reconnaître nos responsabilités et nos devoirs envers lui, de nous mettre courageusement au service de notre nation, d’être là où nous devons être, là où on nous attend, de tendre la main à l’autre, de le respecter et de l’accepter, nous aurons alors une chance de pouvoir réunifier ce pauvre pays aujourd’hui en morceaux. D’autre part, si nos leaders s’arment d’un peu de sagesse pour pouvoir régler les conflits d’une manière pacifique, s’ils réussissent à promouvoir leurs thèses sans recourir à la force, alors oui, tout devient possible. Je le dis sans ironie, je suis séduite par les slogans de certains chefs : démocratie, souveraineté totale, justice sociale, fraternité, cohabitation, perspective de bonheur pour tous, etc. Il suffirait de quelques petits efforts pour retenir le peuple chez lui, pourvu qu’ils cessent de pratiquer leurs politiques inspirées autant par la loi de la jungle que par l’antique terreur, qu’ils cessent de préférer leurs humeurs et leurs intérêts aux intérêts supérieurs de la nation, qu’ils cessent d’exploiter, sinon de provoquer, le fanatisme de certains groupes, et ce, pour ménager leurs propres intérêts. Enfin, qu’ils cessent de mêler Dieu à toutes leurs actions, et les choses iraient beaucoup mieux. Mais c’est là sans doute que réside la difficulté principale parce que notre éducation et notre formation, ainsi que celles de ceux qui dirigent ce pauvre pays nous rendent peu aptes à regarder les choses avec clairvoyance et honnêteté, et à résoudre les conflits avec sagesse et d’une manière pacifique. Le plus important actuellement réside dans l’espoir que dans les quelques années à venir, une nouvelle génération lucide sache tirer les leçons de notre misérable passé. Parce que, hélas, la leçon des trente dernières années n’a pas jusqu’à nos jours porté. Loin de là ! Paula BOURAAD Directrice commerciale
Notre pays est aujourd’hui menacé par de graves crises politiques et économiques qui s’accumulent ; les erreurs se multiplient, la violence aussi, et le peuple vit dans une angoisse intolérable. Les protestations violentes et meurtrières s’aggravent de jour en jour, les déchirements se multiplient, menaçant la cohabitation et l’équilibre national. Les affrontements...