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Actualités - CHRONOLOGIE

PORTRAIT D’ARTISTE - Son dernier travail s’intitule « Darwin Project » Tanbak, des œuvres à la mesure de sa démesure

Dans son atelier, tout s’entasse, s’accumule dans une sorte de folie ordinaire. Des couches de travail semblables à des strates de vie. C’est dans cet espace même que Tania Bakalian retrouve sa vraie identité qu’elle revendique haut et fort. De projet en exposition et de fil en aiguille, celle qu’on a pris l’habitude d’appeler Tanbak se rit de son désordre et renverse les acquis. Elle n’a jamais eu de projets qu’on pourrait qualifier de raisonnables. Suivant toujours son instinct, ses travaux s’accomplissent au rythme de ses passions ou de ses rêveries. « Toujours en forme verticale, car je suis grande de taille », souligne-t-elle, en rigolant. Des trous d’obus de Beyrouth formant un magma sur la toile, à Tire la langue ; de l’ordonnancement des chiffres, à l’étude des singes et des têtes de martyrs aux dessins animaliers, Tanbak décrypte la société, portraiture l’humain en dénonçant son désir permanent de domination. Tout support est bon pour cette artiste tactile qui s’amuse à mélanger la matière. Du bois, du fer mais également du sable ; des matériaux qui rendent les travaux comme moulus dans la réalité. « J’aime toucher mon travail et le sentir, dit-elle, et je suis capable de le garder inachevé quelque temps comme si c’était une période de macération avant l’exécution. » « D’ailleurs, poursuit-elle, une œuvre accomplie ressemble un peu à la mort alors que si elle est dans une phase de continuité, elle demeure vivante. » Une recherche tactile Tania Bakalian est rentrée tard en peinture. « À l’origine je voulais être écrivain, avoue-t-elle, mais j’ai trouvé dans la peinture une autre sorte d’écriture. » À sa façon, elle compose l’idée, la réajuste et la met en formes : en images et en couleurs. Les croquis grand format d’animaux faits au fusain et à l’encre rappellent l’univers de Jérôme Bosch. « Nous vivons à présent, comme ce peintre médiéval, une immense avancée technologique, mais parallèlement un retour aux idéologies de l’obscurantisme, tant au niveau de la religion qu’aux autres valeurs. En exécutant ces croquis, j’ai voulu montrer que finalement, l’homme n’a pas beaucoup évolué, ou s’il l’a fait, il est revenu au point de départ. » Tania Bakalian aime s’entourer de matières « pauvres » : des petits bouts de papier, des morceaux de bois ou encore de la ferraille. Ses œuvres, à l’image de notre siècle, illustrent une société de jette-tout et une consommation effrénée. « J’avoue que cette société m’effraie un peu, c’est pourquoi je la représente à ma façon », conclut-elle. Dans son atelier, où elle assemble ses singes, espèce d’animaux mal comprise, à son avis, elle déchire et colle des papiers, les accroche sur des bâtons en bois, les anime. C’est ainsi que naît le « Darwin Project ». Un projet qui, petit à petit, prend place et soulève des interrogations : où vont nos rapports avec le monde, avec la planète et avec les hommes ? Des questions auxquelles Tanbak aimerait apporter son petit éclairage. Colette KHALAF
Dans son atelier, tout s’entasse, s’accumule dans une sorte de folie ordinaire. Des couches de travail semblables à des strates de vie. C’est dans cet espace même que Tania Bakalian retrouve sa vraie identité qu’elle revendique haut et fort. De projet en exposition et de fil en aiguille, celle qu’on a pris l’habitude d’appeler Tanbak se rit de son désordre et renverse les...