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EXPOSITION - « Out of Place », jusqu’au 30 juin, à la galerie Sfeir-Semler Gros plan sur neuf représentants de la nouvelle scène artistique égyptienne

C’est aux artistes égyptiens émergeant que la galerie Sfeir-Semler consacre sa nouvelle exposition. Le vaste espace de la Quarantaine (Immeuble Tannous pour les métaux, 4e étage), dont l’un des objectifs est de connecter la scène artistique libanaise avec celles des pays de la région, présente, jusqu’au 30 juin, une palette d’œuvres de neuf plasticiens trentenaires du bord du Nil. Commissaire de cette exposition, William Wells, défricheur de talents, à la tête de la Townhouse Gallery du Caire, «la» galerie d’art contemporain en Égypte. Lequel a regroupé dans cet accrochage collectif, intitulé «Out of Place», des pièces conceptuelles, de techniques et de styles différents, qui ont cependant en commun de poser un questionnement sur nos modes de vie post-modernes. Des œuvres inspirées de l’environnement direct des artistes, qui se réapproprient images, symboles, objets et expériences émotionnelles, dans une tentative de réévaluation des clichés et de déballage des ballots culturels qui chargent le parcours de chaque individu. L’exposition débute par le Mariage arrangé de l’Alexandrin Mahmoud Khaled, tout juste vingt-cinq ans: une vidéo de 7mn 09s montrant un banquet de noces en Californie. L’artiste, qui a filmé ce déjeuner de mariage à la dérobée, a retouché les scènes pour introduire un amusant dédoublement de l’image et des personnages. Le tout accompagné d’une bande-son composée de gazouillis... Une pièce qui porte un regard distancié (au double sens du terme), ironique et moqueur sur l’une des plus anciennes institutions sociales. Travail sur le temps Même désacralisation des emblèmes chez Mona Marzouk (Alexandrine également) qui, dans une grande murale, a remplacé les étoiles du drapeau américain par des pictogrammes composés d’un mélange de symboles religieux et sexuels. Projection dans le futur pour Tarek Zaki, Cairote de 32 ans, qui a élaboré une fascinante installation, mettant en scène – et sous vitrines – des objets du quotidien actuel, reproduits en plâtre à l’identique: clavier d’ordinateur, casque de moto, missiles, turbine... Des éléments de la vie contemporaine qui formeront les pièces archéologiques du futur. Une réflexion sur la vanité des choses dans le cours immuable du temps. Artiste et historienne, Huda Lutfi (59 ans et la doyenne de cet accrochage) signe elle aussi un travail qui met l’accent sur la relation entre présent et passé. Formée des claquettes en bois que portaient traditionnellement les femmes égyptiennes (et qu’elles ont aujourd’hui délaissées au profit des sandales en plastique), son installation élaborée en lignes concentriques – symbole du soufisme – fait clairement référence à la féminité en tant que force éternelle de création, de beauté et de renouvellement. Violence ironique ou dramatique Une esthétique sophistiquée aux antipodes des mixed-médias de Bassim Magdy, inspirés de la rhétorique visuelle largement déployée dans les médias sur la guerre, la résistance et l’héroïsme. Des thèmes que le jeune artiste reprend dans des dessins à l’ironie burlesque et qui distillent, sous les couleurs pop-acidulées, une terrible violence. Violence également dans l’œuvre de Amal Kenawy. À travers quatre autoportraits intensément dramatiques, expressions de son identité profonde et de son rapport douloureux au monde qui l’entoure, et deux petites sculptures tout aussi cruellement éloquentes, la jeune artiste de trente-trois ans, issue d’un milieu extrêmement conservateur, évoque sa constante lutte en faveur de l’émancipation féminine. Portraits du Caire Artiste, compositeur et écrivain, Hassan Khan nourrit son inspiration de la réalité urbaine du Caire. À travers des images hologrammes d’affiches publicitaires, il tente d’exprimer la complexité et les paradoxes de cette métropole de plus de 16 millions d’habitants, à la fois lascive et méga-surveillée, drainée par les courants contraires des stars de télé et de l’intégrisme religieux. Contrastant avec les images kitsch de Khan, une série de petits croquis et dessins, fins et spontanés, de Waël Shawky, évoque de manière quasi subconsciente les préoccupations de l’artiste, parmi lesquelles figurent en bonne place l’image de l’islam et celle de la beauté brute des choses. Enfin, c’est par un captivant portrait vidéo de la capitale égyptienne, signé Hala el-Koussy, que se clôture cette exposition. Un court-métrage d’une vingtaine de minutes, en noir et blanc, construit au moyen de portraits croisés d’habitants du Caire, que la photographe et vidéaste, qui partage son temps entre la capitale égyptienne et Amsterdam, filme avec empathie et bienveillance. Des tranches de vie, expressions d’un univers tout en paradoxes: entre intégration et marginalisation, traditions et nouveaux codes sociaux. Des œuvres globalement à fort impact émotionnel et qui ne sont pas « Out of Place » au sein de la scène artistique internationale contemporaine. Zéna ZALZAL
C’est aux artistes égyptiens émergeant que la galerie Sfeir-Semler consacre sa nouvelle exposition. Le vaste espace de la Quarantaine (Immeuble Tannous pour les métaux, 4e étage), dont l’un des objectifs est de connecter la scène artistique libanaise avec celles des pays de la région, présente, jusqu’au 30 juin, une palette d’œuvres de neuf plasticiens trentenaires du...