CINÉMA - Un rendez-vous « glamour » où smokings, robes du soir et bijoux de prix sont de rigueur Cosmopolites, les Oscar 2007 prennent le train de la mondialisation

Avec une sélection cosmopolite et des films se déroulant sur toute la planète, la 79e cérémonie des Oscar, dimanche soir à Hollywood, va plus que jamais mériter son statut de grand rendez-vous annuel du cinéma mondial. De la folie d’un dictateur ougandais à la froideur de la reine d’Angleterre, du désarroi d’une nounou mexicaine au stoïcisme d’un militaire japonais, de la solitude d’une fillette espagnole à l’avidité d’un trafiquant sud-africain, les œuvres en lice, au-delà de la catégorie du meilleur film étranger, brassent des émotions qui se jouent des frontières. Témoin, Babel du Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu, dont l’action se déroule conjointement en Afrique, en Asie et en Amérique, et qui concourt dans sept catégories dont le prestigieux Oscar du meilleur film, remis à la fin de cette cérémonie de plus de trois heures. Dans une course très ouverte, Babel devra triompher du thriller de Martin Scorsese Les infiltrés, du film de guerre du vétéran Clint Eastwood Lettres d’Iwo Jima, de la comédie à petit budget Little Miss Sunshine et de The Queen, la monarchie britannique vue par Stephen Frears. Même éclectisme chez les acteurs : l’Américain Forest Whitaker part favori pour son portrait du dictateur ougandais Idi Amin Dada, face à l’Irlandais Peter O’Toole, au Canadien Ryan Gosling, et aux Américains Leonardo DiCaprio et Will Smith. Côté actrices, la Britannique Helen Mirren, en tête des pronostics pour son rôle d’Élisabeth II dans The Queen, dispute l’Oscar à ses compatriotes Judi Dench et Kate Winslet, à l’Espagnole Penélope Cruz et à la seule Américaine dans cette catégorie, Meryl Streep, nommée 14 fois en 28 ans. Pour les trophées des seconds rôles, Eddie Murphy et Jennifer Hudson (opposée notamment à une Australienne, une Mexicaine et une Japonaise) devront sauver la comédie musicale Dreamgirls, sélectionnée huit fois, mais ni pour l’Oscar du film, remis aux producteurs, ni pour celui du réalisateur. Dans cette dernière catégorie, Scorsese pourrait enfin être consacré par une cérémonie qui l’a snobé à cinq reprises depuis 1981. Mais il faudra compter avec le Britannique Paul Greengrass (Vol 93), Inarritu, Eastwood et Frears. Inarritu, 43 ans, est l’un des hérauts de la « nouvelle vague mexicaine » qui déferle cette année sur les Oscar, avec aussi Guillermo del Toro dont Le labyrinthe de Pan a obtenu six nominations et particulièrement celle du meilleur film en langue étrangère. Face à cette œuvre, on trouve le film canadien Water, le danois Après le mariage, l’allemand La vie des autres et Indigènes, coproduction française, belge, algérienne et marocaine qui représentera l’Algérie. La France aura aussi un œil sur Alexandre Desplat, nommé pour la musique de The Queen. Fête consensuelle, les Oscar restent un rendez-vous « glamour » où smokings, robes du soir et bijoux de prix sont de rigueur. Parmi les célébrités qui pourraient fouler le tapis rouge figure l’ancien vice-président Al Gore, pour le documentaire Une vérité qui dérange sur le réchauffement climatique. La soirée, présentée par la comédienne Ellen DeGeneres à partir de 17h00 (lundi 01h00 GMT), se tiendra dans le théâtre Kodak, salle de 3 400 places au cœur de Hollywood. Le quartier historique du cinéma américain dans le nord-ouest de Los Angeles sera placé en état de siège par les forces de l’ordre afin d’assurer la sécurité d’un événement vu par des centaines de millions de téléspectateurs. Les Oscar sont organisés depuis 1929 par l’Académie des arts et des sciences du cinéma, dont les 5 830 membres du collège électoral, tous des professionnels, votent pour décerner les fameuses statuettes dorées dans 24 catégories. Un Oscar d’honneur doit être remis au compositeur italien Ennio Morricone.