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Actualités - CHRONOLOGIE

CIMAISES - « Un passe-temps princier » aux Musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles Les manufactures de Charles de Lorraine

Comme les princes éclairés de son temps, Charles de Lorraine, gouverneur général des Pays-Bas autrichiens (1712-1780), était passionné par les sciences, les objets insolites et les inventions, pour lesquels il a aménagé des cabinets de curiosités. Un des grands événements du XVIIIe siècle a été la publication à Paris par Diderot et d’Alembert de l’Encyclopédie, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, qui expliquait notamment, à l’aide d’illustrations, les techniques de fabrication et leurs applications. La mode de ces nouveautés a eu une influence considérable sur le goût des princes qui se sont pris au jeu en créant des ateliers intégrés dans leurs domaines. À la fin des années 1750, Charles de Lorraine a fait construire un grand bâtiment au fond du parc de Tervueren pour y installer des manufactures qui ont connu une grande activité. L’Europe des manufactures L’Europe était fascinée par les techniques de décoration de l’Orient, coton et soies imprimées, porcelaines et papiers peints chinois. Pour imiter ces matières luxueuses, les Européens ont créé des manufactures en France, en Angleterre et en Allemagne. La politique économique de Charles de Lorraine et de ses ministres plénipotentiaires a favorisé l’éclosion de ces manufactures à production artistique dans différentes villes des Pays-Bas autrichiens, telles qu’Anvers, Bruxelles et Tournai. Pour son usage personnel, Charles de Lorraine a fondé à Tervueren des manufactures qui décoraient essentiellement les textiles, les papiers, les porcelaines et argentaient les pièces en métal. C’était un de ses passe-temps et l’on sait qu’il visitait régulièrement ses manufactures, sorte d’ateliers comparables aux Gobelins, garde-meuble royal à Paris. De la magnanerie à la fonderie La plus grande section regroupait quatre manufactures de tissus destinées à l’ameublement et à l’habillement: la première produisait des toiles imprimées et indiennes, la deuxième confectionnait des toiles, des étoffes de laine et de soie. On y a également installé une magnanerie. Dans le parc de Tervueren, on a planté des mûriers blancs. La magnanerie possédait le matériel nécessaire à la production de la soie: chaudière, fourneau, tour à dévider les cocons… Le produit servait à la fabrique de bas de soie, qui était probablement réduite aux besoins du prince. Pour la décoration murale de ses résidences, Charles de Lorraine a fondé une manufacture de papiers peints. Dès 1767, un peintre sur porcelaine, G.C. Lindemann, originaire de Meissen, en Allemagne, travaillait à la Cour brûlée avant d’avoir un atelier de peinture sur porcelaine à Tervueren. Le gouverneur a créé aussi une manufacture de galons d’or et d’argent faux. Elle comportait un atelier de tireur d’or et celui du galonnier-passementier. La fonderie, installée à l’extérieur du bâtiment des manufactures, fabriquait des moules de bronze pour lambris. Les manufactures revisitées Après le décès du prince en 1780, la grande bâtisse, minée par l’humidité ambiante, était fort délabrée. Abandonnée sous l’occupation française, le bâtiment n’en finissait pas de mourir, pour disparaître vers 1810. L’activité de ces manufactures, qui restait mystérieuse, peut être approchée à la lumière des archives et de l’inventaire après décès de Charles de Lorraine. L’exposition, qui bénéficie de prêts des grandes institutions scientifiques fédérales, de musées belges et étrangers, ainsi que de nombreux collectionneurs, se propose de reconstituer ces ateliers et manufactures installés à Bruxelles et Tervueren: leur histoire, l’organisation des petits métiers, la dimension des ateliers, les techniques de fabrication, leurs productions. La collaboration de spécialistes des arts décoratifs du XVIIIe siècle a permis d’y intégrer des meubles, des œuvres d’orfèvrerie, des tissus, des papiers peints et des porcelaines de l’époque.
Comme les princes éclairés de son temps, Charles de Lorraine, gouverneur général des Pays-Bas autrichiens (1712-1780), était passionné par les sciences, les objets insolites et les inventions, pour lesquels il a aménagé des cabinets de curiosités. Un des grands événements du XVIIIe siècle a été la publication à Paris par Diderot et d’Alembert de l’Encyclopédie, Dictionnaire...