Lifting : adieu années de jeunesse !

Parfaite. La silhouette. Sexy à souhait. Encore plus le visage de poupée. Quel effet ! Mais l’écrin est figé. Il dérange quelque part. On lui a ôté son âme, son passé, les petites rides joyeuses qui ont tissé sa vie, parcouru sa jeunesse, accumulé ses souvenirs, brisé ses amours, fait ses enfants ; enduré le pire et osé le meilleur… En effaçant le temps, madame, vous gommez quelque part ce que vous détenez de plus précieux : vos propres années de jeunesse. Vous n’aurez plus jamais vingt ans, madame, et vous ne le savez que trop bien. C’est votre fille aujourd’hui qui les a. C’est sur elle que se retourneront les garçons dans la rue et c’est à elle que s’offriront les hommages les plus fous. Mais bien sûr, madame, qu’il faut rester belle ! C’est devenu presque un devoir. Élémentaire. Mais en protégeant votre identité, la vraie, avec ses plus et ses moins, et le charme indéniable d’une grandiose maturité. Oubliez, madame, les reproches du miroir, les vexations du mari, les fléchettes de vos ados, les perfidies de vos amies, la petite dépression permanente et ce blues seconde peau. Jetez le regard des autres aux orties ; souvent, les plus que parfaites ont un vernis, il suffit de gratter un peu pour exhumer leur petite cervelle de souris. Mais réveillez-vous quand même ! Vous avez presque oublié d’exister. Occupez-vous, travaillez, faites des projets. Assumez quoi, et mettez un peu plus de consistance dans vos journées, au lieu de lézarder au gré des shoppings et des brunchs, scrutant des liftings qui vous laissent le cœur en miettes et la rage au cœur. Chut ! Vous avez quand même de quoi faire pâlir d’envie votre propre fille. Mais elle ne le sait pas encore. L’expérience. May SALHA