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La difficile mission de l’ONU Situation tendue de ni guerre ni paix

Le capitaine Brendan Lyons scrute les vastes espaces désolés et écrasés de chaleur à la recherche d’éventuels combattants du Front Polisario. Mais rien ne semble bouger sur cette plaine rocailleuse et grisâtre hérissée de promontoires qui s’étend au pied du « mur » de défense marocain au Sahara occidental. L’ouvrage de sable, qui s’étend sur 1 500 kilomètres à travers l’ancienne colonie espagnole, sépare 100 000 militaires marocains des 12 000 guérilleros du Polisario. Dans le silence étouffant du désert, l’idée d’un affrontement armé peut paraître surréaliste. Pourtant, cette région reculée du Sahara fut déjà le théâtre d’un vraie « guerre des sables » entre 1975 et 1991. Cette année-là, les deux belligérants qui se disputent ce territoire vaste comme la moitié de la France ont accepté un cessez-le-feu sous l’égide des Nations unies. « Vous pourriez penser que nous sommes frustrés, mais en fait, nous ne le sommes pas », assure crânement le capitaine Lyons. « Bon, nous n’avons pas d’armes ici. Mais nous maintenons la paix », souligne l’officier de la Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental (Minurso). Environ 200 observateurs de la Minurso sillonnent le Sahara occidental d’un côté ou de l’autre du mur en hélicoptère ou en 4x4. Ils sont chargés de s’assurer que les deux camps respectent les termes de la trêve concernant la limitation des mouvements de troupes et de matériel. « La zone où nous opérons est vaste comme la Grande-Bretagne ou la moitié de la France, et nos moyens sont tout à fait minimes », explique Julian Harston, chef de la Mission des Nations unies. La nécessité de se mouvoir quasi constamment pour surveiller les forces en présence est parfois un véritable défi dans cette région aux plateaux rocheux et aux oueds le plus souvent asséchés. À cela s’ajoute la chaleur si écrasante – jusqu’à 60 degrés – qu’elle cloue souvent au sol les aéronefs. Sans parler des redoutables tempêtes de sable qui peuvent réduire la visibilité à deux mètres. Le danger des mines À ces obstacles naturels du désert, il faut encore ajouter les risques physiques créés par les millions de mines et munitions non explosées, héritées des combats des années 1970-1980. Les engins explosifs sont souvent dissimulés autour des puits utilisés par les nomades sahraouis ou des épineux sous lesquels ils trouvent une ombre salutaire. « Au cours des derniers mois, nous avons dénombré quatre décès dus aux mines », indique le commandant Jean-Jacques Quillien, un officier français de la Minurso, dont le groupe a supervisé la destruction de 21 mines l’an dernier en liaison avec l’armée royale. Le climat de tension qui, sous le silence trompeur du désert, prévaut de part et d’autre du mur implique que tout malentendu peut dégénérer en accrochage, qui, lui-même, peut conduire à une confrontation, laquelle est susceptible de plonger la région dans la crise. Parce que les contacts entre le Maroc et le Polisario sont rares, la Minurso arrondit les angles entre les deux camps. Selon Kenneth Albret, adjoint du premier commandant de la Minurso, « il semble que les risques s’accroissent », que la situation sur le terrain dérape. Devant cette situation de ni guerre, ni paix, « la jeune génération des camps sahraouis s’échauffe et l’agitation grandit dans les camps du Polisario », note-t-il. La poursuite de l’impasse diplomatique conduit également l’analyste britannique George Joffe à ne pas exclure que le Polisario ne reparte en guerre s’il ne peut retenir ses jeunes. Depuis 1991, le Polisario n’a jamais exclu de reprendre les armes si la diplomatie onusienne n’apportait pas aux Sahraouis l’autodétermination, hypothèse que le Maroc exclut désormais.
Le capitaine Brendan Lyons scrute les vastes espaces désolés et écrasés de chaleur à la recherche d’éventuels combattants du Front Polisario. Mais rien ne semble bouger sur cette plaine rocailleuse et grisâtre hérissée de promontoires qui s’étend au pied du « mur » de défense marocain au Sahara occidental. L’ouvrage de sable, qui s’étend sur 1 500 kilomètres à...