Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Marc Parent: «La littérature indienne fait reculer les limites du roman»

Le succès de la littérature indienne, invitée du Salon du livre de Paris, auprès du public occidental, traduit «un désir de grande narration et de romans dont l’intrigue emporte les lecteurs», estime Marc Parent, spécialiste de l’Inde aux éditions Buchet-Chastel, interviewé par l’AFP. Q. D’où vient l’intérêt du public français pour la littérature indienne? R. «Ça correspond à un désir de grande narration. Les lecteurs ont envie d’être emportés par des histoires et ça fait partie de la tradition des grands romans indiens. Il y a un art de la narration dans la littérature indienne unique en son genre. Elle vient combler une carence. Quand elle vise la grandeur et a le projet de contenir l’Inde tout entière, la littérature indienne fait reculer les limites du roman.» Q. L’anglais est-il le véhicule obligé du roman indien? R. «Salman Rushdie dit que l’anglais est la seule langue qui permet de traduire l’Inde. Cette langue du colonisateur, qui devait asservir le pays, finalement ce sont les écrivains qui l’ont asservie et l’ont mise au service de la littérature. L’anglais est a priori un peu corseté pour exprimer cette espèce de vacarme indien, mais il a su épouser les particularismes et les excès de l’Inde. La littérature indienne anglophone moderne est véritablement l’expression de la complexité, de la mosaïque de l’Inde d’aujourd’hui. Tarun Tejpal, l’auteur de Loin de Chandigarh (présent au Salon du livre), parle moins bien le hindi que l’anglais. Mais son anglais est très mâtiné d’hindi. C’est cette fusion des deux langues qui peut traduire la fusion avec l’Inde.» Q. Comment s’y retrouver parmi les écrivains indiens? R. «Il y a deux axes dans la littérature indienne moderne: Salman Rushdie et V.S. Naipaul (prix Nobel de littérature 2001). La différence porte sur la manière de parler de l’Inde. Chez les écrivains de la diaspora – comme Kiran Desai ou Junpa Lahiri –, c’est quand même le thème de l’immigré qui va prendre le dessus. Ils parlent de l’intégration, de l’opposition entre l’Inde et l’Occident, des problèmes générationnels... Avec parfois la tentation de faire un peu d’exotisme et de présenter l’Inde de façon un peu touristique. Alors que chez les écrivains qui sont en Inde – comme Tejpal ou Amitav Ghosh –, le thème central c’est l’Inde elle-même.»

Le succès de la littérature indienne, invitée du Salon du livre de Paris, auprès du public occidental, traduit «un désir de grande narration et de romans dont l’intrigue emporte les lecteurs», estime Marc Parent, spécialiste de l’Inde aux éditions Buchet-Chastel, interviewé par l’AFP.

Q. D’où vient l’intérêt du public français pour la littérature indienne?
R. «Ça...