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Actualités - REPORTAGE

Reportage Mogadiscio, une capitale qui tourne à l’enfer en raison des combats

Confrontés aux pires combats qu’ait connus Mogadiscio depuis plus de dix ans, ses habitants se demandent quand les armes vont cesser de parler pour les laisser reprendre une vie normale. Les combats de plus en plus violents opposant le gouvernement provisoire et ses alliés éthiopiens à des combattants islamistes et des membres du clan des Hawiye ont transformé en ville morte une partie de la capitale somalienne, alors que les derniers bilans font état d’au moins 30 civils tués depuis jeudi. « La vie est devenue insupportable, explique un chômeur, Ibrahim Maalim. J’entends encore des tirs sporadiques dans le nord de la ville. Mogadiscio est en train de devenir inhabitable. » Dans certains quartiers de la ville, les rues sont désertes, les enseignants ont fermé les écoles et aucun bruit ne s’échappe des maisons aux façades criblées de balles. Plus de 200 000 personnes, soit un cinquième de la population de la ville, ont fui par tous les moyens – âne, charrette, à pied ou en voiture – depuis février, abandonnant des quartiers entiers à des combattants qui se tirent dessus à la mitrailleuse, cachés derrière des tas de sable. Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), 321 000 personnes, soit près d’un tiers des quelque un million d’habitants de Mogadiscio, ont fui la ville depuis le 1er février en raison des violences. Abdifatah Abdikadir pourrait bien rejoindre cet exode. « À chaque fois que mes enfants entendent des coups de feu ou de grosses explosions, ils viennent me supplier de les faire sortir de Mogadiscio. Même ma femme s’y est mise, dit-il. Tout le nord de la ville est vide (...). J’y suis allé hier, il n’y a pas de vie là-bas, c’est horrible. » Plusieurs milliers de personnes ont choisi de dormir sous des arbres à Afgoye, une localité située à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Mogadiscio, plutôt que d’affronter un jour de plus les tirs de mortier et les coups de feu. La plupart des experts et des diplomates pensent en outre que les violences vont aller en s’intensifiant. Les islamistes, qui pendant six mois ont contrôlé la majeure partie du sud de la Somalie avant d’être défaits par le gouvernement et les forces éthiopiennes en tout début d’année, ont en effet juré de mener une « guerre sainte » contre les troupes étrangères. Le président Abdullahi Youssouf, qui les qualifie de terroristes, a juré quant à lui de les éradiquer. Selon des ONG sur place, l’insécurité entrave la distribution de l’aide d’urgence à ceux, nombreux, qui ont tout laissé derrière eux dans leur fuite : maisons, biens et commerces. Épuisés par leur exode, des centaines de Somaliens souffrent de diarrhées, de choléra et d’autres maladies, et l’ONU met en garde contre une possible catastrophe humanitaire. La saison des pluies ne devrait pas arranger la situation. Ceux qui sont restés dans des zones en proie aux combats seront exposés à des coupures de courant, d’eau, à la hausse des prix sur les marchés et à la peur constante de voir leur maison anéantie par une roquette. « Une assiette de riz qui coûtait auparavant 5 000 shillings (environ 50 cents américains) se vend maintenant 11 000 shillings », explique Maalim. Même les habitants de la capitale qui ont tenu bon pendant les 16 années d’anarchie consécutives au renversement du dictateur Mohamed Siad Barre, en 1991, craignent pour l’avenir. « Je n’ai pas vu grand monde dans les rues ce matin », constate Ahmed Abdikadir, un habitant du marché d’al-Barakah, où un obus est tombé jeudi, dispersant les chalands. « Il n’y a pas assez d’eau et les principaux marchés d’alimentation sont fermés. Je ne sais pas comment nous allons survivre si la guerre continue. » Sahal Abdulle/Reuters

Confrontés aux pires combats qu’ait connus Mogadiscio depuis plus de dix ans, ses habitants se demandent quand les armes vont cesser de parler pour les laisser reprendre une vie normale.
Les combats de plus en plus violents opposant le gouvernement provisoire et ses alliés éthiopiens à des combattants islamistes et des membres du clan des Hawiye ont transformé en ville morte...