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Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE - Un printemps asiatique du musée Sackler Balade dans les jardins d’Éden

WASHINGTON - Irène MOSALLI Le printemps washingtonien. D’abord, on se bouscule pour aller voir les cerisiers japonais en fleurs, juste durant une semaine, puis une multitude d’autres floraisons. Il y a aussi l’invitation du musée Sackler à venir humer l’air qui flotte dans les jardins d’un autre continent, à travers une exposition intitulée « L’Est d’Éden : les jardins dans l’art asiatique ». La soixantaine d’œuvres picturales qui composent cette promenade datent du XIIe siècle jusqu’à aujourd’hui. L’opulence, la sérénité et le surnaturel sont le dénominateur commun de ces jardins cultivés sur chevalet dans un style néanmoins variant d’un pays à l’autre. Cette différence est mise en relief dans l’ordonnance de l’exposition qui regroupe, d’une part, l’image des jardins du sud et de l’ouest de l’Asie (l’Irak, l’Iran, la Turquie et le sous-continent indien) et, d’autre part, celle de l’Asie de l’Est (la Chine et le Japon). La nature mise en scène L’Asie a toujours été associée aux premiers paysages manucurés et c’est en Mésopotamie que l’on situe l’Éden et les jardins suspendus de Babylone. L’un des organisateurs de cette exposition précise que le mot paradis, souvent synonyme du jardin d’Éden, possède des connotations similaires au vieux Persan, qui décrit un verger clôturé ou un terrain de chasse délimité. Tout une atmosphère qui a inspiré les artistes sous toutes les latitudes asiatiques. Cependant, leurs représentations de ces lieux de délices ne relèvent pas de ce qu’ils ont vu, mais de la perception d’un jardin parfait, d’un jardin de rêve. Témoin, un panneau japonais du XVIIe siècle intitulé Les dames de la cour admirant les cerisiers en fleurs où les personnages sont placés dans un jardin, comme mis en scène. Ailleurs, une grande peinture, traitée à la manière des topographies et inspirée par l’évocation coranique du paradis, décrit le jardin le plus célébré de l’Inde, celui du Taj Mahal. Puis, arrêt dans un jardin persan divisé en quatre par des cours d’eau qui se retrouvent en son centre. Les plates-bandes de fleurs sont alignées comme les motifs d’un tapis persan. C’est là une réminiscence des quatre rivières (de l’eau pure, du vin, du lait et du miel) du paradis. Absents de ces visions, les changements de saison. Le temps est toujours au beau fixe. L’approche géométrique de la flore et son éternel printemps s’estompent en s’approchant de la Chine et du Japon. Quoique toujours paisibles et sanctifiés, les jardins dégagent ici un autre genre de beauté. Les changements de la nature sont une vertu. Dans les jardins japonais, on admire autant la flétrissure d’une plante que son épanouissement. La splendeur des cerisiers en fleurs n’est pas plus significative que la soudaine rafale qui fait s’envoler leurs pétales comme des flocons de neige. L’arbre à kaki est la parfaite illustration de cet esthétisme. Plutôt que de peindre minutieusement la branche contorsionnée, l’artiste a laissé couler son encre avant de la diriger. Par ailleurs, en Chine et au Japon, les rochers et le sable qui disent l’immortalité sont, à la fois, ornements et coins de recueillement. On ne cultive pas son jardin idyllique. Il est déjà prêt pour servir de cadre à de splendides fêtes, des escapades amoureuses, des méditations, des balades poétiques et des rencontres entre connaissances.
WASHINGTON - Irène MOSALLI

Le printemps washingtonien. D’abord, on se bouscule pour aller voir les cerisiers japonais en fleurs, juste durant une semaine, puis une multitude d’autres floraisons. Il y a aussi l’invitation du musée Sackler à venir humer l’air qui flotte dans les jardins d’un autre continent, à travers une exposition intitulée « L’Est d’Éden : les...