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Le réchauffement, un enjeu de sécurité pour les États-Unis

Menaçant de larges populations à travers le monde, du delta du Niger à la Somalie et à l’Asie du Sud, le réchauffement climatique représente un réel risque de sécurité pour les États-Unis, ont expliqué mercredi d’anciens militaires à des sénateurs américains. « Le climat représente une grave menace pour la sécurité nationale », a déclaré l’amiral Joseph Prueher, ancien ambassadeur en Chine et coauteur avec une dizaine d’autres officiers à la retraite d’un récent rapport sur le sujet. « Le changement climatique va exacerber de nombreuses causes d’instabilité déjà existantes, alors que ces instabilités sont l’un des terreaux de l’extrémisme », a-t-il ajouté lors d’une audition à la commission des Affaires étrangères du Sénat. Le général Charles Wald a particulièrement insisté sur les risques encourus en Afrique : une énorme crise énergétique pourrait succéder à une inondation du delta du Niger, ou à des tempêtes, endommageant les installations pétrolières de la région. En outre, « des millions de personnes pourraient être déplacées » au Nigeria, et une telle migration forcée risque d’être particulièrement délicate à gérer dans ce pays partagé entre chrétiens @et musulmans. « Ces tensions pourraient dramatiquement aggraver la confusion et le désespoir actuels (...), et cela rend la perspective d’un conflit très réelle », a-t-il averti. Pour cet ancien de l’armée de l’air, la Somalie illustre déjà l’impact d’une crise écologique, avec les migrations de masse entraînées par la succession de sécheresses et d’inondations. Or « des zones de non-droit peuplées par des désespérés constituent un terrain de recrutement idéal pour des groupes terroristes », a-t-il souligné. L’ancien astronaute Richard Truly a pour sa part dit son inquiétude d’une inondation du delta du Gange. « Une élévation du niveau de la mer de quelques centimètres seulement pourrait suffire à déplacer des millions de personnes » en Inde et au Bangladesh, a-t-il souligné. « Ces populations, en se réfugiant dans des zones un peu plus élevées, se retrouveraient dans certaines des zones déjà les plus densément peuplées au monde », a-t-il ajouté – au risque de créer un facteur d’instabilité supplémentaire dans une région qui est déjà considérée comme une poudrière par les spécialistes. Les deltas des autres grands fleuves du monde, le Mékong, le Chang Jiang (fleuve Bleu), le Nil, voire le Mississippi pourraient aussi être affectés, ce qui représente des « difficultés de sécurité colossales ». Ce diagnostic a été accueilli dans la gravité par les élus, reflétant l’importance croissante de la thématique du réchauffement climatique dans le débat politique américain, à la suite du film Une vérité qui dérange, de l’ancien vice-président Al Gore. « Historiquement, de telles perturbations ont presque toujours entraîné la guerre », a souligné le président démocrate de la commission Joseph Biden. Le républicain Dick Lugar a souligné pour sa part que les dangers liés au réchauffement climatique ne faisaient que s’ajouter à la menace représentée par la dépendance énergétique des États-Unis envers le pétrole étranger. Cette audition était organisée alors que la Chambre des représentants se préparait à adopter d’ici à la fin de la semaine le projet de budget du renseignement, dégageant des crédits spécifiquement pour étudier l’impact du changement climatique sur la sécurité nationale. Les États-Unis représentent environ le quart de la consommation mondiale d’énergie et près de 30 % des émissions de gaz à effet de serre. Or l’Administration Bush est réticente à toute mesure coercitive pour limiter la consommation d’énergie ou les émissions de gaz polluants.

Menaçant de larges populations à travers le monde, du delta du Niger à la Somalie et à l’Asie du Sud, le réchauffement climatique représente un réel risque de sécurité pour les États-Unis, ont expliqué mercredi d’anciens militaires à des sénateurs américains.
« Le climat représente une grave menace pour la sécurité nationale », a déclaré l’amiral Joseph...