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Actualités - OPINION

Quand l’ambiguïté prime...

Il est des situations où l’ambiguïté a le pas sur la clarté. On recule devant la lumière de la vérité, jusqu’au jour où tout apparaît dans sa crudité ; et ce sera à la grande confusion des protagonistes qui n’ont pas eu le courage de contempler cette vérité. On aura deviné que nous pensons aux relations du général Aoun avec le Hezbollah. Si nous revenons au lendemain de la guerre de juillet, nous trouvons le général, dans le gênant « profil bas » qu’il a dû adopter après les massacres et les destructions, chercher à regagner le devant de la scène en justifiant, malgré tout, son alliance avec le parti extrémiste. Nous le voyons plaider, sans état d’âme, la légitimité pour le Hezb de garder son armement, ne craignant pas d’appuyer son choix sur cette précision importante et lapidaire : « L’armement du Hezb est pour l’extérieur, non pour l’intérieur. » Il reprenait ainsi une affirmation de Hassan Nasrallah lui-même. C’était évidemment rassurant pour une population libanaise rendue sceptique par les épreuves et traumatisée par les horreurs d’une guerre déclenchée contre son gré. Mais ne voilà-t-il pas que l’un des ténors du parti, Mohammad Raad, dont la fougue ne se laisse désarçonner par personne, sort une déclaration tonitruante, qui semble faire litière de ce qui précède. Il a dit, dans le Nahar du 19 mai p.6 (traduction littérale) : « L’armement de la Résistance est la garantie du non-retour de la sédition et à ne plus s’entre-tuer à l’intérieur... (armement) sans lequel les porteurs d’armes auraient été incités à s’entre-tuer de nouveau et à la sédition. Il (l’armement du Hezb) est la garantie de la paix intérieure, de l’absence de tuerie et du refus de s’y laisser entraîner. » Ici, une double question à poser au général : 1) Est-ce que l’alliance conclue le 6 février 2005 entre le CPL et le Hezb laissait à ce dernier pleine liberté de garder son armement sans avoir à en répondre devant personne dans ce Liban ? 2) Est-ce que le Hezb a stipulé son droit – soi-disant « pour la sauvegarde de la paix civile » – d’utiliser son armement contre la population civile libanaise ? Ces deux questions requièrent réponse. Si celle-ci était positive, ce serait la négation de la tranquillisation citée plus haut, donnée par le général aux Libanais. Car on doit bien supporter le poids des mots qu’on a lâchés, même hâtivement : « Nos actes nous suivent... » Maintenant, si nous relisons le discours-fleuve prononcé par Nasrallah lors d’une distribution de diplômes scolaires (an-Nahar du 10/4/07, toute la p. 4), nous trouvons qu’il n’y a pas une telle contradiction entre la position du chef (sayyed Nasrallah) et celle de Raad. En effet, dans ce discours, Nasrallah interpelle la majorité gouvernante disant, entre autres : « L’État qui permet l’invasion du Liban et l’occupation de sa capitale n’est pas un État... l’État qui complote contre son peuple et ses habitants et contre la plus honorable résistance dans le pays n’est pas un État... » Et en conclusion, il leur dit : « Lorsque vous serez devenus un État, venez alors et réclamez de nous de ne plus être un État dans l’État. » D’ailleurs, quelques jours avant ce discours, le général avait formulé des critiques pas tellement plus aimables à l’endroit de la majorité gouvernante : « S’ils s’obstinent à bafouer la Constitution, le pays va à la catastrophe » (L’Orient-Le Jour du 2/4/07, la manchette de la p. 3). Les propos de Aoun, Nasrallah et Raad, qui dénoncent la façon dérisoire dont, selon eux, le pays est gouverné, ne sont pas éloignés les uns des autres. Ils veulent le départ du gouvernement après l’avoir traîné dans la fange. Cela étant, qui peut dire que, en travaillant activement à la dégradation de la situation, ils ne voudront pas, à la limite, dresser un « constat de carence » et proposer que le Hezbollah (aidé par le CPL) vienne à la rescousse et « mette de l’ordre » dans tout cela ? L’histoire témoigne de cas où un régime politique est devenu totalitaire sans forcément avoir besoin d’un coup d’État. La question est posée. Les responsables ne devraient pas, d’emblée, la déclarer superflue. Albert SARA Avocat
Il est des situations où l’ambiguïté a le pas sur la clarté. On recule devant la lumière de la vérité, jusqu’au jour où tout apparaît dans sa crudité ; et ce sera à la grande confusion des protagonistes qui n’ont pas eu le courage de contempler cette vérité.
On aura deviné que nous pensons aux relations du général Aoun avec le Hezbollah. Si nous revenons au...