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Actualités - CHRONOLOGIE

MOMENTS INSOLITES - Une Libanaise qui n’a « besoin de personne » en Harley Davidson La belle et la bête

Madame Schick est chic, même en tenue de motard version femme. Jambières et veste en cuir, bottes, gants, foulard, casque assortis. Du haut de son mètre 60, les yeux légèrement maquillés, les lèvres rosées, les doigts manucurés, elle traverse les villes et les préjugés. Et bouscule d’un seul regard les idées reçues au volant de sa moto sacrée. Madame Schick est une femme décidée, la féminité en plus. Elle aime la liberté, la nature, les émotions et sa Harley Davidson Sportster 1200. Étonnante Leyla Schick, qui reçoit ses clients dans ce bureau du centre-ville où elle baigne dans le cosmétique depuis quelques années, de la conception d’un produit, à l’emballage, à la commercialisation. Petit bout de femme épanouie, elle partage la gestion de sa société avec son époux et réside depuis 9 ans entre la Suisse et le Liban, qu’elle n’arrive pas du tout à quitter. «Je suis une Libanaise qui adore le Liban, et c’est un grand problème!» Étonnante femme, mère de deux filles de 21 et 20 ans, et d’un fils de 16, nés d’un premier mariage. Pas encore contaminés, juste intrigués, à qui elle interdit, pour le moment, de regarder une moto! «Moi, précise-t-elle, j’ai vécu, si je me casse quelque chose ce n’est pas si grave…» Une juste mesure entre fermeté et amabilité, politesse et cran. Entre l’art qu’elle manie depuis toujours : décoration, peinture sur toile, bois, porcelaine, vitrail et fresques. Et sports insolites: jogging, tennis, kickboxing, kung-fu, tai-chi, tir à l’arc, tir au pistolet. Et bien sûr... moto. Chez elle, le risque est toujours calculé, le plaisir immense. «Conduire une moto est un sport très dangereux, qu’il faut totalement maîtriser. Je ne prends personne derrière moi et je ne monte derrière personne!» précise-t-elle. Mais cette passion, qui a commencé il y a seulement huit ans, elle adore également la partager avec ses interlocuteurs et d’autres motards, à travers récits de voyages, escapades et descriptions détaillées de ces engins. Des bêtes que la belle parvient à apprivoiser avec un grand sourire. Histoire d’une passion «J’ai toujours rêvé de conduire une moto, c’est peut-être aussi à cause de mon père, qui était motard dans l’armée française. J’aime cette liberté de traverser la nature sans être enfermée.» Tout a commencé par hasard. L’époux de Leyla possède une vieille BMW qui traîne au garage. Des amis proposent au couple de faire la Suisse-St-Tropez à moto. «Dès qu’il y a un défi, je me lance», poursuit-elle. La jeune femme achète son premier engin au Liban, une Harley Davidson Sportster 883. 280 kg, mais à sa mesure. « Il faut surtout que les pieds touchent le sol… » À l’aller, le professeur lui apprend les rudiments. Au retour, c’est elle qui le ramène ! Elle s’entraîne pendant un mois. Le jour J, elle est prête. Le groupe peut démarrer. Elle en est la seule femme qui conduit. « J’ai pleuré d’émotion. C’est indescriptible. » Depuis, chaque année, elle renouvelle l’exploit, fait le même circuit européen et parcourt aussi le Liban. « Nous avons des paysages magnifiques... » Elle a converti son mari à la Harley et ne se sépare plus de sa Sportster 1200, édition spéciale centenaire. « Il y a une légende autour de cette moto. Et puis, elle a un son particulier, un look unique, qui a évolué avec le temps pour devenir plus sobre et classe. » Elle en a acheté une, identique, qu’elle conduit au Liban, même pour se rendre au bureau, quelques fois. « J’ai droit à de nombreuses remarques désobligeantes. Les Libanais ne sont pas encore prêts à voir une femme à moto. » Quand elle ne roule pas en Harley, elle conduit une Porsche, « pour les mêmes raisons ! », dit-elle en toute simplicité. Huit ans plus tard, elle avoue : « Je n’ai plus que les bonnes sensations, puisque je n’ai plus d’angoisses. » Pour en arriver à cette maîtrise, il faut « avoir de l’équilibre, même avec un petit mètre soixante, des yeux partout et pas de craintes ». Cet été, les Schick et leurs amis espèrent faire le voyage de Suisse au Liban. Avec, dans les bagages du couple, une superbe complicité. Et dans ceux de Leyla, outre cette inaltérable passion, un kit-maquillage, « quand on arrive on est tellement sales ! ». Attirail complet de la motarde version 2007, dans le kit de secours, produits de maquillage et même manucure. Ainsi, tout comme la Bardot qui le chantait si bien, elle n’aura vraiment « besoin de personne en Harley Davidson » !… Carla HENOUD
Madame Schick est chic, même en tenue de motard version femme. Jambières et veste en cuir, bottes, gants, foulard, casque assortis. Du haut de son mètre 60, les yeux légèrement maquillés, les lèvres rosées, les doigts manucurés, elle traverse les villes et les préjugés. Et bouscule d’un seul regard les idées reçues au volant de sa moto sacrée. Madame Schick est une femme...