CÉRÉMONIE Les Victoires «classiques» au rythme de la musique américaine

Dans une salle Pleyel refaite à neuf, les 14es Victoires de la musique classique se sont mises aux couleurs et au rythme de la musique américaine pour tenter de toucher un large public. Comme en 2006, la seule émission de musique classique diffusée en direct et en première partie de soirée sur une grande chaîne de télévision (France 3) a été animée par un tandem formé par Frédéric Lodéon et Marie Drucker. «Le plus grand concert de musique classique de l’année», selon l’expression fétiche de la présentatrice, a de nouveau honoré sa vocation de tremplin pour jeunes talents. L’altiste Antoine Tamestit et le baryton Jean-Luc Ballestra ont été élus «révélations» par le public, respectivement dans les catégories «soliste instrumental» et «artiste lyrique». Les organisateurs ont invité à venir sur scène des stars du monde musical et lyrique, comme la soprano colorature Natalie Dessay, qui a enchanté le public par sa Cunégonde délurée (Candide de Bernstein). La chanteuse, connue pour son franc-parler, a aussi joué la porte-parole des intermittents du spectacle pour dire leur refus du «recul de l’exception et de la diversité musicale française», devant un ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, manifestant une moue de désapprobation. Des «Victoires d’honneur» ont été attribuées à la soprano américaine June Anderson et au pianiste Jean-Yves Thibaudet, très actif aux États-Unis. Une troisième distinction honorifique a été décernée à l’Orchestre national de France, l’accompagnateur de la soirée, dont le cor solo David Guerrier a été sacré «soliste instrumental de l’année» – comme en 2004 – pour ses talents à la trompette, son autre instrument. Le contre-ténor à la voix d’ange Philippe Jaroussky a, lui, été fait «artiste lyrique». Côté maisons de disques, Deutsche Grammophon s’est distinguée en obtenant les Victoires des meilleurs DVD (La Traviata de Verdi enregistrée à Salzbourg) et enregistrement (Nocturnes de Chopin par Maurizio Pollini). La chanson Deutsche Grammophon de Vincent Delerm, que celui-ci a interprétée avec Irène Jacob, a offert un clin d’œil amusant au label jaune. Fil rouge de cette émission, la musique américaine a été au cœur d’une «leçon» du maître de la vulgarisation musicale Jean-François Zygel. Pour éviter que les téléspectateurs ne zappent, les lauréats se devaient d’ailleurs d’être au diapason des morceaux rythmés et enlevés de Bernstein ou Gershwin, et ne disposaient que d’une minute pour leurs remerciements, la fin du temps réglementaire étant marquée par un «gong». La musique contemporaine n’a pas été oubliée, avec la Victoire du meilleur ensemble accordée aux Marseillais de Musicatreize et le couronnement du compositeur Pascal Dusapin – déjà honoré en 2002 – au titre de la «création» pour son opéra Faustus, the Last Night. La 15e édition des Victoires de la musique classique aura lieu en février 2008 à Toulouse. Le palmarès Soliste instrumental de l’année: David Guerrier, trompette Artiste lyrique de l’année: Philippe Jaroussky, contre-ténor Révélation soliste instrumental de l’année: Antoine Tamestit, alto Révélation artiste lyrique de l’année: Jean-Luc Ballestra, baryton Ensemble de l’année: Musicatreize, direction Roland Hayrabedian Création de l’année: Faustus, the Last Night de Pascal Dusapin Enregistrement de l’année: Nocturnes de Chopin par Maurizio Pollini (piano), Deutsche Grammophon DVD de l’année: La Traviata de Verdi avec Anna Netrebko (soprano) et Rolando Villazon (ténor), par Carlo Rizzi (direction musicale) et Brian Large (réalisation), Deutsche Grammophon Victoires d’honneur: Jean-Yves Thibaudet (piano), Orchestre national de France et June Anderson, soprano américaine.