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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - Les toiles de Khalil Ayoubi aux Artisans du Liban et d’Orient de Aïn el-Mreissé Le bonheur est dans le pré

Khalil Ayoubi a un visage étranger. Étranger à ce qui l’entoure. Un regard absent, comme absent d’une réalité qui ne le concerne pas. Lui, ce qu’il aime, en secret et en silence, c’est errer à Central Park, respirer l’air, qu’il préfère glacé, de New York où il vit depuis trente-huit ans. Lire, lire, lire… Et enfin peindre. Il expose ses œuvres pour la première fois dans le très bel espace des Artisans du Liban et d’Orient. Sans jamais se prendre au sérieux, sans jamais vouloir briser cette spontanéité qui guide son travail, depuis le premier coup de pinceau, jailli, il y a 15 ans, sur une toile blanche, comme une nouvelle page dans sa vie, Khalil Ayoubi peint de plus en plus. Ce « hobby » qu’il a commencé à caresser pour oublier certaines réalités trop noires ou blanches l’a précipité vers l’huile et le pastel. Vers le vert, une couleur qu’il semble privilégier, le rouge, couleur de la vie, et le bleu de la mer. « Même si j’ai quitté la Méditerranée en 1979, elle ne m’a jamais quitté. » Un humour distant, des mots à peine murmurés, « je suis un grand introverti », avoue-t-il pour confirmer une évidence. Ses mots deviennent des couleurs, des taches, des griffes de pinceau, des matières, huile et pastel, qui se superposent, des collages discrets. Et des éclats de rire. Et là, Khalil Ayoubi devient très bavard. Dans le monde de son inconscient, il semble brusquement très heureux. Caché derrière sa toile, l’homme, quant à lui, n’a pas très envie d’expliquer. Il raconte, en toute discrétion… Un choix évident Même si c’est à New York, à ses yeux plus qu’une ville, un pays, qu’il se sent vraiment chez lui, l’artiste revient au Liban de temps en temps retrouver ses amis, sa famille et ses repères. Il était donc tout naturel qu’il accroche pour la première fois son travail aux murs des Artisans du Liban et d’Orient. Le territoire privilégié de sa sœur Nadia el-Khoury, qui en a fait un petit coin de paradis, face à une mer indélébile. « Elle m’a beaucoup encouragé à continuer, précise-t-il, après avoir vu mes esquisses. » Ce qu’il fit. D’abord une toile, qu’il expose dans un de ses restaurants, situé dans le charmant quartier de Tribeca. Aussitôt montrée, elle est vendue. « Ça m’a donné l’envie de continuer. J’avais deux autres restaurants à “meubler”, alors je me suis amusé à peindre. » Le geste plus sûr, la couleur décidée, il ne déroge pourtant pas de ses thèmes préférés : « Les belles choses que je vois et qui me rendent heureux : les femmes, la nature, l’alcool et les poissons. J’ai toujours le cœur qui bat en commençant une toile. Comme si c’était la première fois et, peut-être, la dernière. Le trac est resté, mais ce qui a changé aujourd’hui, c’est que je m’y suis habitué. » Pomme verte et rouge, fishing, fanced cow, lady sings the blues, autoportrait, rivière, pomme poire, village, poisson vert, peupliers ou granges, dans tous les tableaux de Ayoubi, beaucoup de joie, qui est un peu en contradiction avec sa mélancolie apparente, illumine la surface blanche. « Au plus profond de moi-même, avoue-t-il, je dois être un homme heureux... » Travaillant vite, pour ne pas freiner l’élan naturel qui jaillit sur sa toile, il aime bien s’arrêter une semaine, puis reprendre pour terminer. « À un moment très précis, je sais que c’est ça. Un peu comme lorsqu’on arrive au bout de son plaisir. C’est presque “orgasmique”… » Après avoir vendu ses trois restaurants, Khalil Ayoubi prend pleinement le temps de peindre de nouvelles toiles explosant de couleurs, de bonne humeur et de fraîcheur. Le temps aussi d’errer dans Central Park, sous la neige de préférence, et puis de lire, lire, lire… Ses tableaux et d’autres, plus récents, resteront aux Artisans du Liban et d’Orient tant qu’ils y seront bien, semblent penser le frère et la sœur. C’est à dire longtemps… Carla HENOUD

Khalil Ayoubi a un visage étranger. Étranger à ce qui l’entoure. Un regard absent, comme absent d’une réalité qui ne le concerne pas. Lui, ce qu’il aime, en secret et en silence, c’est errer à Central Park, respirer l’air, qu’il préfère glacé, de New York où il vit depuis trente-huit ans. Lire, lire, lire… Et enfin peindre. Il expose ses œuvres pour la...