Rechercher
Rechercher

Actualités

Soudan - Khartoum conteste la légitimité de la Cour pénale internationale Crimes au Darfour : la CPI accuse un ministre et un chef janjawid

Un secrétaire d’État soudanais et un chef de la milice janjawid ont été les premiers accusés de crimes au Darfour nommés devant la Cour pénale internationale (CPI) hier, quatre ans presque jour pour jour après le début du conflit qui a fait plus de 200 000 morts selon l’ONU. Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a annoncé avoir présenté aux juges des « preuves (montrant) que Ahmad Haroun, ancien secrétaire d’État à l’Intérieur du Soudan, et Ali Kosheib (nom de guerre de Ali Mohammad Ali, un des chefs de la milice progouvernementale des janjawids) ont commis de concert des crimes contre la population civile au Darfour ». Le procureur les accuse de « 51 chefs de crimes contre l’humanité et crimes de guerre présumés (...), dont persécution, meurtre, torture et viol », commis entre août 2003 et mars 2004 contre des villageois de l’ouest de la région soudanaise du Darfour. Ahmad Haroun, aujourd’hui secrétaire d’État aux Affaires humanitaires, était en charge du dossier Darfour à l’Intérieur. Quant à Ali Kosheib, il est considéré par les organisations de défense des droits de l’homme, notamment Human Rights Watch (HWR), comme un des principaux responsables des attaques lancées par les milices en 2003-2004. Il a été arrêté au Soudan en novembre. M. Moreno-Ocampo a refusé de dire si son enquête viserait de plus hauts responsables, mais assuré qu’elle continuait. Les juges de ce premier tribunal permanent chargé de juger le génocide, crime de guerre et crime contre l’humanité, basé à La Haye, doivent maintenant examiner ces « preuves ». Ils décideront ensuite, s’ils les estiment suffisantes, de réclamer les accusés au Soudan, qui n’est pas un État partie de la CPI, ou de lancer des mandats d’arrêt internationaux contre eux. Le Soudan a immédiatement rejeté une nouvelle fois la légitimité de la CPI. « La justice soudanaise est capable et jugera ceux qui ont commis des crimes au Darfour », a déclaré le ministre de la Justice, Mohammad Ali al-Mardi. Dans sa requête, M. Moreno-Ocampo accuse Ahmad Haroun d’avoir armé et financé les miliciens, « sachant qu’ils combattaient aux côtés des forces gouvernementales » et qu’ils attaquaient « les populations civiles et commettaient des crimes ». Il aurait déclaré avoir « le pouvoir et l’autorité de tuer et de pardonner », écrit le procureur. Ali Kosheib commandait « des dizaines de milliers de miliciens » qui ont commis « des meurtres de masse, des exécutions et des viols de civils », selon le parquet. « Le procureur de la CPI envoie un signal à Khartoum et aux chefs de la milice des janjawids : in fine, ils ne pourront se laver les mains des atrocités épouvantables », a commenté Richard Dicker, directeur du programme Justice internationale de HRW. Luis Moreno-Ocampo enquête depuis juin 2006 sur des accusations de persécutions, tortures, viols et meurtres. Il avait été critiqué par des ONG et par la haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme Louise Arbour, notamment parce que ses enquêteurs ne se sont pas rendus au Darfour, invoquant des problèmes de sécurité. La CPI peut agir si une juridiction nationale ne peut ou ne veut pas le faire. C’est le Conseil de sécurité de l’ONU qui lui a demandé d’enquêter sur le Darfour.
Un secrétaire d’État soudanais et un chef de la milice janjawid ont été les premiers accusés de crimes au Darfour nommés devant la Cour pénale internationale (CPI) hier, quatre ans presque jour pour jour après le début du conflit qui a fait plus de 200 000 morts selon l’ONU. Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a annoncé avoir présenté aux juges des « preuves...