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CORRESPONDANCE - « Barcelone et modernité : de Gaudi à Dali » Une passionnante exposition au Metropolitan Museum de New York

NEW YORK, de Sylviane ZEHIL Barcelone évoque, bien sûr, l’architecture fantastique d’Antonio Gaudi. Mais elle est avant tout la ville radieuse où Pablo Picasso, Joan Miró et Salvador Dali ont découvert la modernité et contribué à sa vitalité créatrice et culturelle. Cette importante ville de Catalogne est célébrée au Metropolitan Museum of Art de New York (Met) à travers une magnifique exposition ayant pour thème: «Barcelone et modernité: de Gaudi à Dali». Deux dates symboles ouvrent et ferment son itinéraire: 1888, l’année de l’Exposition universelle de Barcelone, qui coïncide avec l’épanouissement du modernisme, variante locale de l’art nouveau et du nationalisme catalan; et 1939, l’avènement du régime fasciste de Francisco Franco. Se concentrant sur la Renaissance catalane, modernisme, noucentisme et mouvements d’avant-garde, l’exposition regroupe trois cents œuvres. Son parcours suit un ordre chronologique composé de six ensembles. Sculptures, peintures, photographies, affiches, revues, documents, manuscrits, dessins d’architecture et créations de bijoux racontent l’épanouissement du modernisme de Barcelone. Le renouveau de la culture catalane du XIXe siècle est lié à son développement rapide d’une ville industrialisée à une plaque tournante culturelle, et à sa métamorphose d’une ville provinciale à un centre des plus dynamiques de l’art moderne d’Europe. C’est en 1888, avec l’Exposition universelle de Barcelone, que la ville connaît la croissance d’une puissance économique et culturelle. Avec l’émergence du modernisme, de 1880 à 1910, un nouveau mouvement culturel catalan voit le jour, fortement influencé par l’art français. Les fondateurs de la peinture moderne catalane, Ramon Casas, Santiago Rusiñol, ainsi que leurs disciples, Joaquim Mir, Isidre Nonell et Pablo Picasso recréent l’ambiance de la bohème parisienne au café Els Quatre Gats (Les quatre chats). À 18 ans, Picasso fréquentait régulièrement ce café légendaire devenu le cénacle du modernisme. Pour mieux comprendre cette évolution, l’exposition met en exergue la naissance d’une nouvelle bourgeoisie à l’aube du XXe siècle. Région la plus riche d’Espagne, la Catalogne connaît une grande opulence qui a permis à de nombreux artistes d’y trouver refuge. Laissant libre cours à leur créativité, les artistes dépeignent les différences sociales. C’est dans ce cadre que se situent les œuvres de la période bleue de Picasso, La vie ou La repasseuse, qui sont exposées là. Au début du siècle dernier, l’architecture et le design moderne d’objets décoratifs, meubles et bijoux, connaissent un remarquable essor. Cette exposition leur rend un hommage particulier dans une galerie consacrée aux œuvres d’Antonio Gaudi, Lluis Domènech de Montaner, Josep Puig i Catafach, Joseph Pujol. Ils interprètent à leur manière «l’art nouveau» européen tout en gardant l’originalité du style catalan. Entre 1910 et 1920, le noucentisme, sorte de nouveau classicisme, émerge dans l’art et le design catalans en réaction à l’excès du modernisme. Cette tendance ne durera pas longtemps. Une autre salle est consacrée à l’émergence d’un nouveau mouvement d’architecture et de design à l’intention des masses. L’architecte allemand Ludwig Mies van der Rohe a conçu à Barcelone, pour l’Exposition internationale de 1929, un des bâtiments les plus célèbres de l’histoire de l’architecture moderne. Miró, Dali, Picasso, Picabia La visite de l’exposition atteint son paroxysme avec l’hommage rendu à la galerie Dalmau de Barcelone, qui a joué un rôle culminant dans l’avant-garde de Catalogne. Barcelone devient en 1916 le centre de ralliement d’artistes internationaux influencés par le cubisme et le surréalisme. Picasso, Miró, Dali, Francis Picabia et Julio Gonzalez tentent de trouver de nouvelles formes artistiques. La guerre civile (1936-1939), avec l’avènement du régime fasciste de Franco, donne l’élan à des œuvres d’une puissance intolérable. Peintures, sculptures, films, affiches et photographies racontent l’horreur du conflit. Les peintures de Dali et Miró, et les sculptures de Gonzalez ainsi que les nombreuses études de Picasso qui serviront de modèles à sa célèbre œuvre Guernica sont rassemblées dans la dernière galerie. Commande du gouvernement républicain espagnol, Guernica est présentée en 1937, en pleine guerre civile, à l’Exposition internationale de Paris, au pavillon de la République espagnole. C’est aussi dans cette dernière salle que le visiteur sera saisi par la puissante peinture de Dali, Douce construction avec des haricots bouillis (1936), prémonition de la guerre civile, et par la peinture de Miró intitulée Nature morte avec la ville chaussure (1937), ainsi que ses imprimés, Séries rouge et noir (1938). Organisée par le musée de Cleveland et le Met, en association avec le Musée national d’art de Catalunya, à Barcelone, cette exposition est la première du genre en Amérique du Nord, qui examine la période de 1868 à 1939. Cette manifestation qui se tient jusqu’au 3 juin vaut le détour.

NEW YORK, de Sylviane ZEHIL

Barcelone évoque, bien sûr, l’architecture fantastique d’Antonio Gaudi. Mais elle est avant tout la ville radieuse où Pablo Picasso, Joan Miró et Salvador Dali ont découvert la modernité et contribué à sa vitalité créatrice et culturelle. Cette importante ville de Catalogne est célébrée au Metropolitan Museum of Art de New York (Met) à...