EFFEUILLAGE Vocation

Je ne me suis pas engagé dans une voie facile. Les hommes réagissent de manière différente lorsqu’il s’agit pour eux de choisir un métier. Certains aiment les routes aplanies, d’autres préfèrent les chemins escarpés. Lorsqu’on me demande pourquoi j’ai choisi cette voie, je réponds en souriant: «J’ai vu de la lumière derrière cette porte et je suis entré.» Il ne faut pas croire que les prêtres n’ont pas d’humour. Aux leçons de catéchisme, les enfants m’ont déjà presque tous demandé si j’ai toujours voulu être prêtre, et je soupçonne de nombreux adultes de croire que la vocation vient avec la naissance. Petit garçon, je voulais devenir architecte ou ingénieur… Je ne faisais pas vraiment la différence, mais je voulais construire: des maisons, des écoles, des cathédrales, des ponts… J’ai donc dû renoncer à mes projets. Une vocation ne naît pas du vide et de l’absence; elle ne peut naître que du renoncement et au prix de grands sacrifices. Ainsi ai-je renoncé à une carrière que je voulais ambitieuse, mais aussi à mon désir de fonder une famille et d’être véritablement père. Certains jours, j’ai des moments de faiblesse et ma solitude me paraît alors bien lourde à porter. En un sens, je n’ai pas choisi cette vocation. C’est elle qui m’a choisi; nous appelons si souvent Dieu dans nos prières, Il nous appelle aussi. Je connais tous mes paroissiens. L’église n’est jamais vraiment pleine mais, chaque jour, je rends grâce à Dieu pour ces âmes qui me sont confiées: il m’arrive de célébrer la messe pour trente, quinze et même cinq personnes… Chacune est précieuse aux yeux de Dieu. Je m’applique à préparer des homélies qui les interpellent et trouvent un véritable écho dans leur vie quotidienne. J’écoute attentivement leurs confessions. Je les écoute les mains ouvertes et les yeux fermés ; sans jamais juger ou condamner. Je m’efforce toujours de trouver les mots justes pour qu’elles repartent apaisées. Je ne suis jamais qu’un instrument entre les mains de Dieu… Mais de même que nous avons besoin de Lui, Dieu aussi a besoin de nous et donne à chacun, selon ses moyens, une mission à accomplir. Bien souvent, mes paroissiens me demandent de prier pour eux. Ils sont convaincus que la prière d’un prêtre est mieux accueillie par Dieu… J’en suis moins sûr ; et leur demande, à mon tour, de prier pour moi. Ils sont persuadés que je n’en ai pas besoin, ce en quoi ils se trompent …. Je ne me suis pas engagé dans une voie facile; et pour pouvoir faire don de ma personne et vivre tel qu’il le faudrait cette vocation qui remplit ma vie, pour pouvoir aimer toujours et servir chaque jour, j’ai besoin, moi aussi, que l’on prie pour moi. En ce temps pascal, j’aimerais que l’on ne m’oublie pas. Lamia El-SAAD