Rechercher
Rechercher

Actualités

Les festivaliers réservent un bon accueil à un film roumain sur l’avortement Cannes sous le signe du « Zodiac », polar élégant et obsessionnel

Le Festival de Cannes était jeudi sous l’influence du Zodiac, polar américain élégant et obsessionnel relatant comment la folie énigmatique d’un meurtrier en série a terrorisé une population entière et bouleversé la vie de ceux qui ont voulu résoudre ce mystère. Cette superbe mécanique est signée David Fincher et est inspirée d’un fait divers qui a traumatisé la région de San Francisco à partir de la fin des années 60. Déjà distribué aux États-Unis, Zodiac restitue avec une minutie envoûtante la vaine course poursuite d’un tueur en série dans laquelle une poignée d’enquêteurs de police et de journalistes sacrifieront beaucoup d’énergie, d’illusions, parfois aussi leur vie de famille, voire leur santé psychique. L’homme qui massacre des couples isolés et nargue police et médias par des messages codés et des fanfaronnades morbides va devenir une obsession, voire une addiction, pour l’enquêteur David Toschi (Mark Ruffalo), le journaliste Paul Avery (Robert Downey Jr) et plus encore pour le jeune caricaturiste de presse Robert Graysmith (Jake Gyllenhaal). « L’esprit humain est à la recherche d’une vérité, d’une logique à trouver dans le chaos », a analysé hier devant la presse David Fincher, un maître du thriller psychologique (Se7en, Panic room), qui a vécu enfant la psychose suscitée par ce fait divers. À l’instar d’un film comme Les hommes du président, d’ailleurs cité en référence par Fincher, le film s’interroge aussi sur les mutations des États-Unis, la capacité de la presse à résister à la manipulation, ou l’influence croissante de la télévision. Zodiac est entré dans la course à la Palme d’or en même temps qu’un film roumain stupéfiant sur l’avortement, 4 mois, 3 semaines et 2 jours, réalisé par Cristian Mungiu, lui aussi invité pour la première fois en compétition officielle. Plus de la moitié des réalisateurs des 22 films en lice concourent d’ailleurs pour la première fois pour la Palme d’or. Ce choix exprime la volonté du Festival de mettre à profit son 60e anniversaire pour démontrer la vitalité du 7e art. Mungiu, une des plus belles signatures d’un jeune cinéma roumain extrêmement créatif, expose avec puissance et crudité comment un avortement, dans la Roumanie communiste de 1987 qui l’interdisait, pouvait tourner au cauchemar. Le dictateur Nicolae Ceausescu avait pris le contre-pied du reste du bloc soviétique en interdisant en 1966 l’avortement pour faire remonter la natalité. Mungiu, né en 1968, a d’ailleurs souligné devant la presse « qu’il faisait partie des bébés de cette époque-là ». Porté par le jeu remarquable d’Anamaria Marinca, le film, qui a reçu un bon accueil de la part des festivaliers, fait descendre le spectateur dans un abîme où chaque faux pas, chaque catastrophe en provoque une autre, un peu à la façon d’un After hours, l’humour en moins, où les lofts artistiques new-yorkais auraient cédé la place à des chambres d’hôtel glauques et des banlieues plongées dans la pénombre. Le réalisateur n’évoque qu’indirectement les scènes les plus crues de relations sexuelles ou celle de l’avortement, mais choisit de montrer un fœtus. « Les gens ont tendance à voir les choses de façon abstraite, or ce n’est pas de l’abstraction, mais de l’humain, ce n’est pas qu’une certaine quantité de cellules », a fait valoir le réalisateur. La course pour la Palme d’or se poursuit aujourd’hui avec le premier film français en compétition, la comédie musicale Les Chansons d’amour de Christophe Honoré, et Izgnanie du grand espoir russe Andreï Zviaguintsev.
Le Festival de Cannes était jeudi sous l’influence du Zodiac, polar américain élégant et obsessionnel relatant comment la folie énigmatique d’un meurtrier en série a terrorisé une population entière et bouleversé la vie de ceux qui ont voulu résoudre ce mystère. Cette superbe mécanique est signée David Fincher et est inspirée d’un fait divers qui a traumatisé la...