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Actualités - CHRONOLOGIE

THÉÂTRE - La troupe al-Bayan au Tournesol, tous les lundis soir à 20h30 Issam Bou Khaled perce le monde du silence

Plus de quarante minutes de rires avec la troupe al-Bayan qui présente, pour la première fois, un spectacle pionnier intitulé «Un monde sans voix» (3alam Bila Saout) sur les planches du théâtre Tournesol et cela tous les lundis. «Mabrouk, vous avez un enfant.» Le cercle de famille applaudit. Mais le bébé n’entend rien, ni les marques de joie exprimées par ses parents ni même ce que dit le médecin. Il est sourd à tout ce qui l’entoure. Rejeté par la société ainsi que par la cellule familiale, il va demeurer seul dans sa bulle de silence. C’est ainsi que la troupe al-Bayan, sous la direction de Issam Bou Khaled, démarre son spectacle, composé de petites saynètes réalistes et drôles, inspirées pour la plupart du vécu des malentendants. L’acteur et metteur en scène, qui donne des cours de théâtre depuis six ans au sein de l’association des sourds-muets (portant également le nom de al-Bayan), se dit «ravi d’en être arrivé là». À cette occasion, il invite le spectateur à porter un regard, non de compassion ou de pitié, mais de critique sur cette jeune troupe qui a réalisé un fabuleux travail de professionnels. C’est au bout de plusieurs années de travail, mêlées de passion commune partagée avec ses élèves, que ce défi a été relevé par les jeunes gens et jeunes filles de l’association al-Bayan, et qu’un spectacle a pu voir le jour. «Cette pièce a été d’abord interprétée par mes élèves au sein de l’association dans le cadre des multiples activités théâtrales qu’on réalise. C’est par la suite que nous avons décidé de créer la troupe en lui donnant ce nom (encore provisoire) et de rendre publiques les manifestations à partir de 2007», confie Issam Bou Khaled. «Le théâtre est un espace de liberté absolue où chacun peut s’exprimer à sa façon, poursuit-il. C’est donc la discipline idéale pour parvenir à maîtriser le handicap de la surdité et à le canaliser vers un autre moyen d’expression, s’appuyant sur les autres sens comme celui du rythme. Il fallait donc trouver un terrain d’entente, comme un lieu virtuel où tous les comédiens pourraient se retrouver.» «Le principal obstacle était la synchronisation du travail entre les élèves», dit encore Bou Khaled. Encore un problème que l’équipe pleine de fougue est parvenue à résoudre. C’est donc à une fête du vrai rire que cette troupe invite le public. Une quinzaine de comédiens entre jeunes enfants et adolescents des deux sexes qui vont très vite appeler ce public, venu nombreux les applaudir, à les rejoindre dans leur univers. Un monde fait, non seulement de mimes façon Marceau ou de gestuelle à la Charlot ou à la Buster Keaton (les comédiens ont dépassé ce stade depuis trois ans), mais également et surtout d’un langage nouveau, admirablement orchestré et présenté, et qui prouve encore une fois que «si la parole est d’argent, le silence est d’or ». Colette KHALAF
Plus de quarante minutes de rires avec la troupe al-Bayan qui présente, pour la première fois, un spectacle pionnier intitulé «Un monde sans voix» (3alam Bila Saout) sur les planches du théâtre Tournesol et cela tous les lundis.

«Mabrouk, vous avez un enfant.» Le cercle de famille applaudit. Mais le bébé n’entend rien, ni les marques de joie exprimées par ses parents...