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Actualités - OPINION

Aux portes des pays civilisés

Un rendez-vous pour un visa dans l’ambassade d’un pays européen que je ne citerai pas. Le sas d’attente est le trottoir et le porche d’entrée est le léger feuillage d’un arbre. Il pleuvait ce jour-là, et le stationnement des voitures est prévu à 15 minutes de marche de l’ambassade. Après une attente considérable dans le froid, nous sommes admis l’un après l’autre, fouillés, puis entassés ensemble (nous étions plus que vingt personnes) dans une même salle d’attente. Le plus aberrant, c’est que les entrevues se déroulent devant tout le monde. Le Libanais, citoyen de deuxième catégorie de ce monde, en recherche de vacances, de culture, ou d’éducation, est forcé à exposer le motif de sa visite, l’état de ses finances et d’autres détails d’ordre strictement privé devant tout le monde. J’en rougissais de honte. Je revois les ressortissants étrangers qui ont une entrée différente de la nôtre (ils ont le droit d’accéder à l’ambassade en voiture) et un traitement tout autre, naturellement. Un seul mot me vient à l’esprit : l’indignité ! Une image : du bétail. C’est à cela que nous sommes réduits pour avoir osé prétendre visiter un pays du monde « civilisé ». Une pensée : qui est à blâmer ? Qui nous a réduits à un tel degré de dégradation et d’humiliation devant le monde ? Ce Liban dont je suis si fière est-il une utopie, un rêve de petite fille, ou existe-t-il vraiment ? Est-ce que les conflits politiques et l’économie en crise ne suffisent pas à nous pousser à quitter et à aspirer à une autre nationalité ? Je pense à mes enfants, élevés dans le respect de l’autre et d’eux-mêmes. Que diraient-ils s’ils me voyaient à la rue, attendant devant une porte blindée, mendiant une permission de visiter un endroit sur cette terre où nous sommes censés tous être égaux ? Qu’est-ce que je leur dirais ? Moi qui leur peint leur pays comme le plus beau du monde, le Liban, le pays du Cèdre, noble comme le cèdre, un morceau de paradis, une terre bénie qui a donné des saints, des savants, des génies et des artistes au monde entier. Faten KIKANO COUSSA

Un rendez-vous pour un visa dans l’ambassade d’un pays européen que je ne citerai pas. Le sas d’attente est le trottoir et le porche d’entrée est le léger feuillage d’un arbre. Il pleuvait ce jour-là, et le stationnement des voitures est prévu à 15 minutes de marche de l’ambassade.
Après une attente considérable dans le froid, nous sommes admis l’un après l’autre,...