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Le gouvernement veut contrer l’utilisation de l’éducation par les talibans comme une « arme de terrorisme » L’Afghanistan lance un programme public de construction de madrassas

Le gouvernement afghan a mis en place un programme de construction de madrassas (écoles islamiques) afin de contrer l’utilisation de l’éducation par les talibans comme une « arme de terrorisme », selon le ministre afghan de l’Éducation Mohammad Hanif Atmar. La première de ces écoles coraniques publiques devrait ouvrir dans deux mois et le programme en prévoit au moins une pour chacune des 34 provinces du pays, a expliqué le ministre dans un entretien à l’AFP. « Les ennemis de la démocratie dans ce pays, les ennemis de la stabilité dans cette région du monde, utilisent l’éducation comme une arme de terrorisme. Il y a longtemps qu’ils ont établi leurs madrassas de la haine de l’autre côté de la frontière », affirme-t-il en référence au Pakistan. Au Pakistan comme en Afghanistan, les madrassas accueillent gratuitement les enfants les plus pauvres qui y sont nourris et logés et y reçoivent une éducation de base axée essentiellement sur les principes religieux. « Ils leur apprennent la haine et toutes sortes de choses qui n’ont aucun rapport avec notre religion », assure le ministre à propos des madrassas pakistanaises par lesquelles sont passés de nombreux talibans dans les années 90. « Le résultat, c’est qu’ils y recrutent leurs kamikazes et leurs combattants », assure ce ministre de 39 ans, un des plus jeunes du cabinet du président Hamid Karzai. « Responsabilité morale » Selon Hanif Atmar, il est de la « responsabilité morale » du gouvernement d’offrir une éducation islamique moderne et tolérante, comme le souhaitent de nombreux parents. Le programme du ministère vise à accueillir initialement 50 000 enfants qui recevront une éducation à 40 % religieuse, à 40 % générale et à 20 % dédiée aux langues étrangères et l’informatique. La volonté du gouvernement se heurte toutefois à un manque de qualifications du corps enseignant, réduit à la portion congrue après un quart de siècle de conflits et de guerres. Environ 80 % des quelque 143 000 enseignants aujourd’hui en place ne sont pas qualifiés, reconnaît le ministre. « Nous devons travailler sur deux fronts : former une nouvelle génération d’enseignants, avec une attention particulière pour les femmes, et conduire une formation continue pour les enseignants en place », explique-t-il. La scolarité des filles Un des objectifs du ministre est également de relancer la scolarité des filles, qui ont été interdites d’école durant le régime fondamentaliste des talibans de 1996 à 2001. « Pour le moment, pour deux garçons nous avons une fille en école primaire. Mais dans le secondaire, nous avons une fille pour cinq ou six garçons, ce ratio doit changer », assure Hanif Atmar. Les attaques des talibans contre les écoles et les enseignants ont sapé les efforts des autorités, surtout dans le sud du pays, admet le ministre. Depuis un an, 44 enseignants ont été tués, surtout dans le sud, selon lui. « Il y a six mois, il y avait chaque jour deux ou trois incidents. Désormais, il n’y en a plus que deux ou trois par semaine », explique-t-il, attribuant cette baisse à l’action des conseils locaux qui ont apporté plus de sécurité aux écoles et sensibilisé la population à leur importance, dans un pays où le taux d’illettrés atteint jusqu’à 90 % des femmes, selon les Nations unies. « La démocratie ne sera jamais opérationnelle sans capital humain et si la population n’est pas capable de lire et d’écrire », souligne le ministre.

Le gouvernement afghan a mis en place un programme de construction de madrassas (écoles islamiques) afin de contrer l’utilisation de l’éducation par les talibans comme une « arme de terrorisme », selon le ministre afghan de l’Éducation Mohammad Hanif Atmar.

La première de ces écoles coraniques publiques devrait ouvrir dans deux mois et le programme en prévoit au...