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Actualités - REPORTAGE

Société - Des services très variés, proposés à des clients inquiets de la situation La sécurité, un business en pleine expansion

Explosions, menaces, attentats, guerre... Le pays est le théâtre d’une psychose quasi ininterrompue depuis plus de deux ans, ou même plus. Les soucis de sécurité se sont incrustés dans notre vie de tous les jours, et il est devenu normal d’être fouillés avant d’entrer dans un parking ou un grand magasin. Des hommes en uniforme gardent désormais l’entrée de toutes les sociétés, ambassades, médias et autres, et même, plus récemment, celle de certaines écoles ou universités, ou encore certains immeubles résidentiels. Comment fonctionnent les sociétés spécialisées en sécurité, quand fait-on appel à elles et quelle est la marge de manœuvre de leurs employés ? Avec tous les événements qui ont secoué le pays récemment, les sociétés spécialisées dans la sécurité ont « proliféré », si l’on peut utiliser ce terme dans ce contexte. Elles sont désormais une trentaine, selon un chiffre approximatif obtenu auprès de certaines d’entre d’elles. Elles offrent un éventail important de services, en temps de paix comme en temps de troubles : gardes du corps, détection d’éventuels engins explosifs, protection contre les vols, transports de fonds, sécurité de grands événements, comme des concerts ou des festivals… Selon des témoignages recueillis, les demandes ont explosé en 2005, après les multiples attentats et explosions dans les régions. Elles continuent d’affluer auprès des sociétés, même si le rythme a quelque peu ralenti depuis. Mais ce qui est sûr, c’est que chaque attentat ravive les peurs et pousse les gens à rechercher un système de sécurité quelconque, ou à renforcer celui qu’ils ont déjà instauré. Les clients sont autant des personnalités politiques ou diplomatiques que des civils ou des entreprises. L’idéal serait que les clients exposent leurs problèmes et leurs besoins à la société, lui laissant la latitude d’étudier le cas et de leur proposer la solution adaptée. Ce n’est cependant pas toujours le cas, certains clients (selon des témoignages de professionnels ayant requis l’anonymat) se contentant de demander les services d’un garde, par exemple, ce qui ne donne, en fin de compte, que l’illusion de la sécurité, laissant des brèches qu’un agresseur peut exploiter aisément. Autre lacune qui entrave quelque peu le travail de ces sociétés : l’absence d’une loi qui définit exactement les contours du métier ainsi que les critères d’ouverture des sociétés, celles-ci étant loin d’avoir une tâche banale puisque les clients leur confient ce qu’ils ont de plus précieux, leur sécurité personnelle. Or, pour l’instant, ce genre d’entreprises ne sont soumises qu’à une décision du ministère de l’Intérieur qui se fonde, à son tour, sur une loi. Cela reste insuffisant et donne lieu, vu le flou qui entoure les prérogatives de ces agents de sécurité affiliés à des sociétés privées, à des situations pouvant être cocasses : ainsi, il est arrivé que des gardes ayant mis la main sur des voleurs soient… arrêtés en même temps qu’eux par les forces de l’ordre et interrogés ! Dans tous les cas, sans lois et sans syndicats, l’institutionnalisation de ce business bien particulier reste impossible à réaliser, et certains professionnels se sentent peu protégés dans ce contexte. Des plans de protection adaptés Comment fonctionnent ces sociétés ? Nous avons visité les locaux de deux d’entre elles. À ProSec, le général Pierre Hajji Georgiou, directeur général, est fier de sa technologie de pointe. Il emploie des centaines de personnes, dont 30 % environ sont d’ex-militaires, dotés à la base d’une notion de sécurité. Il explique avoir instauré un système GPS lui permettant à tout moment de savoir où se trouvent les véhicules de la compagnie. Dans la « chambre d’opérations », un service est assuré 24h/24 pour rester en contact avec les différentes équipes, qui sont également surveillées par des superviseurs et des patrouilles, sillonnant régulièrement les routes. Patrick Security est l’une des sociétés les plus anciennes, établie depuis 1996. Son directeur général adjoint, Wissam Chartouni, explique que les demandes fluctuent continuellement, en temps de paix comme en temps de guerre, mais aujourd’hui, elles se concentrent plus sur la détection de bombes, l’identification d’éventuels suspects… Il déclare que son entreprise prépare des plans de protection adaptés aux cas qui se présentent, et elle n’accepte pas de se charger d’un dossier si le client rechigne à ce qu’on lui assure une protection minimum. Dans le cas de toutes les sociétés, la relation avec le client est régie par un contrat, et le paiement se fait sur base d’un « package » (le prix variant énormément selon les formules). Jusqu’où va la responsabilité d’un garde en cas d’agression ? Il faut savoir que les gardes peuvent être armés ou non, la décision revient au client. Mais les sociétés ont des permis de port d’armes et des armes à confier à leurs hommes au besoin. La responsabilité, telle que définie par le général Hajji Georgiou, s’inscrit dans le cadre de la « légitime défense », c’est-à-dire une réponse proportionnelle à l’agression subie et dans la mesure des moyens de l’équipe de sécurité. La zone protégée par le garde est géographiquement définie en collaboration avec le client, sauf pour le cas des gardes du corps évidemment. Pour sa part, M. Chartouni souligne que les gardiens armés, ainsi que les gardes du corps – qui le sont nécessairement –, sont soumis à un entraînement spécial. Qu’en est-il du niveau de sécurité et que se passe-t-il en cas d’attaque trop importante ? « Nous recevons l’avertissement dans notre chambre d’opération et nous alertons les forces de l’ordre au besoin », souligne-t-il. Qui sont ces agents de sécurité ? Le général Hajji Georgiou évoque la difficulté de trouver du personnel réellement qualifié pour ce genre de travail. Mais il affirme que la société possède une école d’entraînement pour son propre personnel, où des instructeurs forment sans exception tous les hommes qui doivent se charger de la sécurité des clients. Il en est de même pour Patrick Security qui forme également son personnel. M. Chartouni précise que l’embauche dans sa société passe par plusieurs étapes qui sont autant de tests (interview, premier entraînement…), et qu’elle privilégie les personnes diplômées. De toute évidence, une copie du casier judiciaire est exigée. Les sociétés de sécurité ne fournissent pas que le personnel. Dans le cas des deux entreprises précitées, elles louent et même vendent le matériel nécessaire à la protection : détecteurs de bombes, portails magnétiques de détection… Suzanne BAAKLINI
Explosions, menaces, attentats, guerre... Le pays est le théâtre d’une psychose quasi ininterrompue depuis plus de deux ans, ou même plus. Les soucis de sécurité se sont incrustés dans notre vie de tous les jours, et il est devenu normal d’être fouillés avant d’entrer dans un parking ou un grand magasin. Des hommes en uniforme gardent désormais l’entrée de toutes les sociétés,...