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Actualités - CHRONOLOGIE

ÉVÉNEMENT Rétrospective Paul Poiret au MET de New York Page réalisée par FIFI ABOU DIB

Il libéra la femme du corset, mais aussi inventa la robe-chemise, imposa les lignes droites, popularisa les couleurs vives : le Metropolitan Museum of Art de New York (MET) salue le Français Paul Poiret, devenu la référence des créateurs contemporains. Directeur artistique de Balenciaga, Nicolas Ghesquière, le chouchou des fashionistas d’aujourd’hui, était à l’ouverture de l’exposition lundi, pour dire l’influence de ce couturier qui bouleversa le vêtement, il y a juste un siècle. « Je suis devenu fan de Poiret à 17 ans, a dit le créateur, dont la maison parraine l’exposition. À cause de la modernité de la silhouette, de la liberté, de la richesse de l’expression artistique. » Installés dans des décors début du XXe siècle, la cinquantaine de mannequins de l’exposition offrent une vision spectaculaire de couleurs chatoyantes, tissus luxueux, coupes des plus audacieuses pour l’époque. Paul Poiret est revenu sur le devant de la scène en 2005, à la faveur d’une vente aux enchères-événement, qui vit se disputer à Paris les plus grands musées pour les trésors vendus par sa petite-fille. Juste avant, Azzedine Alaïa avait monté dans la capitale française une petite exposition consacrée à l’avant-gardiste créateur. « La présentation d’Alaïa créa une excitation terrible dans le monde de la mode. Toutes les grandes institutions étaient là pour les enchères, ce fut un événement historique », avait déclaré Harold Koda, conservateur du Costume Institute du MET. Pour le MET, la rétrospective est l’occasion de présenter la vingtaine d’ensembles acquis lors de cette vente. D’autres, venus de l’Historical Society de Chicago, du Musée de la mode de Paris ou d’ailleurs, complètent l’exposition. Les modèles montrent l’émergence, dès avant la Première Guerre, des lignes droites, comme sur cet ensemble jupe plissée et corsage-tee-shirt évasé en crêpe orange, ou ces manteaux plats empruntant aux kimonos japonais. Le créateur aux influences orientales popularise aussi « sarouels » et tuniques. Poiret, qui avouait ne pas savoir coudre, fut particulièrement novateur dans l’art du drapé et du travail direct sur le corps. Le MET, grâce à une reconstitution numérique en 3 D, montre comment il créa un de ses fameux manteaux, en tordant et déformant une pièce de velours de soie. Couleurs audacieuses et robe-minute Le créateur tentait aussi des associations de couleurs audacieuses et travailla avec le peintre Raoul Dufy, qui concocta des imprimés spectaculaires, comme pour ce manteau noir et blanc baptisé « La Perse », montré au MET. La simplicité de la coupe, les hauts soulignant les épaules et non plus la taille, l’arrivée d’une femme élancée... « c’est époustouflant de modernité », relève Harold Koda, dont l’exposition rend aussi hommage à l’épouse et muse du couturier, cette « jeune femme de province qui sut se vêtir avec tant d’audace ». Une photo montre par exemple Denise Poiret en 1913 allongée sur un canapé du Plaza de New York, vêtue de la « robe-chemise », une pièce en forme de T, si simple qu’elle prit le nom de « robe-minute » car elle pouvait se fabriquer en une demi-heure. Le faiseur de tendance pourtant perdit son influence dans les années 20, refusant de céder à la mode unique d’alors, le look « garçonne », résistant au style fonctionnel et chic qui fit le succès de Chanel et qu’il avait lui-même contribué à lancer. Quelque 80 ans plus tard, le MET veut faire découvrir ce pionnier aux États-Unis, où « il est oublié » relève-t-on. Lundi dernier, le gala annuel du musée, avec en vedettes Cate Blanchett et François-Henri Pinault, devait lui être dédié. Pour la petite histoire, le top Selita Ebanks, égérie de la lingerie Victoria’s Secret, a fait son apparition au gala, habillée par le couturier libanais Zuhair Murad d’une robe blanche près du corps, agrémentée d’une cascade de volants et dont le col était rebrodé de perles d’argent. C’est à la sortie de cet événement prestigieux qu’en plein Times Square, son compagnon Nick Cannon lui a présenté à genoux sa demande en mariage. Son argument, un diamant de 12k, n’a pas rivalisé d’éclat avec la belle ! De quoi pousser un « Koullouna » ?
Il libéra la femme du corset, mais aussi inventa la robe-chemise, imposa les lignes droites, popularisa les couleurs vives : le Metropolitan Museum of Art de New York (MET) salue le Français Paul Poiret, devenu la référence des créateurs contemporains.
Directeur artistique de Balenciaga, Nicolas Ghesquière, le chouchou des fashionistas d’aujourd’hui, était à l’ouverture...