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Festival de Cannes - Le troisième film en compétition hier était l’impressionnant « Lumière silencieuse » du Mexicain Carlos Reygadas Tarantino pour rire et Julian Schnabel pour pleurer

Treize ans après sa Palme d’or pour « Pulp Fiction », Quentin Tarantino a amusé Cannes avec « Boulevard de la mort », exercice de style et pastiche des films d’exploitation des années 70, tandis que « Le scaphandre et le papillon » de Julian Schnabel a ému le festival. Le troisième film en compétition hier était l’impressionnant « Lumière silencieuse » du Mexicain Carlos Reygadas. Le beau film de Julian Schnabel a certainement vu couler les premières larmes des festivaliers, après une semaine de compétition. Le scaphandre et le papillon déroule le récit bouleversant, mais sans pathos, de l’expérience vécue par le journaliste français Jean-Dominique Bauby, fauché par un accident vasculaire brutal qui le plonge dans un coma profond. Lorsqu’il se réveille, cet homme de 42 ans en pleine ascension professionnelle, père de deux enfants, ne dispose plus d’aucune faculté motrice, atteint du « locked-in syndrome » – littéralement enfermé à l’intérieur de lui-même –. Prisonnier de ce corps inerte plus lourd qu’un scaphandre, il reste relié au monde extérieur par l’un de ses cils, papillon de vie grâce auquel il peut communiquer en clignant de l’œil. De cette manière, il dicte chaque jour les phrases qu’il a mémorisées des heures durant pour raconter ce cauchemar et composer un livre, dont est tiré le film. Un personnage principal muet, immobile, sans expressivité ou presque : les contraintes qui auraient pu conduire le film au naufrage en font sa force. Schnabel filme du point de vue flou, décadré, égaré de Jean-Dominique Bauby qui se raconte via la voix off pleine de nuances de Mathieu Almaric. Dans le rôle du journaliste, l’acteur livre une prestation intense, entouré d’une galerie de personnages d’une grande justesse. Boulevard de la mort est né de l’amour commun de Tarantino et Robert Rodriguez pour les films de série B diffusés dans les drive-in américains et qui ont bercé leur jeunesse. Dans une version abrégée, ce film forme avec Planète Terreur de Rodriguez le diptyque Grindhouse, hommage à toute cette sous-culture, tièdement accueilli aux États-Unis. Boulevard de la mort, qui sort le 6 juin en France, est un pastiche de « slasher movie » (film où un tueur psychopathe massacre des ados) dans lequel Kurt Russell, alias Stuntman Mike, se sert de ses voitures au moteur surgonflé pour tuer ses victimes. Ces dernières sont une bande de jolies filles (Sydney Tamiia Poitier, fille de Sidney Poitier, Rosario Dawson...) dont trois finiront par se venger dans une fin très féministe, après une poursuite d’anthologie. Le scénario n’a de toute façon pas grand intérêt. Le sel de Boulevard de la mort vient de son côté pastiche et ultraréférencé : générique, bande originale et ambiance très années 70, grain de l’image et défauts calqués sur ceux de cette époque, clins d’œil en pagaille, dans les nombreuses allusions à des films cultes (dont Point limite zéro de Richard Sarafian, 1971) comme dans le casting (Kurt Russell, un fidèle de John Carpenter, ou la cascadeuse Zoe Bell, doublure d’Uma Thurman dans Kill Bill). Cet hommage futé est réussi et agréable à regarder. Pas de quoi cependant prétendre à la Palme a priori. Car si Tarantino, en véritable fétichiste, a toujours œuvré à réhabiliter la sous-culture qu’il adore, l’exercice de style prend ici le pas sur l’ambition cinématographique, contrairement à Reservoir dogs, Pulp fiction, Jackie Brown ou les Kill Bill. Enfin, dans Lumière silencieuse, Reygadas met en scène les tourments moraux nés d’un adultère dans une communauté religieuse traditionaliste, les mennonites.

Treize ans après sa Palme d’or pour « Pulp Fiction », Quentin Tarantino a amusé Cannes avec « Boulevard de la mort », exercice de style et pastiche des films d’exploitation des années 70, tandis que « Le scaphandre et le papillon » de Julian Schnabel a ému le festival. Le troisième film en compétition hier était l’impressionnant « Lumière silencieuse » du Mexicain Carlos...