Rechercher
Rechercher

Actualités

Société - Une Espagnole avait passé l’examen en 1996 avant de jeter l’éponge face au refus de certains collègues masculins de toréer à ses côtés Une jeune Française rêve de s’affirmer dans le monde très macho de la corrida

Peu de femmes ont réussi à percer dans le monde très masculin de la corrida, mais une Française de 19 ans, Marie Barcelo, a décidé de relever le défi et toréera pour la première fois lors d’une feria majeure, à Arles, le week-end de Pâques. «Pour devenir matador, il faut surmonter des difficultés énormes. À l’entrée de l’école de tauromachie de Madrid, est inscrite la phrase : “Devenir une figure (star de la tauromachie) est un miracle.” Pour une femme, entrer dans ce monde toujours très machiste est encore plus difficile », explique à l’AFP Jacques Teissier, spécialiste de tauromachie et aumônier adjoint des arènes de Nîmes. Dans la corrida à pied, aucune Française n’a jamais passé l’alternative, cette cérémonie marquant le passage dans la cour des grands. Marie Sara avait été adoubée en 1991 pour toréer à cheval. L’Espagnole Cristina Sanchez avait passé l’alternative en 1996 et mené une carrière de haut niveau avant de jeter l’éponge face notamment au refus de certains collègues masculins de toréer à ses côtés. Marie Barcelo, visage aux traits fins encadré de cheveux mi-longs couleur noisette, n’est pas effrayée : « C’est un monde d’hommes mais il y a des femmes qui ont prouvé qu’on était capable de toréer comme Cristina Sanchez. Pour l’instant, je n’ai pas eu de difficultés au niveau où je suis. Après, si je prends l’alternative, ce sera plus difficile mais je suis prête à affronter tout ça. » « La corrida commence à évoluer », estime son entraîneur, lui-même ancien torero, Paquito Leal. En Espagne, de plus en plus de femmes se lancent. Marie a eu envie de toréer très jeune. Ses parents, producteurs de fromages de chèvre et éleveurs de taureaux pour la course camarguaise, sont eux-mêmes aficionados. « Un jour, je m’amusais à toréer des vaches lors d’une ferrade (marquage des vaches et taureaux d’un élevage) quand Marie m’a dit : je veux essayer. Elle avait 12 ans », raconte son père. Fin 2003, Marie intègre l’école taurine de Nîmes. Puis, elle tue son premier toro, un moment « impressionnant ». « On a le désir de faire cela bien parce que c’est un toro qu’on respecte et qu’on aime », dit-elle. Les opposants à la corrida jugent cette pratique barbare et la qualifient de torture. Ils s’étonnent que l’on tue un animal « qu’on aime ». « On aime tellement les toros qu’on veut qu’ils puissent montrer leur bravoure et leur noblesse dans ce combat. Ça nous fait mal au cœur de les envoyer anonymement et sans gloire mourir à l’abattoir », explique-t-elle. Quand Marie entre dans l’arène et prend sa cape, même pour un entraînement, la jeune fille presque timide se transforme : le regard devient passionné, le corps se tend plein d’assurance et de petits cris rythment les passes. « Dans l’arène, on se sent soi-même, c’est un moment pur où l’on ne peut plus mentir », dit-elle. La peur est là brièvement avant que le toro – bête de 480 à 600 kilos – sorte du toril. Titulaire d’un baccalauréat littéraire – une exception dans cette profession –, Marie se donne maintenant « à fond » dans sa passion. Pour ses 18 ans, ses proches lui ont offert un toro à toréer et un habit de lumière. Elle fait de petits boulots en usine pour survivre financièrement. Seuls les cinquante premiers matadors vivent de leur métier. Vendredi 6 avril à Arles, pour la novillada de la feria, Marie aura à cœur de « faire le mieux possible » afin de décrocher d’autres engagements. Avant d’entrer dans l’arène, elle se souviendra que deux célèbres matadors du moment, Morante de la Puebla et Sébastien Castella, l’ont félicitée pour son courage lorsqu’elle s’est entraînée avec eux en Espagne.
Peu de femmes ont réussi à percer dans le monde très masculin de la corrida, mais une Française de 19 ans, Marie Barcelo, a décidé de relever le défi et toréera pour la première fois lors d’une feria majeure, à Arles, le week-end de Pâques.
«Pour devenir matador, il faut surmonter des difficultés énormes. À l’entrée de l’école de tauromachie de Madrid, est...