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SEPTIÈME ART Le numérique, solution pour un cinéma africain à moindre coût

Les réalisateurs africains n’ont pas le même avis sur les qualités des films tournés avec des technologies numériques, mais tous sont d’accord sur une chose: le numérique, qui minimise les coûts de production, est une solution d’avenir pour le cinéma africain. «Le numérique permettra à coup sûr de “booster” la production cinématographique en Afrique et créer un marché local», déclare à l’AFP le Burkinabè Idrissa Ouédraogo, lauréat en 1991 du grand prix du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) avec Tilaï. L’utilisation des technologies numériques – particulièrement de la vidéo – dans le cinéma permet non seulement un gain d’argent, mais également de temps, relèvent plusieurs réalisateurs, citant une meilleure maîtrise de la durée du tournage ou une légèreté des équipements rendant le matériel plus accessible, plus mobile et facilement manipulable. C’est le cas de Boubacar Diallo, journaliste burkinabè passé au cinéma. En une année, le numérique lui a permis de sortir deux longs-métrages: Traque à Ouaga et Sofia (2005). «Sans le numérique, je ne serais jamais parvenu à ce résultat», confie-t-il. À l’opposé, certains de ses compatriotes réalisateurs, restés fidèles à la bobine traditionnelle, ont mis en moyenne cinq ans pour faire un film. Selon des spécialistes, il est possible de faire un long-métrage en numérique avec 20 ou 40 millions de francs CFA (de 30 500 à 61000 euros), alors qu’il faudrait dix à vingt fois plus pour le même film en format 35 mm. «Le film à plus gros budget que j’ai réalisé m’a coûté 32 millions de FCFA (près de 49000 euros). Tout cet argent, je l’ai obtenu sur place, ici, à Ouagadougou», confirme Aboubacar «Sidnaaba» Zida, un animateur de radio burkinabè devenu réalisateur. «Le Burkina Faso peut faire ses films sans demander un kopeck à qui que ce soit grâce au numérique», assure Zida, qui a sorti en deux ans deux longs-métrages, dont La cité pourrie et un sitcom. Dans la distribution aussi, le numérique a des avantages qui le font paraître, aux yeux de beaucoup, comme la clé pour une meilleure visibilité des films africains jusque-là surtout projetés dans des festivals et en dehors du continent. Le Cinéma numérique ambulant (CNA), association créée en 2001, présente au Bénin, au Mali et au Niger, s’est déjà installé dans le créneau au profit du milieu rural. Depuis 2003, il a organisé plus de 2500 séances de projections de films sur support vidéo dans des centaines de villages, assurent ses responsables. «Ce sont des villages enclavés où un camion ne peut avoir accès, mais le transport du matériel numérique ne demande pas ces gros moyens », soutient Nadia Kora, de CNA-Bénin. Certains réalisateurs reconnaissent les avantages de cette technologie, mais relèvent qu’elle n’a pas que des bons côtés. Principaux inconvénients, selon Missa Hébié: la vidéo «dénature la qualité des œuvres» et a une durée de vie et de stockage limitée en Afrique où poussière et chaleur sont choses courantes. Ses avantages en font un espoir pour le cinéma africain et ses inconvénients ne lui permettent pas de concurrencer «le 35 mm qui reste d’autorité quand il s’agit de faire du grand cinéma», précise Idrissa Ouédraogo. «Quand un cinéphile se rend dans une salle de cinéma, il veut qu’on lui conte une histoire, un fait. Il se préoccupe peu du matériel qui a été utilisé», analyse-t-il. Romaric Ollo HIEN (AFP)
Les réalisateurs africains n’ont pas le même avis sur les qualités des films tournés avec des technologies numériques, mais tous sont d’accord sur une chose: le numérique, qui minimise les coûts de production, est une solution d’avenir pour le cinéma
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