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Des milliers d’autochtones ont trouvé refuge en Algérie depuis 1975 Brèves rencontres familiales dans une nation divisée

«Je suis comblé de joie de retrouver ma famille », exulte Appa, un Sahraoui de l’« autre côté », qu’un convoi blanc de l’Onu vient de déposer devant une habitation miteuse d’un quartier populaire d’el-Ayoune. Appa, 41 ans, fait partie de ces milliers d’autochtones qui, laissant derrière parents et proches, ont trouvé refuge en Algérie à l’arrivée des troupes marocaines au Sahara occidental, dans la foulée de la « marche verte » de novembre 1975. Revenu aujourd’hui dans la capitale de l’ancienne colonie espagnole grâce à un programme supervisé par la Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental (Minurso), Appa ne cache pas son émotion. Mais tant d’années ont passé... « J’avais neuf ans lorsque nous avons été séparés, et je ne reconnais aucun visage », avoue-t-il, tandis que les femmes, revêtues de chatoyants voiles de coton léger, laissent libre cours à leur joie en entonnant des chants sahraouis au rythme des tambourins dans la cour ensoleillée de l’habitation familiale. Assis à même les tapis dans la fraîcheur d’une pièce de la maison, les anciens aux visages burinés sirotent le traditionnel thé à la menthe, tandis que la « smala » s’apprête à fêter jusque tard dans la nuit la brève visite d’Appa. La plupart des Sahraouis sont trop jeunes pour se souvenir des « événements » de 1975, marqués par l’annexion du Sahara occidental par le Maroc et l’insurrection nationaliste du Front Polisario. Depuis 2004, plus de 3 000 Sahraouis ont pu bénéficier, comme Appa, d’allers et retours en avion de cinq jours entre les camps de réfugiés de la région ouest-algérienne de Tindouf et le Sahara sous contrôle marocain. Peu d’entre eux ont demandé et été autorisés à rester à el-Ayoune ou dans les autres agglomérations du territoire, où la vie paraît moins rude que dans les camps, bien que pauvreté et chômage frappent durement la population autochtone. Selon le Maroc, c’est le Polisario qui a créé le problème humanitaire en « prenant en otages » des milliers de Sahraouis en 1975-76 et en les contraignant à leur exil algérien. Mais nombreux sont les Sahraouis qui contestent cette version de l’histoire. Ceux-là racontent que l’exode sahraoui a été provoqué par l’invasion militaire marocaine et que seules les familles qui n’ont pas eu le temps sont restées en arrière, se retrouvant prises au piège de l’occupation. Les hommes valides qui ont pu y échapper ont, après avoir mis femmes, enfants et anciens à l’abri à Tindouf, rejoint les rangs des combattants du Front Polisario, créé peu avant la fin de la colonisation espagnole. Intervenue après 16 ans de guérilla du désert, la trêve en vigueur depuis 1991 a figé cette division d’une population de quelque 400 000 habitants, dont 160 000 se trouvent du côté algérien, où ils subsistent grâce à l’aide internationale. « Les Marocains disent que les Sahraouis sont emprisonnés à Tindouf. Alors pourquoi le Maroc ne les ramène-t-il pas à la maison pour participer à un référendum qui leur permettrait de décider de leur propre avenir ? » s’interroge Tahar Tayed, un militant sahraoui des droits de l’homme. Le père de Sidi Mohammad Dedach, 50 ans, est mort en exil dans les camps de Tindouf. Trois de ses frères sont morts au combat. Lui-même, ancien combattant du Polisario, a passé 25 ans dans les prisons marocaines. Cela n’a nullement entamé son ardeur nationaliste. « Nous voulons seulement une indépendance totale et complète », affirme-t-il, en ajoutant, défiant : « Même si je dois attendre encore 50 ans pour revoir ma famille. »
«Je suis comblé de joie de retrouver ma famille », exulte Appa, un Sahraoui de l’« autre côté », qu’un convoi blanc de l’Onu vient de déposer devant une habitation miteuse d’un quartier populaire d’el-Ayoune. Appa, 41 ans, fait partie de ces milliers d’autochtones qui, laissant derrière parents et proches, ont trouvé refuge en Algérie à l’arrivée des...