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Les musées français dans la mondialisation

Un projet sans précédent désormais signé avec l’émirat d’Abou Dhabi, une agence des Musées de France bientôt sur pied: les musées français ont pris le tournant d’une mondialisation considérée par les uns comme une chance, d’autres craignant une dérive éthique. « Nous sommes le premier pays au monde » à mettre sur pied un projet créant ainsi ex nihilo un musée universel, de son architecture à sa programmation ou à la formation des personnels, se félicitait le ministre de la Culture et de la Communication Renaud Donnedieu de Vabres devant la presse à Paris. « Cet accord est une chance », a répété le ministre, comme l’avait affirmé dans les mêmes termes début février le président-directeur du musée du Louvre, Henri Loyrette, en réunissant ses collègues conservateurs inquiets. La France a signé un accord d’une durée de 30 ans qui prévoit la mise en œuvre par la France d’un « Louvre Abou Dhabi », assorti de prêts d’œuvres d’art par les musées de France, en contrepartie d’une somme d’un milliard d’euros. Pour ce faire, une Agence des Musées de France sera installée dans quelques semaines, regroupant les grands musées français (Louvre, Centre Georges-Pompidou, Orsay, quai Branly, Versailles, etc.). Abou Dhabi en financera les prestations pour 165 millions d’euros. D’abord spécialement dédiée au projet Abou Dhabi, elle pourra traiter d’autres opérations du même type, « à la demande», a indiqué le ministre, sans « interférer avec les relations extérieures existantes » des musées. « Nous ne sommes pas dans une démarche étatique » consistant à ce que l’État dirige toute l’activité extérieure des musées, a renchéri Francine Mariani-Ducray, directrice des Musées de France. Mais de fait, quand un musée développe ses activités à l’étranger, « c’est une forme de présence diplomatique », dit-elle. Car les musées français, depuis des années, multiplient coopérations ou partenariats avec l’étranger. Le musée Rodin travaille au Brésil, le Centre Georges-Pompidou a prospecté du côté de Hong Kong et de Singapour et cherche aujourd’hui à s’implanter à Shanghai. Quant au Louvre, il s’est installé à Atlanta (États-Unis) sans parler de coopérations (formation des personnels, aide à la muséologie, restauration d’œuvres, etc.) avec le Yémen, la Jordanie, la Syrie, la Turquie, le Koweït ou le Soudan. Le principe de cette mondialisation, quand elle évoque les échanges scientifiques, les prêts d’œuvres gratuits, les aides à la restauration ou à l’accueil des publics, n’est contesté par personne. Pourtant, le projet Louvre à Abou Dhabi a créé une véritable levée de boucliers de très nombreuses personnalités du monde de l’art. L’ancienne directrice des Musées de France, Françoise Cachin, porte-drapeau des opposants, s’est déclarée « consternée et très triste de ce changement total dans les principes des musées ». C’est une « dérive éthique », a-t-elle indiqué, évoquant «une logique purement commerciale et politique». Et un éditorial sur le site www.latribunedelart.com, qui héberge une pétition dénonçant le projet, écrivait qu’il «faut acter, hélas, la création du Louvre-Abu Dhabi. Nous avons donc perdu une bataille, mais le combat continue », ajoutait le texte, affirmant que « demain, des opérations du type Louvre-Abu Dhabi seront menées dans le monde entier, par l’Agence internationale des musées de France. Nous nous y opposerons avec la même force ». Fabienne FAUR (AFP)
Un projet sans précédent désormais signé avec l’émirat d’Abou Dhabi, une agence des Musées de France bientôt sur pied: les musées français ont pris le tournant d’une mondialisation considérée par les uns comme une chance, d’autres craignant une dérive éthique.
« Nous sommes le premier pays au monde » à mettre sur pied un projet créant ainsi ex nihilo un musée...