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Actualités - OPINION

La Russie, nouvel État voyou ?

En décidant cette semaine d’adopter une « nouvelle doctrine militaire » pour contrer le « renforcement » des forces militaires des pays de l’OTAN, le Conseil russe de sécurité confirme la politique de Vladimir Poutine de s’opposer de plus en plus au camp occidental. Cette décision intervient alors que le chef du Kremlin s’est livré le mois dernier à un réquisitoire sans précédent contre la politique américaine qualifiée « d’unilatéraliste », prônant ainsi un « monde multipolaire » où la Russie jouerait un rôle de premier plan sur la scène internationale. Conscient toutefois de l’impossibilité matérielle de s’ériger en une puissance militaire face aux États-Unis, et n’ayant pas actuellement les moyens économiques de mener une guerre, Moscou joue les trouble-fêtes en mettant des bâtons dans les roues de Washington à chaque fois que l’opportunité se présente. On avait cru à un certain moment au rapprochement entre les pays occidentaux et l’ex-URSS, surtout avec la politique d’ouverture initiée par Boris Eltsine et la convergence d’intérêts autour de la guerre contre le terrorisme, mais l’arrivée au pouvoir de M. Poutine, un ancien membre du KGB, semble avoir stoppé ce processus. Le nouveau maître du Kremlin confirme ainsi clairement le retour de la politique de « containment » jadis d’usage entre le bloc occidental et le monde communiste, en multipliant son assistance aux pays mis en disgrâce par Washington. De Damas à Pyongyang, en passant par Téhéran et le Hamas, la Russie essaie de revenir sur le devant de la scène en protégeant des régimes ou des mouvements opposés aux États-Unis. Menace de veto à l’ONU, ventes d’armes, appui politique… les méthodes sont multiples pour contrarier les desseins de la Maison-Blanche. Par ailleurs, la polémique russe sur le projet américain de déploiement d’un bouclier antimissile en Europe centrale combinée au chantage économique et énergétique utilisé par Moscou pour asservir les anciens satellites de l’URSS en Europe orientale et dans le Caucase pèsent de plus en plus sur les relations entre la Russie et l’Occident. Même l’Union européenne est irritée par la position du Kremlin envers les pays ayant réalisé leur transition démocratique et quitté le giron de Moscou. Une stratégie qui renforce l’impression que la Russie craint comme la peste l’émergence de régimes démocratiques à sa frontière. Cette attitude se matérialise également sur le plan interne, où l’opposition russe a été complètement balayée. Assassinats de journalistes ou d’anciens espions, emprisonnement d’oligarques intéressés par la politique… tous les moyens sont bons pour écarter les adversaires du Kremlin. L’instrumentalisation de la justice et des institutions étatiques au profit du pouvoir en place laisse ainsi augurer la mise en place d’un régime autoritaire et dictatorial à Moscou. On peut donc se demander si la politique étrangère et intérieure du président Poutine ne transforme peu à peu la Russie en un nouvel État voyou. Antoine AJOURY
En décidant cette semaine d’adopter une « nouvelle doctrine militaire » pour contrer le « renforcement » des forces militaires des pays de l’OTAN, le Conseil russe de sécurité confirme la politique de Vladimir Poutine de s’opposer de plus en plus au camp occidental.
Cette décision intervient alors que le chef du Kremlin s’est livré le mois dernier à un réquisitoire...